En quittant Montréal, Steve Bégin a répété à tous ceux qui voulaient l'entendre qu'il avait beaucoup de respect pour Bob Gainey. Il l'a répété et on a bien compris le sous-entendu : je n'ai pas beaucoup de respect pour Guy Carbonneau, par contre.

Ainsi va la vie de l'entraîneur-chef et je me fais toujours un devoir d'examiner la chevelure de Carbonneau pour voir à quelle vitesse elle grisonne. Dans ce métier, on parle de stress avec un grand S.

Côté capillaire, Carbo tient plus ou moins le coup. Mais souvenez-vous de Mario Tremblay qui était passé d'un bleuet foncé à un gris-blanc en un an !

Il y a quelques jours, c'était Georges Laraque qui lançait un poignard dans le dos de Carbonneau. Georges a dit que ce n'était pas son intention. Si tel est le cas, il est moins intelligent qu'on le pense. Et je ne parle pas du timing, on ne peut plus mauvais, comme l'a souligné Carbo.

Quelques autres cheveux gris sont l'oeuvre du joyeux Alex Kovalev, l'Artiste nébuleux qui a dit du mal de Carbo en Russie, puis a tout nié (jusqu'à ce que La Presse amène les preuves), qui a contesté son système de jeu et qui est disparu pendant deux matchs au moment où on avait le plus besoin de lui. Ces deux-là peuvent aspirer au mieux à une relation amour-haine.

Si Carey Price, exposé trop tôt au goût de Carbonneau, avait le droit de parler, il dirait sans doute qu'il a beaucoup de respect pour Bob Gainey. Et il le répéterait et on saisirait le sous-entendu.

La semaine dernière, fait rare, Carbo a donné trois matchs de suite à Halak, trois en quatre jours. C'est un peu insultant pour le jeune, mais pensez-vous que le CH l'aurait emporté, samedi contre les Sharks de San Jose, avec Price devant le but ?

La saison 2008-2009, saison du centenaire, est moins facile que prévu pour le Canadien et pour Guy Carbonneau. Mais je connais le bonhomme et c'est un vrai. Il ne se teindra pas les cheveux.

Gentil ou méchant ?

Parlant d'entraîneurs, il y a les gentils et les méchants. Les gentils font appel à la raison de leurs joueurs. Les méchants leur bottent le derrière, se foutent de leurs sentiments ou de leur raison, les humilient en public ou devant les autres joueurs.

John Tortorella, un méchant, vient de remplacer Tom Renney, un gentil, chez les Rangers de New York. D'autres exemples de méchants : Ron Wilson, des Maple Leafs de Toronto, et Mike Keenan, de la moitié des équipes de la LNH.

Des exemples de gentils : Jacques Demers, Bob Hartley... Souvenez-vous de 1988 : Jean Perron, un gentil, qui vient de remporter la Coupe Stanley, est congédié et remplacé par Pat Burns, un méchant, mais seulement quand cela était nécessaire. Pat était plus rusé que méchant, en fait.

Quant une équipe va mal, les DG ont souvent le réflexe de remplacer un gentil par un méchant, ou vice-versa, comme quoi ce n'est pas l'imagination qui les étouffe.

Les deux méthodes ont connu leurs succès et leurs échecs.

Mais si on revient au temps de Perron et Burns, l'indiscipline chez les jeunes, dans le vestiaire et dans des endroits publics, avait coûté le poste du gagnant de la Coupe Stanley.

Je ne crois pas que Guy Carbonneau soit responsable des écarts de conduite de ses joueurs. C'est toute l'organisation qui est coupable.

Mais Carbo a quand même un avantage : son patron est un ami personnel de longue date et le DG qui l'a choisi.

Quand même, ces histoires donnent des cheveux gris de plus...

Une p'tite frette ?

On regarde vitement le match Pittsburgh-Dallas, hier après-midi, à la télé et dans tous les coins de l'écran il y a des distractions. Des pubs, des scores des autres matchs... Ça fatigue l'oeil.

Hier, pendant que l'excellent Denis Casavant décrivait le match, est apparu en bas et à gauche de l'écran une solitaire et silencieuse bouteille de bière. Elle est restée pendant quelques secondes, sans nous parler, mais elle nous parlait. Elle nous disait qu'il serait peut-être temps d'en décapsuler une petite et qu'aucune loi ne nous interdisait de le faire immédiatement. Et pourquoi pas une deuxième ?

Pas très subtil, si vous voulez mon avis. Dans un autre temps, on aurait parlé d'insulte à l'intelligence, mais ce temps-là est terminé. Notre intelligence est agressé partout et chaque jour...

Fin de votre chronique présentée par votre concessionnaire préféré.