L'arrondissement de Plateau-Mont-Royal vient d'adopter un plan de déplacement urbain (PDU) qui mise sur la qualité de vie de ses résidants.

Ce plan pourrait se résumer en quatre mots: bienvenue au XXIe siècle. Il vise deux objectifs: réduire le nombre de voitures qui traversent le quartier et favoriser les alternatives à l'auto pour ceux qui y vivent.

 

Parmi les mesures proposées, on veut diminuer la vitesse (30 km/h) dans les rues, ajouter des dos d'âne et accroître la signalisation dans les zones scolaires. On veut aussi ajouter des parcomètres et faire payer plus cher les vignettes de stationnement aux propriétaires de gros cylindrés. Enfin, à plus long terme, on compte sur l'amélioration du système de transport en commun promise dans le plan de transport de la Ville de Montréal (fréquence, efficacité ainsi qu'une éventuelle ligne de tramway) pour encourager les gens à laisser leur auto à la maison ou l'utiliser seulement quand c'est absolument nécessaire.

À ces mesures viendront se greffer le prolongement de tronçons de pistes cyclables, des places de stationnement destinées à l'auto-partage, etc.

Jusqu'ici, ces mesures suscitent deux types de réactions: les inconditionnels de l'auto qui se cachent la tête dans le sable depuis cinq ans crient au scandale tandis que les plus écolos (comme le chef du parti Projet Montréal, Richard Bergeron) trouvent le plan encore trop timide.

Comme c'est souvent le cas, la vérité se situe à mi-chemin entre ces deux positions. Il y a 20 ans, ce plan aurait été qualifié d'avant-gardiste. Aujourd'hui, à l'heure des variations du prix du carburant, de Kyoto et d'une certaine prise de conscience écologique, ces mesures relèvent du gros bon sens.

On n'annonce pas une révolution dans la République du Plateau! On présente un plan de déplacement cohérent avec le plan de transport adopté par la Ville de Montréal l'an dernier.

Or ce plan montréalais, s'il se réalise un jour, prône un véritable parti-pris pour les transports collectifs. C'est cette même volonté qui transpire entre chaque ligne du PDU du Plateau.

On discute depuis plusieurs années de l'urgence de modifier nos habitudes de déplacement trop polluantes. L'heure de poser des gestes concrets est enfin arrivée. Bien sûr, le choix du transport collectif exige certains compromis à l'égard de notre confort individuel, il faut être réaliste.

Cela dit, pour que le plan de déplacement réussisse, il faut deux conditions: la première, que cette approche soit adoptée par les autres arrondissements. À quoi bon revoir l'utilisation de l'auto sur le Plateau si la même philosophie n'est pas appliquée dans Rosemont, Villeray ou Hochelaga-Maisonneuve?

L'autre condition, sans aucun doute la plus importante: une meilleure offre de transports en commun.

Personne n'abandonnera sa voiture pour des wagons de métro bondés et surchauffés. Personne ne choisira l'autobus s'il ne passe pas à l'heure dite, ou s'il faut mettre 60 minutes pour un trajet qui en prend 10 en auto.

Si ces deux conditions sont remplies, on pourra enfin espérer que le plan de déplacement urbain du Plateau annonce une nouvelle ère pour Montréal. Et ce ne sera pas trop tôt.

nathalie.collard@lapresse.ca