Il n'est pas étonnant que la proposition du maire de l'arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles ait été accueillie froidement. Cosmo Maciocia propose qu'on réduise le nombre d'arrondissements de 19 à 10 afin d'aider la Ville de Montréal à effectuer des compressions de 155 millions de dollars. La réalité, c'est que personne n'a envie de rouvrir le panier de crabes de la gouvernance. La simple évocation de cette idée provoque des réactions épidermiques chez certains élus qui voient d'un très mauvais oeil toute menace de changement à leur situation actuelle.

Il faut toutefois se rendre à l'évidence: Montréal ne pourra pas jouer à l'autruche encore bien longtemps. Le statu quo est contre-productif.

 

Quand M. Maciocia, qui est également membre du comité exécutif, déclare que «19 directeurs des sports et loisirs, 19 directeurs des travaux publics, 19 directeurs administratifs, 19 directeurs des ressources humaines, etc., ça n'a pas de sens...», il a tout à fait raison.

M. Maciocia, qui fait partie de l'équipe du maire Tremblay, n'est pas le seul à croire que le système actuel est dysfonctionnel. C'est aussi l'avis du chef de l'opposition, Benoit Labonté, ainsi que de l'ex-ministre des Affaires municipales, Louise Harel. Et c'est le sentiment de bien des Montréalais qui ont l'impression de ne plus comprendre leur ville.

Bref, s'il y a un point sur lequel tout le monde s'entend, c'est que Montréal est ingouvernable.

Mauvais timing, donc pour une idée qui mérite tout de même d'être débattue et approfondie. Pas pour réaliser des économies, mais plutôt pour sortir Montréal de son inertie.

Qu'on pense à n'importe quel dossier (déneigement, urbanisme, transport) et on constate qu'il est paralysé par les trop nombreux décideurs et le nombre effarant de structures impliquées.

Reste à trouver des solutions. Faudrait-il confier certains dossiers à des élus provinciaux ou créer une classe d'élus régionaux qui aurait une vue d'ensemble sur des dossiers comme le transport ou le développement économique? Devrait-on centraliser des dossiers comme le déneigement et l'urbanisme et, si oui, quelles responsabilités devrait-on laisser aux arrondissements? Doit-on envisager, comme le pensent certains, un retour à «une île, une ville»?

Non seulement faut-il revoir le fonctionnement des arrondissements, mais il faudra également questionner l'efficacité et la raison d'être de la Communauté métropolitaine de Montréal. Cette structure est-elle utile? Réformable? Faut-il carrément l'abolir? Ce ne sont pas des questions faciles, mais il faut les poser et explorer toutes les avenues possibles.

Huit mois avant les élections, le moment est mal choisi pour l'administration Tremblay de s'attaquer à ce dossier explosif. Par contre, la gouvernance pourrait très bien être un enjeu électoral. Montréal ne peut plus se payer le luxe de se plaindre sans rien faire. La métropole doit se soumettre à ce douloureux exercice si elle veut sortir de son marasme.

nathalie.collard@lapresse.ca