Tout est bien qui finit bien: le combat d'unification des ceintures WBC et WBO des super-légers aura finalement lieu au Centre Bell, le 4 avril, tel que prévu.

Comme le rapportait La Presse hier, le combat entre Timothy Bradley et Kendall Holt, respectivement champion du WBC et de la WBO, était menacé à la suite du défaut du promoteur montréalais ChoKO Boxing de payer dans les délais impartis une somme de 250 000$ aux promoteurs des deux boxeurs, Gary Shaw Productions et Top Rank.

Une rencontre de plus de trois heures, hier, à New York, entre les deux promoteurs américains et les représentants du Groupe Spectacles Gillett, également partenaire dans l'organisation de l'événement, a toutefois permis la sauvegarde du gala.

«Nous avons maintenant un contrat qui nous lie directement au Centre Bell», a déclaré Gary Shaw dans une entrevue téléphonique en fin de journée. «Nous sommes très heureux de la façon dont la rencontre s'est déroulée. Le combat aura lieu.»

Plus tôt en après-midi, un relationniste de Top Rank avait indiqué à La Presse que ChoKO Boxing ne jouait plus aucun rôle, mais il a ensuite rappelé pour démentir l'information. Le patron de ChoKO, Alexandre Choko, avait indiqué mercredi qu'il ne serait pas présent à la réunion de New York, car il était occupé à dénicher des boxeurs pour la sous-carte du gala.

M. Choko, qui n'a pas rappelé La Presse, hier, avait aussi soutenu que la somme due à Top Rank et Gary Shaw Productions n'avait pas été versée parce que le réseau Showtime était revenu sur son engagement de diffuser deux combats le soir du 4 avril.

S'il y avait un problème, il semble désormais résolu. Top Rank a indiqué que l'autre combat déjà annoncé pour le gala sera aussi présenté par la chaîne américaine. Il opposera le Mexicain Librado Andrade à l'Ukrainien Vitaly Tsypko dans un combat éliminatoire pour le championnat du monde de l'IBF, détenu par le Montréalais Lucian Bute.

Le Groupe Spectacles Gillett n'a pas fait de commentaires, hier. On peut toutefois supposer que le réseau Showtime a payé un montant quelconque pour diffuser l'affrontement Andrade-Tsypko. Cela pourrait diminuer d'autant les obligations de Gillett et/ou ChoKO envers ces deux boxeurs. Selon les informations recueillies par La Presse, ChoKO aurait promis une bourse de 100 000$ à 125 000$ à chacun d'entre eux.

***

Il faut se réjouir que les parties aient pu aplanir leurs difficultés. Montréal pouvait difficilement se permettre un nouvel oeil au beurre noir.

Plusieurs épisodes ont entaché la réputation de la ville récemment: le travail controversé de l'arbitre Marlon B. Wright lors du combat entre Lucian Bute et Librado Andrade, le round de cinq minutes (!) entre Hermann Ngoudjo et Juan Urango, sans parler des menaces d'annulation de la soirée UFC 97 parce que la Régie des alcools, des courses et des jeux s'est subitement rendu compte qu'il se donne des coups de coude et de genou dans les combats d'arts martiaux mixtes.

Le problème des organisateurs du gala du 4 avril reste toutefois entier: comment convaincre les amateurs de boxe d'acheter des billets pour un affrontement entre deux boxeurs, Holt et Bradley, qui, si bons soient-ils, sont pratiquement inconnus à Montréal?

Alexandre Choko compte beaucoup sur les ventes à l'extérieur de la ville. «Ce n'est pas juste offert localement, disait-il en entrevue la semaine dernière. Montréal est en quelque sorte l'épicentre de Boston, du nord-est de l'État de New York, du nord du Vermont, d'Ottawa et de Québec. Et Toronto n'est pas à négliger, car cela fait longtemps qu'on n'y a pas tenu un gros spectacle de boxe.»

Choko semble vouloir s'inspirer du succès du Ultimate Fighting Championship (UFC), qui a fait salle comble l'année dernière au Centre Bell grâce à une foule constituée en grande partie de spectateurs provenant de l'extérieur du Québec. Le UFC 97, qui aura lieu le 18 avril prochain au Centre Bell, sera aussi présenté à guichets fermés.

Mais le UFC compte sur des partisans hyperloyaux, qui n'hésitent pas à se déplacer pour assister à ces galas d'arts martiaux mixtes. Ce n'est pas nécessairement le cas en boxe. «Le combat Holt-Bradley va être disponible gratuitement aux États-Unis pour tous les abonnés de Showtime, souligne un vieux routier de la boxe montréalaise, qui préfère garder l'anonymat. Si tu habites à Buffalo ou Boston et que tu peux voir ça à la maison, penses-tu que tu vas t'acheter des billets à 200$ ou 500$ et que tu vas payer ton essence, ta chambre d'hôtel et tes repas pour venir voir ça à Montréal? Voyons donc!»

***

Interbox a offert son aide au Groupe Gillett, a par ailleurs indiqué Jean Bédard, grand patron du groupe de promotion qui soutient Lucian Bute. On a même brièvement exploré l'idée de reporter le combat de championnat du monde des super-moyens de l'IBF que doit livrer Bute à Fulgencio Zuniga, vendredi prochain, pour l'inclure dans la carte du 4 avril. Le projet a toutefois été rapidement abandonné: le report aurait complètement bouleversé la préparation de Bute, planifiée pour qu'il soit au sommet de sa forme le 13 mars, pas trois semaines plus tard.

C'est quand même dommage. Je ne suis pas sûr que ça aurait fonctionné d'un point de vue financier, mais sur le plan sportif, le scénario était idéal. Bute aurait attiré les fans et la soirée aurait pu mettre la table pour l'affrontement que les amateurs montréalais appellent vraiment de leurs voeux, plus que n'importe quel combat d'unification: une revanche entre Bute et Andrade.