L'oxymore est un puissant outil politique. Il permet de dire une chose, tout en laissant entendre son contraire. Un parti peut ainsi être progressiste, et conservateur à la fois. Le développement peut se faire, tout en étant durable. Et le pétrole, comme le charbon, peuvent être exploités pendant des décennies encore, de manière tout à fait «propre».

MM. Obama et Harper, qui ont entamé jeudi un «dialogue sur l'énergie propre», ont en effet adopté le langage des lobbies de la houille et de l'or noir, avec qui ils entretiennent d'étroites relations.

La technologie, affirment-ils en somme, permettra bientôt de poursuivre le développement des hydrocarbures, tout en réduisant considérablement leurs impacts environnementaux.

Le meilleur des deux mondes, donc?

Concentrons-nous sur la technologie qu'a évoquée jeudi le président Obama : le captage et le stockage du carbone. En clair, il s'agit de séparer le dioxyde de carbone (CO2) des autres fumées de combustion des usines, de le comprimer, puis de l'envoyer par pipeline dans d'immenses trous, tels d'anciennes mines ou puits pétroliers.

Cela n'élimine pas les impacts environnementaux liés à l'extraction, mais cela réduit considérablement, il est vrai, les émissions de gaz à effet de serre. D'où l'épithète «propre» que l'on ose maintenant accoler à ses deux sources d'énergie.

Mais il existe un problème de taille avec cette technologie : la seule certitude qu'elle nous offre, pour l'instant, est l'absence totale de certitudes. Des projets-pilote ont lieu un peu partout dans le monde, notamment en Saskatchewan, mais aucun projet à grande échelle n'a encore vu le jour.

Les inconnues sont donc nombreuses. On ne sait pas si le CO2 restera sagement dans son trou, si les nappes d'eau souterraines seront contaminées, s'il faudra s'astreindre pendant de longues décennies à la surveillance des gisements géologiques, etc.

Mais bon, prenons pour acquis que les investissements en recherche et développement promis par les deux pays sauront répondre rapidement à ces interrogations. Serions-nous alors sortis du trou? Toujours pas.

Non seulement on ne sait pas à quel moment cette technologie sera viable à grande échelle (Ottawa mise sur 2012, les scientifiques évoquent plutôt 2020, mais la facture s'annonce astronomique. Une usine avec captage pourrait coûter jusqu'à 80 % plus cher que sa version classique.

Qui payera? Déjà, un bras de fer est en cours entre le gouvernement et l'industrie, laquelle tente de refiler la facture aux contribuables. Un groupe de travail a conclu  il y a quelques mois qu'il «serait très difficile pour une entreprise d'investir des centaines de millions de dollars dans un bien public (la réduction des émissions, en l'occurrence), sans savoir si elle en retirera des profits».

Sa recommandation: qu'Ottawa verse 2 milliards de dollars «immédiatement» pour développer cette technologie, et que les deux ordres de gouvernement apportent par la suite «une aide financière stable» pour l'implantation de projets supplémentaires.

Bien qu'elle présente la captation du carbone comme une panacée, l'industrie n'est donc pas prête à y investir un sou. Dans ce contexte, difficile d'accoler les mots «hydrocarbures» et «avenir» sans qu'il s'agisse d'un oxymore.

 

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Bureaucratie verte

Suite à l'effondrement du marché, les centres de tri ont dû entreposer des milliers de tonnes de matières recyclables. La chose est maintenant bien connue de tous... sauf, semble-t-il, du ministère québécois de l'Environnement! Le Nouvelliste rapporte que le centre de tri de Récupération Mauricie a récemment reçu la visite d'une inspectrice, prête à lui donner une amende pour avoir placé des matières récupérées en ballots à l'arrière de son bâtiment... Le ministère, qui vient de voler au secours de l'industrie, a une bien drôle de façon d'appliquer l'approche du bâton et de la carotte...

 

«Les leaders du climat n'achètent pas de pétrole bitumineux»

Les écologistes de Greenpeace ont souhaité la bienvenue à Barack Obama à leur façon, en hissant cette déclaration sur le pont qui lie Ottawa et Gatineau.

 

Voleurs et Vélib'

Les vols de vélos en libre partage sont si nombreux à Paris qu'ils remettent en question jusqu'à l'existence même du service Vélib', rapporte la BBC dans un récent reportage. Or il semble que le fléau qui mine Vélib' est moins le vol que le «spin»... Selon Denis Baupin, maire-adjoint de Paris, la BBC est tombée dans le panneau (). «JCDecaux (l'exploitant des vélos en partage) utilise le sensationnalisme médiatique, dit-il, afin d'obtenir plus d'argent de la Ville de Paris». La réalité : les vols ne touchent que 0,018 % de l'ensemble des trajets effectués.