«Il y a une solution pour contrer le dopage. Elle est très simple. Cette loi a déjà été votée dans un autre pays avec d'excellents résultats. En France. Ce que ça prend, c'est une loi qui criminalise le dopage sportif», soutient Me Patrice Brunet, avocat lié au Comité olympique canadien et spécialiste en arbitrage sportif au Tribunal du sport.

C'est le ixième scandale à ébranler le baseball, l'admission par Alex Rodriguez qu'il s'était dopé dans ses grandes années sur le terrain, qui a provoqué cette réaction de Me Brunet.

Et la conscience très vive que les sports professionnels font preuve d'un laxisme honteux devant le dopage: «Il faut faire une distinction très nette entre le sport fédéré, les sports qui font partie des Jeux olympiques par exemple et le sport professionnel. Il y a toujours des progrès à faire, mais dans les sports fédérés, la lutte est féroce contre le dopage. Alors, que dans les sports professionnels comme le hockey de la Ligue nationale, c'est une farce. Un élément de solution serait d'obliger le baseball majeur, la NFL, la NBA, le soccer international et la Ligue nationale de hockey à se plier au code et aux procédures de l'Agence mondiale antidopage», de dire Me Brunet.

Présentement, les tests imposés par la LNH sont aussi sérieux que les tests que pourrait exiger pour ses acrobates le Cirque du Soleil. Au hockey, les joueurs sont susceptibles d'être testés en saison régulière. Mais ils peuvent être soumis aux vrais tests, ceux qui sont sérieux selon les standards de l'AMA seulement pendant les trois mois qui précèdent les Jeux olympiques. De plus, ils n'ont pas le droit de passer des tests durant les séries éliminatoires où foisonnent les stimulants et les excitants. Et en plus, tous les tests sont interdits pendant la période qui court du dernier match de la saison régulière jusqu'au camp d'entraînement. C'est justement pendant ces mois que les joueurs se gonflent aux stéroïdes pour se présenter plus forts à leurs équipes.

Si on ne change pas les lois, on va continuer à assister impuissant au spectacle de joueurs professionnels dopés pour marquer plus de buts et décrocher plus de millions pour leur prochain contrat. Ainsi, le baseball majeur va participer aux Jeux olympiques pour la dernière fois en 2012, après on risque de retomber dans une autre période Bonds-McGwire.

De toute façon, sans les gouvernements, rien n'est possible. Ce sont les gouvernements du monde entier (ceux qui ont les moyens) qui payent pour l'Agence mondiale antidopage. La lutte contre le dopage se fait grâce à l'appui des gouvernements. Le baseball tente de se nettoyer parce que les gouvernements et leurs procureurs sont au travail et soufflent dans leur dos.

Mais dès que les sports professionnels peuvent s'en tirer sans provoquer un scandale ou nuire à leur marketing, ils préfèrent fermer les yeux. Pensez-vous une seule seconde qu'il n'y a pas de dopage dans le hockey?

Un animateur à CKAC soutenait la semaine dernière que le hockey était sans doute à l'abri du dopage parce que c'était un sport «fluide» qui compte moins sur les gros muscles que le baseball ou le football par exemple. Me Brunet hausse les épaules devant tant d'inepties. Il n'y a pas que les stéroïdes, il y a l'EPO, les hormones de croissance et toute la pharmacopée des «sportifs».

«Je ne trahirai pas un secret puisque c'est public. Mais j'ai siégé sur le cas Floyd Landis. Un coureur professionnel témoin nous a expliqué en détail comment après chaque course pendant le Tour de France, il appliquait sur les jambes une crème contenant de la testostérone. Il s'agissait de microdoses qui passaient sous le radar des tests, mais qui faisaient quand même la job de récupation», d'expliquer Me Brunet.

Pensez-vous que les sportifs de salon se gênent? Dans les ligues de garage ou dans les clubs de tennis?

«La France a agi. Tout sportif contrôlé pour dopage commet un crime. On voit les résultats aux Jeux olympiques. La France a perdu des places. C'est malheureusement la preuve par l'absurde que les tests sont efficaces. C'est au Canada à suivre l'exemple», de dire Me Brunet.

Il ajoute: «Faut changer les lois. Faut que ça vienne des gouvernements. Faut que ça réponde aux exigences de la société. Où nous sommes rendus. Ça prend une loi, comme on a eu besoin d'une loi pour l'alcool au volant ou pour le portable en conduisant ou les pneus d'hiver. Les campagnes et les slogans ne suffisent pas. Présentement, ce n'est pas illégal de se doper pour jouer au hockey ou pour pratiquer un sport quelconque. Avec les lois actuelles, M. André Aubut, l'entraîneur de Geneviève Jeanson peut revenir au Canada sans problème. Il n'a rien fait de criminel même si Mme Jeanson a tout raconté comment il participait au programme de dopage».

Pendant ce temps, dans le monde important, celui du Canadien, nos p'tits gars ont trouvé une formule de dopage qui ne semble pas fonctionner très bien. Vodka et Red Bull...

Vodka et Red Bull, pourtant, ça devrait donner du pep.