«Il va vous falloir apprendre à devenir des hommes, des gladiateurs...»

C'est à peu près tout ce qu'à dit l'entraîneur-chef John Limniatis après la catastrophe qui a frappé l'Impact à Torreon, au Mexique, jeudi dernier.

Le mot catastrophe n'est pas trop fort: l'Impact menait 2-1 à la mi-temps, il lui fallait accorder quatre buts sans en marquer un seul en deuxième demie pour être éliminé de la Ligue des champions de la CONCACAF. L'affaire était dans le sac, on se préparait à acheter nos billets pour le 18 mars au Stade olympique...

On connaît la suite. Après quatre jours, je commence à peine à me remettre de cette défaite. Imaginez les membres du club montréalais. Imaginez le défenseur central, Nevio Pizzolitto, pur produit du soccer local, qui a vu deux buts lui passer sous le nez en quatre minutes, pendant le temps de réparation...

«Franchement, je ne sais toujours pas ce qui s'est passé, a dit Pizzolitto. Mais je pense que notre forme de début de saison nous a coûté. Le Santos Laguna est sorti en force en deuxième demie, ses joueurs étaient méconnaissables. Ils avaient beaucoup d'énergie, ils ont déjà disputé 10 matchs de leur calendrier régulier alors que nous sommes en camp d'entraînement. Nous n'avions plus de jambes...

«Je dois avouer qu'il y a eu un moment de panique de notre côté. On ne pouvait pas communiquer, la foule était trop bruyante. Les spectateurs étaient très agressifs aussi, ils nous lançaient des bouteilles (de plastique). On s'attendait à recevoir des sacs remplis d'urine, comme c'est la tradition là-bas. Mais je n'ai pas été arrosé...

«Je pense que la foule a intimidé l'arbitre aussi. C'est dans leur culture, ils sont prêts à tout pour gagner.

«On aurait dû être plus intelligents à la fin. Il fallait dégager et se regrouper. C'était notre plan, et c'était le bon, mais nous ne l'avons pas exécuté comme il le faut.»

Une longue journée

Le directeur technique Nick De Santis, d'habitude très bouillant, n'a pas parlé après le match. «Nick était silencieux, il était en état de choc comme nous, a poursuivi Pizzolitto. Lui et John n'ont engueulé personne, ça n'aurait rien donné. Nous étions tous vidés et en état de choc. Ils ont bien fait les choses. Ils ont agi comme des dirigeants responsables dans les circonstances.

«La scène était triste dans le vestiaire. Nous étions tous incrédules, certains pleuraient. Il aurait fallu un seul but de moins... Mais il n'y a pas eu de chicane...»

Pour enfoncer le clou, les joueurs de l'Impact devaient se lever à 4h le lendemain pour prendre un vol de sept heures...

«Je n'ai pas dormi. Il y a eu une attente de six heures à l'aéroport de Dallas. Six heures! Ça ne parlait pas beaucoup, les gars essayaient de dormir sur le plancher ou sur des chaises. Nous étions vidés physiquement et mentalement...

«Quand nous sommes arrivés, ma mère et mes amis m'ont tous dit qu'ils pleuraient à la fin de la partie...»

On a beau dire aux joueurs de l'Impact qu'ils peuvent marcher la tête haute, qu'ils nous ont amenés dans une belle et inespérée aventure, mais il y a des défaites qui laissent une cicatrice pour la vie.

L'Impact sera de retour à l'entraînement demain. L'équipe se rendra ensuite en Floride pour un camp d'entraînement de 10 jours.

La vie de footballeur continue...