Ma chronique de lundi dernier "Le meilleur tuyau de la Bourse!" a suscité un grand intérêt auprès des petits investisseurs. Nombre d'entre eux m'ont demandé où ils pouvaient s'adresser pour pouvoir mettre la main sur les transactions d'achat effectuées par les dirigeants des entreprises cotées en Bourse.

Comme les transactions d'achat rapportées dans la chronique ont rapporté pour la plupart un lucratif rendement, ils y ont vu une fabuleuse recette pour faire de l'argent en Bourse.Les sources d'information sur les transactions d'initiés? Le document de base est produit toutes les semaines par les commissions des valeurs mobilières: au Québec, le rapport hebdomadaire est publié dans le Bulletin de l'Autorité des marchés financiers (www.lautorite.qc.ca). À partir de cette source, plusieurs médias (dont Cyberpresse, La Presse Affaires, etc.) rapportent les transactions qui leur apparaissent les plus intéressantes. Il existe bien entendu des sources spécialisées qui diffusent également les transactions des initiés.

Dans les rapports hebdomadaires de transactions d'initiés de l'Autorité des marchés, c'est strictement une information brute qui nous est donnée: nom de l'entreprise, nom de l'initié, nombre d'actions vendues ou achetées, solde courant des actions détenues dans son portefeuille personnel, dates des transactions, etc.

À la lumière de cette information brute, vous comprendrez qu'on ne peut tirer aucune conclusion sur la pertinence d'acheter ou de vendre telle ou telle action qui vient de faire l'objet d'une transaction de la part d'un initié.

Les transactions des initiés ne deviennent significatives que si on réussit à obtenir des renseignements additionnels sur les initiés en question (leur historique d'initiés: ont-ils une bonne moyenne au bâton ou pas?) et l'état de la santé financière de l'entreprise (les recommandations d'analystes des maisons de courtage).

Tout cela dans le but ultime de déterminer si telle ou telle transaction d'achat ou de vente d'actions peut servir de bon tuyau boursier.

Un exemple d'échec

Pour illustrer mon propos sur l'omniprésence du danger qui nous guette si on fait trop confiance aux transactions d'achat des initiés pour acheter des actions additionnelles d'une entreprise, j'ai choisi Nortel [[|ticker sym='T.NT'|]].

L'entreprise vient de se placer sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers. L'action ne vaut plus que 11,5 cents. On parle d'une action qui a été consolidée à raison de 10 pour une. C'est donc dire que Nortel ne vaut plus rien par rapport à son sommet de 1245$, atteint en août 2000. À cette époque de gloire, la capitalisation boursière de Nortel approchait des 400 milliards de dollars. Aujourd'hui? On parle de 57 millions de dollars!

Dans ma chronique du 20 août 2007, je rapportais que le président-directeur général de Nortel, Mike Zafirovski, avait investi 1 million de dollars pour acheter 52 500 actions de son entreprise au prix moyen de 19,15$US.

L'action de Nortel se négociait à cette époque tout près de son niveau plancher de l'année. Elle en arrachait beaucoup en Bourse en raison des difficultés qu'éprouvait la nouvelle direction à rétablir le lien de confiance avec les investisseurs. Il faut dire qu'ils venaient de traverser des années de grande noirceur, l'action ne cessant de chuter à la suite des scandales portant sur la manipulation des résultats financiers.

Même si le retour à la rentabilité de Nortel était laborieux, l'investissement personnel de 1 million de dollars de la part du grand patron Zafirovski avait, en août 2007, toutes les apparences d'un bon signal d'achat.

Les apparences étaient finalement trompeuses. Le titre de Nortel a poursuivi par la suite sa dégringolade, la nouvelle direction ne réussissant pas à sortir l'entreprise du pétrin financier.

Chose certaine, on ne peut pas aujourd'hui accuser Mike Zafirovski d'avoir manqué de confiance dans ses capacités de redresseur financier.

On ne peut également pas blâmer la quinzaine de dirigeants qui ont continué en 2008 d'investir dans l'achat d'actions additionnelles de Nortel, à des prix variant de 3$ à 10$ l'action.

Morale: il y a des «tuyaux» de mauvaise qualité!