En votant, mardi, les Israéliens se sont tassés à droite. Mais pas autant qu'on aurait pu le prévoir après des mois d'alertes à la roquette et des semaines de fureur à Gaza, le tout entraînant forcément le repli sur un souci sécuritaire qui, dans toutes les nations du monde, s'exprime de ce côté-là du spectre politique.

Symbole de l'ambigüité de ces résultats électoraux, (presque) tous les chefs de parti festoyaient après la fermeture des bureaux de scrutin.

 

Chez Tzipi Livni et Benyamin Nétanyahou, dont les partis respectifs sont séparés par un siège (28 contre 27, mais ce n'est pas définitif), on célébrait le droit dévolu à l'un et l'autre de gérer l'État hébreu... Chez Avigdor Lieberman, souvent donné comme un Jean-Marie Le Pen juif, on se réjouissait de ce qu'il est convenu d'appeler une victoire morale: sa représentation croît de 11 à 15 députés.

Surtout, il détient ce qui ressemble le plus à une balance du pouvoir dans ce système à... 16 partis, dont 12 seront probablement invités à la Knesset.

Mais sans doute la question centrale est-elle de savoir si les élections législatives de mardi rapprochent ou éloignent Israël de la paix.

Or, l'optimisme ne règne pas, malgré l'entrée sur le terrain d'un nouveau joueur: le 44e président des États-Unis, Barack Obama. Pourrait-il, lui, débrouiller cet écheveau? Dans We Can Have Peace In The Holy Land (La paix est possible en Terre sainte, non traduit en français), même l'ex-président Jimmy Carter, pourtant titulaire d'un optimisme presque béat, prévient: «Je sais par expérience personnelle que l'influence de notre gouvernement est limitée...»

Sinon, ce que l'on voit surtout s'exprimer est proche du constat fait par Henry Kissinger, il y a six ans, voulant qu'«il existe des crises insolubles qu'il faut se contenter de gérer».

Ainsi, «les Israéliens pensent maintenant qu'à défaut de résoudre le conflit, ils devront apprendre à le gérer», dit mot pour mot Menachem Klein, politicologue à l'Université Bar-Ilan de Tel-Aviv (interrogé par Agnès Gruda dans La Presse).

Même constat chez l'historien et auteur israélien Tom Segev, qui dit «ne plus croire en la possibilité que le conflit puisse être résolu: les positions des uns et des autres sont trop éloignées. Je crois cependant à la possibilité de mieux le gérer, notamment en négociant avec le Hamas» (dans le Globe and Mail).

Enfin, «peu importe qui sera le prochain premier ministre, Livni ou Nétanyahou, Israël aura besoin d'un vis-à-vis arabe avec qui négocier la paix», constate le Jerusalem Post. Lequel n'attend visiblement pas pour demain la solution à cet écueil: les profondes et meurtrières divisions déchirant la nation palestinienne.

Pour l'heure, parvenir à «gérer» celle-ci, ce qui ne peut venir que des Palestiniens eux-mêmes, sera en soi un objectif à atteindre.

Et ce, indépendamment de la forme que prendra le futur cabinet israélien.

mroy@lapresse.ca