Votre équipe a subi quatre défaites dans les cinq derniers matchs et le hasard fait que vous vous présentez sur la patinoire, devant 22 000 personnes et des millions de téléspectateurs, habillés comme des poteaux de barbier.

Vous vous sentez sans doute un peu clown, surtout si, comme Francis Bouillon, les rayures horizontales ne vous vont pas très bien.

 

Et puis il y a un clown qui arrive de Hamilton, un certain Alex Henry. À sa première présence sur une patinoire de la LNH, il jette les gants... et n'arrive même pas à gagner sa bagarre.

Dans les gradins, il y a des milliers d'enfants pour ce match en matinée et la foule applaudit fortement ce Alex Henry. Bel exemple pour la jeunesse...

Et les Bruins se mettent à vous tabasser tellement fort que l'infirmerie du Centre Bell s'emplit en un après-midi. Des K.-O. à gauche et à droite, des blessés dans des uniformes de poteau de barbier.

Les Bruins vous battent 3-1. Cinq défaites en six matchs.

Vous vous sentez toujours un peu clown. You feel shame, comme dit le gardien de but dans Slapshot. Les médias et le public grognent...

Après le match, d'autres clowns se ruent vers la boutique de souvenirs pour acheter ce chandail de poteau de barbier à 250$.

Non, vraiment, un dimanche à oublier pour nos p'tits gars et leurs partisans.

Retraite fermée

Qu'est-ce qu'on fait maintenant? Le CH joue tout à coup son pire hockey de la saison. Des poules sans tête. Une équipe en panique, il n'y a pas de doute là-dessus. Le CH n'a pas joué aussi mal depuis près de deux ans.

Le meilleur pointeur du club est un défenseur, Andrei Markov, ce qui est un peu gênant pour les attaquants, n'est-ce pas?

La meilleure chose qui pourrait arriver, c'est un long voyage de groupe. Justement, le Canadien partira bientôt dans l'Ouest pour une série de six matchs. Fiez-vous à un vieux chroniqueur de hockey, ces retraites fermées de deux semaines peuvent régler bien des problèmes. Le passé le prouve.

C'est que pendant ces voyages, les joueurs sont ensemble 24 heures sur 24. Les entraîneurs les surveillent, il y a des couvre-feux, on n'a qu'à se concentrer sur le hockey.

Pendant ce temps, l'adversaire vit à la maison avec sa femme et ses enfants. Peut-être aussi la belle-mère qui est en visite. Il faut penser au match de soccer du petit, au récital de piano de la petite, à l'escalier qui a besoin de réparation, il faut rencontrer le comptable pour les impôts...

Pendant ce temps, Guy Carbonneau pourra tenir des meetings tant qu'il le veut et certains méritent une petite conversation en tête à tête. Bob Gainey ne devrait pas être loin...

L'énigme Kovalev

Et puis, il y a les blessures, celle de Robert Lang en particulier. (À la radio, Michel Villeneuve va sans doute dire que la perte de Lang est une bonne chose. Michel Villeneuve vit sur sa propre planète.)

En passant, n'aurait-il pas été plus prudent d'envoyer Josh Gorges au vestiaire quand il a été mis K.-O. par un coup de coude contre les Kings, samedi? Il est revenu au jeu, a encaissé une autre mise en échec et il n'est plus revenu, même pas le lendemain contre les Bruins.

Nous sommes en 2009, nous en savons beaucoup plus sur les dangers des commotions cérébrales.

Pas fort...

Mais, parmi les problèmes à régler, il y a surtout l'énigme Alex Kovalev. Je suis un fan de Kovalev, mais son rendement actuel est affreux. Il enfreint toutes les règles de sécurité, il est devenu un moins pour l'équipe, un danger.

Il mérite de rester sur le banc par longs moments.

Je me sens trahi par mon attaquant préféré (mon joueur préféré est Markov). Imaginez comment se sent la direction du Canadien.

Il est difficile de savoir ce qui se passe dans la tête de cet étrange homme. Mais il est clair qu'on ne doit pas inviter Carbo et Kovalev à la même épluchette de blé d'Inde. Ça pourrait gâcher le party.

Quant aux histoires de C et de A, de jalousie et autres jeux de coulisses, vrais ou imaginaires, nos collègues à cravate, les anciens entraîneurs et tous les autres vont tout nous expliquer en long et en large.

Mais je ne suis pas certain que ce soit là qu'on va trouver des solutions. Remettre sur pied une équipe en panique n'est pas une mince affaire. La balle est dans le camp de Bob Gainey et Guy Carbonneau, comme on dit.

Correction

Entendu à la télé: Liza Frulla prétend avoir été la première journaliste à entrer dans un vestiaire sportif d'hommes.

En fait, notre collègue Lilianne Lacroix, dans la période folle des sports à La Presse (années 70), a été la première. Et elle ne voulait rien savoir. C'était beau à voir.

Quant à Mme Frulla, les Anglos ont une belle expression: a legend in her own mind...