La valeur boursière des six grandes banques canadiennes a fondu depuis leur sommet de l'année 2008 de quelque 104 milliards de dollars. C'est donc dire que les actionnaires ont subi avec leurs gros titres bancaires canadiens des pertes boursières de l'ordre de 41% et ce, en l'espace d'à peine huit ou neuf mois.

La valeur boursière des six grandes banques canadiennes a fondu depuis leur sommet de l'année 2008 de quelque 104 milliards de dollars. C'est donc dire que les actionnaires ont subi avec leurs gros titres bancaires canadiens des pertes boursières de l'ordre de 41% et ce, en l'espace d'à peine huit ou neuf mois.

Vu l'ampleur de la crise financière qui frappe le monde, les actionnaires des banques canadiennes se demandent maintenant si les dirigeants des institutions bancaires ne vont pas profiter de l'occasion pour réduire le montant des dividendes.

Compte tenu de la chute dramatique des titres des banques, le rendement moyen des dividendes (montant annuel du dividende/cours de l'action) apparaît aujourd'hui très élevé par rapport à son ratio antérieur d'il y a huit ou neuf mois. Le rendement moyen des dividendes bancaires s'élève aujourd'hui à 7,1%, comparativement à 4,2% en juin dernier, et autour des 3% lors des années 1996 à 2007.

À 7,1% de rendement moyen, c'est un sommet des 20 dernières années pour les dividendes de nos grandes institutions bancaires, ont constaté les analystes de la Financière Banque Nationale, Robert Sedran et Derek Tam.

Plus concrètement, voici, pour chacune des grandes banques canadiennes, en date de la fermeture de lundi, le montant du dividende annuel actuel:

> Banque de Montréal (BMO: 31,63$): 2,80$ (8,8%)

> Banque Scotia (BNS: 29,86$): 1,96$ (6,5%)

> Banque CIBC (CM: 46,60$): 3,48$ (7,4%)

> Banque Nationale (NA: 32,32$): 2,48$ (7,6%)

> Banque Royale (RY: 32,60$): 2,00$ (6,0%)

> Banque TD (TD: 42,22$): 2,44$ (5,7%)

Compte tenu de la forte baisse des taux d'intérêt et de son impact dramatique les placements «conservateurs» comme les certificats de placement garanti et les titres à revenu fixe comme les obligations, les bons du Trésor et le marché monétaire, les rendements des dividendes bancaires apparaissent disproportionnés avec leur moyenne de 7,1%. L'actionnaire qui a vu ses actions bancaires fondre de 41% ne trouve sûrement pas ce rendement de 7,1% disproportionné, lui!

Quoi qu'il en soit, la question bancaire de l'heure: l'impact négatif de la crise financière sur l'économie canadienne et par ricochet sur le volume d'affaires et la rentabilité des banques canadiennes risque-t-il de forcer celles-ci à réduire leurs dividendes?

La question est d'autant pertinente à l'entrée du Canada en récession, du retour des déficits gouvernementaux, de la réduction des exportations canadiennes, de l'augmentation du taux de chômage au pays, du nombre croissant d'entreprises en difficultés, des réductions de dépenses des consommateurs et du resserrement du crédit bancaire.

Chaque fois que les banques versent leurs dividendes trimestriels, elles réduisent d'autant leurs liquidités. Et c'est une méchante ponction de 2,5 milliards qui survient chaque trimestre. Sur une base annuelle, les six grandes banques canadiennes versent actuellement 10 milliards de dollars en dividendes.

Face à la crise financière mondiale dont l'ampleur est sans précédent depuis la Grande Dépression des années 30, les banques canadiennes ne devraient-elles pas sabrer leurs dividendes dans le dessein d'augmenter leurs liquidités en vue de parer les futurs coups durs?

En période de crise financière aiguë, ce sont les entreprises bien capitalisées et bien garnies de liquidités qui s'en sortent généralement le mieux.

Que choisiront de faire les dirigeants des banques: continuer à verser leurs généreux dividendes pour plaire à leurs actionnaires ou réduire ceux-ci pour mieux affronter la crise financière?

Les deux analystes de la Financière Banque Nationale estiment que les banques canadiennes conserveront le statu quo: elles ont les moyens financiers de continuer à verser leurs généreux dividendes.

Il leur est relativement facile de lever du capital en émettant, au besoin, des nouvelles actions ordinaires, des nouvelles privilégiées et autres placements. D'ailleurs, elles ont déjà levé 8,3 milliards de capital au cours de leur premier trimestre de 2009.

Autre argument positif laissant entendre que les six grandes banques canadiennes ne diminueront pas leurs dividendes, selon les analystes de la Financière: à l'exception de la Banque Nationale, aucune de la bande des six n'a réduit son dividende dans le passé en dépit des crises antérieures. La Nationale avait diminué son dividende une première fois dans les années 80 et une seconde fois dans les années 90.

Bel optimisme. À suivre...