La grande devinette de l'heure au Québec: quelle sera la grandeur du trou dans le bas de laine des Québécois, soit la Caisse de dépôt et placement du Québec?

La grande devinette de l'heure au Québec: quelle sera la grandeur du trou dans le bas de laine des Québécois, soit la Caisse de dépôt et placement du Québec?

Et la question qui suit: avec sa «performance» de 2008, la Caisse se classera-t-elle dans le peloton de tête des caisses de retraite, au milieu du peloton, ou carrément à la queue de celui-ci?

Sachez que de la tête à la queue du dit peloton des caisses de retraite canadiennes... l'écart de rendement est très grand. À preuve, selon les résultats de la firme Morneau Sobeco sur les fonds diversifiés des caisses de retraite, les meilleurs gestionnaires (les 5% du top) rapportent pour l'année 2008 une baisse généralisée de portefeuille de 8,9% et les plus poches (les 5% pires) un douloureux recul 24,7%. On obtient les mêmes résultats avec l'enquête de la firme AON.

Si on s'en tient maintenant à l'indice de référence que la direction de la Caisse utilise pour comparer sa performance personnelle avec celle des gestionnaires des grandes caisses de retraite canadiennes d'un milliard et plus d'actif sous gestion, soit le RBC Dexia, on s'attend à un recul moyen tournant autour de 18,5% pour l'ensemble de l'année 2008.

Avec ses 155 milliards d'actif net, le 31 décembre 2007, la Caisse de dépôt et placement du Québec est la plus grosse caisse de retraite au Canada. Conséquemment, elle a de «fortes chances» de rapporter, en termes de valeur monétaire, les plus lourdes pertes de l'histoire canadienne des caisses de retraite.

Passons aux projections. Si la Caisse boucle l'année 2008 dans le peloton de tête, elle rapportera des pertes (-8,9%) de l'ordre de 14 milliards de dollars.

Le peloton de queue

Si, au contraire, elle se ramasse dans le peloton de queue des gestionnaires de caisses de retraite, les pertes (-24,7%) atteindront le «fabuleux» chiffre des 38 milliards. Ce qui serait tout simplement catastrophique, avouons-le.

Supposons que la Caisse se «contente» du recul moyen de 18,5% que l'on attend de l'indice de référence des grandes caisses de retraite, le RBC Dexia. Pour la Caisse, un tel recul se traduirait par de colossales pertes de 29 milliards.

Cette semaine, plusieurs médias ont fait leurs prédictions au sujet de la contre-performance de la Caisse pour la désastreuse année 2008.

Selon argent.canoe.com, la Caisse livrerait «un rendement potentiellement négatif de 20% ou 30 miliards». Quelle est cette source pour révéler des pertes à hauteur de 30 milliards? «C'est ce qui se dégage du portefeuille de référence du Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP) qu'a obtenu Argent sous le sceau de la confidentialité», indique-t-on. Le RREGOP, c'est le plus gros déposant de la Caisse.

On remarquera ici que le chiffre de 30 milliards prend de plus en plus de la crédibilité. Il correspond d'ailleurs au même montant que celui révélé par Mario Dumont en campagne électorale.

Toujours cette semaine, mon collègue Denis Lessard, de la colline parlementaire de Québec, faisait quant lui état de rumeurs encore plus alarmantes. Les pertes de la Caisse, selon les échos qu'il entend dans les couloirs du parlement, pourraient atteindre les 27%. Là, on parle de très très grosses pertes potentielles: rien de moins que 42 milliards de dollars.

Si jamais c'était le cas, cela voudrait dire qu'en l'espace d'une seule année, la Caisse aurait «flambé» les deux tiers des 63 milliards de gains qu'elle avait engrangés lors des cinq précédentes années du règne d'Henri-Paul Rousseau.

J'ose espérer que ce ne sera pas le cas.

Perte de 16,5%?

Pour ma part, je mise sur une perte de 16,5%, ou si vous préférez une perte de 25 milliards.

D'où vient «mon» chiffre? Écoutez, le Fonds de solidarité de la FTQ vient de rapporter pour son semestre du 1er juin au 30 novembre 2008 une perte de... seulement 15,3% et Fondaction de la CSN un recul de 16,2%. On parle ici de la pire période boursière qui est survenue en 2008.

La «bonne» performance des deux fonds québécois de travailleurs repose notamment sur leurs placements privés, c'est-à-dire non cotés en Bourse, lesquels se sont relativement bien défendus en cette période trouble de la crise boursière. L'évaluation des placements privés n'est pas assujettie à la folle volatilité de la Bourse et à ses excès.

Comme les deux tiers ou presque de l'actif de la Caisse sont hors Bourse, je ne vois pas pourquoi les gestionnaires de la Caisse se feraient royalement dépasser par leurs confrères des fonds de la FTQ et de la CSN.

Quoi qu'il en soit, c'est lors de la dernière semaine de février que la Caisse dévoilera ses vraies pertes. D'ici là, faites vos prédictions, on n'en est plus à une dizaine de milliards près!