Face à la détérioration rapide de l'économie canadienne, des mesures d'urgence s'imposent pour venir en aide aux chômeurs.

Dans son récent budget, le gouvernement Harper a franchi un pas dans la bonne direction en prolongeant de 45 à 50 le nombre maximal de semaines de prestations. Malheureusement, un premier irritant majeur persiste: tous les nouveaux chômeurs doivent absorber les deux premières semaines à leurs frais. Ce délai de carence est injustifiable. Il devient particulièrement intolérable alors que la récession s'accélère.

Les données du mois de janvier font craindre une crise de l'ampleur vécue au début des années 80 et 90. Des travailleurs risquent de perdre leur emploi par dizaines de milliers, tous les mois, au cours des deux prochaines années. Sans compter qu'il est impossible à ce stade-ci de prévoir jusqu'à quel point la situation va se dégrader tant que les États-Unis, notre principal partenaire, n'aura pas atteint le fond du baril.

 

En mars, le Bloc québécois entend déposer un projet de loi visant à abolir la pénalité de deux semaines. Non seulement il a raison, mais le ministre des Finances, Jim Flaherty, doit agir en ce sens dès maintenant. Personne ne demande à perdre son emploi. C'est déjà assez stressant de se retrouver sur le carreau, de ne pas savoir si on sera capable de joindre les deux bouts, sans se retrouver privé de revenus pendant 15 jours.

Avant 1993, lorsqu'on pouvait encore bénéficier de prestations d'assurance-chômage en remettant sa démission, la franchise pouvait s'expliquer. Mais aujourd'hui, ça ne tient pas la route. Le gouvernement devrait à tout le moins s'engager à suspendre la pénalité pendant une période de deux ans, en attendant que le Canada sorte de cette mauvaise passe.

Le gouvernement fédéral pourrait évidemment augmenter les cotisations pour financer cette mesure qui coûterait 600 millions. Comme il a déjà pigé allègrement dans la caisse de l'assurance-emploi ces dernières années pour rembourser la dette, il serait de bon ton de retourner l'ascenseur et de tolérer une hausse supplémentaire du déficit.

En outre, il s'agirait d'une aide efficace qui aurait des retombées bénéfiques sur la relance de la consommation, vitale à un rebond de l'économie: on peut présumer que les chômeurs dépenseront leur chèque.

Une autre avenue mérite aussi d'être envisagée pour améliorer le sort de nos chômeurs: l'augmentation du plafond des prestations. Le maximum est présentement établi à 447$ par semaine si votre salaire annuel s'élève à 42 000 dollars. Comme cela équivaut grosso modo au revenu moyen, presque la moitié des chômeurs reçoivent donc moins de 50% de leur salaire en prestations. Beaucoup d'emplois à revenus plus élevés seront balayés par la récession. Pour ces travailleurs, remplir leurs obligations financières deviendra presque une mission impossible. Un coup de pouce additionnel ne serait pas un luxe.

C'est bien beau de saupoudrer des réductions d'impôt pour l'ensemble des contribuables. Mais il faudrait commencer par mieux traiter ceux qui sont touchés de plein fouet par les affres de la récession.