Il n'y a pas eu de montagnes russes. Pas de panique non plus. Avec une résignation mêlée de dégoût, les investisseurs aux quatre coins du monde se sont débarrassés de leurs actions. En Asie, en Europe, en Amérique du Nord, il n'y avait nulle place où fuir hier.

Au Japon, l'indice élargi de la Bourse de Tokyo (Topix) a terminé la séance à son plus bas niveau en 25 ans! En Europe, les Bourses ont soufflé de dépit en mettant fin à cette semaine de misère, qui s'est terminée sur des chutes de 3% à 5% hier. Aux États-Unis, pendant ce temps, la moyenne industrielle Dow Jones a encore flirté avec son creux d'octobre 2002, après avoir perdu 6,2% cette semaine.

 

Où se trouve le plancher? Nul ne le sait. Chose certaine, le seuil qui avait été établi en novembre, en ce qui, croyait-on, était la période la plus sombre de cette crise, ne tient plus. Et cela, même si les États-Unis multiplient les plans de relance à une vitesse telle que les analystes ont du mal à faire le décompte des milliards de dollars qui sortiront des coffres du Trésor américain.

La déception est dans l'air. Et pourtant, il était hautement naïf d'espérer que, en signant une série de gros chèques, l'administration Obama viendrait rapidement à bout des problèmes graves qui affligent l'économie des États-Unis, encore le moteur de la planète.

La Réserve fédérale a d'ailleurs noirci cette semaine ses prévisions économiques pour 2009. La banque centrale des États-Unis craint maintenant que le taux de chômage grimpe à 8,8%, tandis que l'économie se contractera entre 0,5% et 1,3%.

À l'heure où l'on gobe, avec une facilité déconcertante, des pilules pour soigner la dépression, les marchés financiers pensaient trouver un remède facile et rapide à cette récession. Or, les nombreux plans de relance dévoilés depuis deux semaines sont tout sauf simples. Ici, il n'y a pas d'effet Obama.

Prenez le plan d'aide aux propriétaires immobiliers en détresse, dévoilé mercredi. Pourvu de 275 milliards US, ce plan vise à prévenir les saisies de maisons, qui affaiblissent le marché immobilier et les bilans des institutions financières. Idéalement, les ménages ne devraient pas consacrer plus de 31% de leurs revenus au service de leur hypothèque. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement offre des mesures incitatives aux institutions prêteuses pour qu'elles renégocient les hypothèques en fonction des revenus des proprios.

Et si cette carotte n'est pas assez alléchante pour rouvrir les contrats hypothécaires, il y a un bâton. Un juge pourra intervenir pour réécrire les contrats des banques et autres institutions prêteuses.

L'administration Obama espère aider 9 millions de propriétaires jugés «responsables» à conserver leur maison. Mais imaginez un peu la complexité de vérifier les revenus des ménages et le temps requis pour tout renégocier, multiplié par plusieurs millions de proprios!

Qui plus est, ce plan ne vient pas en aide aux chômeurs ou aux propriétaires dont l'hypothèque représente plus de 105% de la valeur actuelle de la résidence. C'est souvent le cas dans les marchés les plus touchés par la crise immobilière, comme la Floride, la Californie ou le Nevada.

Pour plusieurs, il sera plus simple de rendre les clefs de la maison à la banque, d'autant plus que, aux États-Unis, les emprunteurs ne sont pas obligés de déclarer faillite pour abandonner leur résidence. Bref, le marché immobilier des États-Unis, au coeur de la tourmente, n'est pas à la veille de se stabiliser.

Il n'y a pas de solution à portée de main non plus pour le secteur financier. À défaut de détails cruciaux, le plan de stabilisation financière ressemble encore à un grand coup de poing dans le vide.

Par exemple, comment fixera-t-on le prix des actifs contaminés par les hypothèques à haut risque que le gouvernement espère racheter, en partenariat avec le privé, pour nettoyer le bilan des banques? Combien d'argent viendra du privé? Combien des coffres de l'État?

Le flou et les incertitudes alimentent ainsi les rumeurs de nationalisation des banques américaines, même si l'administration Obama a clairement fait savoir qu'elle répugne à considérer pareil sauvetage.

Quand à Detroit, capitale des constructeurs automobiles en détresse, elle ressemble encore à une cause désespérée. Est-ce parce que le gouvernement consent aux demandes de General Motors et de Chrysler et leur verse une vingtaine de milliards en plus que les Américains se remettront à acheter leurs voitures? Rien n'est moins sûr.

Bref, quel que soit le plan de sauvetage que l'on considère, il n'y a aucun dénouement en vue.

À maintes reprises, le président Obama a prévenu les Américains et les habitants du reste de la planète: cette crise sera longue et pénible. Pour que les États-Unis s'en sortent, tous devront pousser à la roue

Le problème, c'est que les Américains ne l'ont pas cru. Ils ont pris leurs désirs pour la réalité et rêvé que Barack Obama réglerait tout d'un coup de baguette magique.