Bob Gainey n'a plus le choix: s'il veut sauver les meubles d'ici la fin de la saison, il doit s'en remettre à Jaroslav Halak.

Carey Price est jeune et sa confiance est de toute évidence au plus bas. S'il lui arrive de regarder les vidéos de ses remarquables performances lors du Championnat du monde junior, il y a deux ans, il ne doit pas se reconnaître. Le calme et l'assurance d'autrefois ont fait place à l'hésitation et au doute.

 

Les statistiques depuis le match des Étoiles disent tout ce qu'il y a à savoir sur Jesus Price: fiche de 4-9-3, moyenne de 3,60 buts par match et pourcentage d'efficacité de 88,1%. On en a crucifié pour moins que ça à Montréal. Surtout que le Sauveur souffre de la comparaison avec Halak (5-4-0, moyenne de 2,82 et pourcentage de 93,4%).

Ce n'est pas compliqué: le Canadien ne gagne pas quand Price est devant le but. Son jeu s'était amélioré dernièrement, mais les cadeaux comme celui qu'il a donné à Jarkko Ruutu, jeudi, sur un tir du revers «avec pas d'angle», ont pour effet de couper les jambes de l'équipe.

Les difficultés de Price ne sont pas la seule cause des insuccès du Canadien. Saku Koivu n'est plus l'ombre de lui-même et se fait régulièrement sortir du jeu par des adversaires plus jeunes, plus grands et plus forts que lui. Alex Kovalev, Mike Komisarek, Andrei Kostitsyn ne sont que quelques autres des joueurs qui jouent en deçà de leur capacités.

Mais aucun d'entre eux ne joue un rôle aussi crucial que le gardien. Un gardien qui n'inspire pas confiance contamine tout le reste de l'équipe. On joue nerveusement dans son territoire, on prend de mauvaises décisions, on tente de bloquer des tirs inutilement et on finit par faire dévier la rondelle dans le filet.

Le moment est venu pour Gainey, s'il ne veut pas achever de scier la branche sur laquelle il est assis, de mettre toutes ses rondelles dans la mitaine de Jaroslav Halak. Price a eu plusieurs deuxièmes chances cette saison, notamment lorsqu'il a profité de la grippe malencontreuse du Slovaque pour retourner devant le filet de l'équipe, au début de mars. Cette fois, c'est assez. Si le Canadien se qualifie pour les séries cette saison, ce sera avec Halak et rien d'autre.

Pas si blessés que ça...

On a beaucoup parlé cette année des nombreuses blessures dont a été victime le Canadien et de l'impact que les absences prolongées de joueurs comme Alex Tanguay, Robert Lang, Guillaume Latendresse, Saku Koivu et Mike Komisarek ont eu sur les performances du club. La vérité, c'est que le Canadien ne fait pas particulièrement pitié.

L'excellent blogue fromtherink.com, que tient le collègue James Mirtle, du Globe and Mail, a publié hier des projections du nombre de matchs manqués en raison des blessures pour chacune des 30 équipes de la LNH.

Si la tendance se maintient, les joueurs du Canadien auront raté 199 matchs au terme de la saison, ce qui les placerait au 18e rang de la Ligue. Loin, très loin, derrière des clubs comme les Islanders (566 parties manquées), les Flyers (406) et les Capitals de Washington (398).

Évidemment, tous les blessés ne sont pas égaux et la perte d'un Lang ou d'un Komisarek (celui du début de la saison, pas le clone malhabile actuel) fait plus mal que celle d'un plombier de quatrième trio. Mais ces chiffres permettent à tout le moins de remettre en perspective l'excuse qui est revenue le plus souvent cet hiver pour expliquer les déboires du CH.

Le Canadien a compris

Il fait bon de voir que Pierre Boivin a compris l'importance d'embaucher un francophone à titre de prochain entraîneur du Canadien. C'est une simple marque de respect envers la majorité des partisans de l'équipe, qui ne comprennent pas tous la langue de George Gillett. J'espère que Bob Hartley a déjà mis à jour son CV.

Mais il faut aller plus loin. Pour les entraîneurs québécois, le Canadien est depuis longtemps la principale porte d'entrée aux rangs professionnels. Pour ne pas dire la seule. Il faut continuer de développer cette relève et intégrer des coachs d'ici, des hommes comme Guy Boucher ou Pascal Vincent, par exemple, au sein de l'organisation, que ce soit chez les Bulldogs de Hamilton ou à titre d'adjoints à Montréal.

En cette année du centenaire, on mesure bien à quel point le Canadien est, pour emprunter une expression chère aux partisans du FC Barcelone, «plus qu'un club». Qu'il le veuille ou non, il a des responsabilités qui dépassent celles d'une équipe sportive ordinaire. Y compris celle de s'assurer que les entraîneurs d'ici aient leur chance de jouer dans la cour des grands.

 

LE CANADIEN DEPUIS LE MATCH DES ÉTOILES

FICHE DE L'ÉQUIPE

9-13-3

FICHE DE CAREY PRICE

4-9-3/ 3,60/ 88,1%

FICHE DE JAROSLAV HALAK

5-4-0/ 2,82/ 93,4%

TIRS RÉUSSIS

726 (29 par match)

TIRS ACCORDÉS

869 (35 par match)

MATCHS D'AU MOINS 40 TIRS DU CANADIEN

0

MATCHS D'AU MOINS 40 TIRS DE L'ADVERSAIRE

7