Berkshire Hathaway, le holding du plus célèbre investisseur de tous les temps, Warren Buffett, accuse une perte de 30%. Le leader mondial de l'informatique, Microsoft, du richissime Bill Gates, s'est effondré de 44% depuis janvier dernier. Que dire des cofondateurs de Google, Larry Page et Sergey Brin, qui ont vu l'action de la plus dynamique entreprise au monde s'écraser de 68% en cette année de crise financière.

Berkshire Hathaway, le holding du plus célèbre investisseur de tous les temps, Warren Buffett, accuse une perte de 30%. Le leader mondial de l'informatique, Microsoft, du richissime Bill Gates, s'est effondré de 44% depuis janvier dernier. Que dire des cofondateurs de Google, Larry Page et Sergey Brin, qui ont vu l'action de la plus dynamique entreprise au monde s'écraser de 68% en cette année de crise financière.

À la lumière des lourdes pertes que subissent cette année cette brochette des meilleurs investisseurs au monde, il ne faut évidemment par se surprendre de voir notre Caisse de dépôt et placement du Québec subir une dégelée avec son gigantesque portefeuille.

Dans le cadre de la présente campagne électorale, le chef adéquiste Mario Dumont a avancé des pertes potentielles qui totaliseraient les 30 milliards de dollars. Si tel était le cas, le portefeuille de la Caisse accuserait ainsi une perte de quelque 20% par rapport à l'actif net de 155 milliards rapporté le 31 décembre 2007.

Une perte de 20% c'est énorme.... Mais compte tenu de la magistrale crise financière qui frappe présentement le monde entier et compte de la dégelée boursière que subissent les meilleurs investisseurs au monde... convenons qu'une perte de 20% apparaîtrait acceptable dans les circonstances. Notez que cette perte n'est ni confirmée ni infirmée par la direction de la Caisse et le gouvernement Charest.

L'effondrement des actions de Berkshire, Microsoft, Google et autres fleurons de la Bourse ne fait pas de ses principaux actionnaires des mauvais investisseurs et gestionnaires pour autant. Le même raisonnement devrait s'appliquer aux gestionnaires des grandes caisses de retraite, notamment ceux de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Depuis le début de la présente campagne électorale, la haute direction de la Caisse se fait littéralement décrier sur la place publique, ses dirigeants passant pour des investisseurs imprudents et spéculateurs.

Entre nous, est-ce la faute des gestionnaires de la Caisse si les actions des meilleurs investisseurs au monde s'effondrent? Est-ce leur faute si les titres de nos fleurons québécois de la Bourse se font depuis le début de l'année assommer par la crise: Quebecor (-60%), Astral Média (-51%), Domtar (-76%), Cascades (-51%), Pages Jaunes (-50%), BCE (-45%), Jean Coutu (-40%), Financière Power (-42%), Garda (-91%), Bombardier (-35%), Transat (-78%). Industrielle-Alliance (-42%), Couche-Tard (-36%), TVA (-46%), etc.

Et du côté des autres fleurons canadiens de la Bourse, la claque est aussi forte, sinon pire. La déconfiture boursière frappe tous les titres des entreprises cotées en Bourse, des grandes banques canadiennes (-35% en moyenne) aux petites sociétés minières (-80%).

Même ampleur de destruction boursière aux États-Unis, en Europe, en Asie... et sur les marchés émergents.

La mise au point étant faite sur cette année d'horreur boursière, j'aimerais rappeler que la Caisse de dépôt et placement du Québec a connu au cours des cinq premières années du règne d'Henri-Paul Rousseau une période fort rentable.

De janvier 2003 à la fin de décembre 2007, l'équipe d'Henri-Paul Rousseau a enrichi le trésor de la Caisse de quelque 63,2 milliards de dollars grâce aux profits réalisés sur ses activités de placement. La Caisse a ainsi enregistré un lucratif rendement annuel de 12,4% au cours de ces cinq années, se classant dans les premiers cinq centiles des gestionnaires de caisse de retraite au Canada.

Arrive l'année 2008. Comme tous les gestionnaires de portefeuille de caisse de retraite et de fonds communs par le monde, l'équipe de la Caisse de dépôt ne se doute pas que les marchés boursiers vont littéralement s'effondrer en cours d'année. Elle demeure même optimiste devant l'avenir de son discutable placement de 12,6 milliards de papier commercial adossé à des actifs. À un mois de la fin d'année, le portefeuille de la Caisse, selon le sombre scénario de Mario Dumont, perdrait jusqu'à présent quelque 30 milliards de dollars. Ça fait évidemment très mal au portefeuille.

Si cette forte dépréciation de valeur s'avère exacte, il n'en demeure pas moins que le portefeuille de la Caisse se sera quand même enrichi de 33,2 milliards sous le règne d'Henri-Paul Rousseau (les profits accumulés de 63,2 milliards en cinq ans, moins les pertes de cette année de 30 milliards). Ce qui ramènerait sur six ans le rendement annuel autour de 6%. M. Rousseau a tiré sa révérence en mai dernier, cédant sa place à Richard Guay.

Si la Caisse s'était contentée au cours des six dernières années de jouer d'extrême prudence en misant strictement sur des placements sécuritaires comme les certificats de placement garantis et les obligations d'épargne, elle aurait encaissé un rendement annuel de 3%.

Dans les circonstances dramatiques de la crise financière actuelle, force est d'admettre que la Caisse s'en tire relativement bien sur cette longue période de six ans!

Gérer des portefeuilles de grande caisse de retraite est un métier extrêmement difficile en raison des actifs astronomiques qui leur sont confiés. Pour obtenir un rendement moindrement potable, les gestionnaires sont condamnés à prendre des risques.

À quelques semaines de la fin d'année 2008, il est évident que la Caisse de dépôt et placement du Québec s'enligne cette année vers une contre-performance majeure. À l'instar d'ailleurs de tous les plus grandes caisses de retraite du monde.

La Caisse et le gouvernement Charest se sont fait reprocher lors de la présente campagne électorale de manquer de transparence en ne voulant pas faire le point sur les lourdes pertes de la Caisse.

Cela étant dénoncé, j'aimerais tout de même rappeler que la direction de la Caisse est étroitement surveillée par un solide conseil d'administration qui compte dans ses rangs des gestionnaires chevronnés, notamment Pierre Brunet (ex-président de la Financière Banque Nationale), Claudette Carbonneau (présidente de la CSN), Henri Massé (ex-président de la FTQ), Alban D'Amours (ex-président du Mouvement Desjardins), Yvan Allaire (président de l'Institut sur la gouvernance), Christiane Bergevin (présidente SNC-Lavalin Capital), Claude Garcia (ex-président de Standard Life Canada), A. Michel Lavigne (ex-président Raymond Chabot Grant Thornton), André Trudeau (PDG de la Régie des rentes) et Jocelyne Dagenais (PDG de la Commission administrative des régimes de retraite et d'assurances).

Si la tendance historique se maintient, des jours meilleurs nous attendent en Bourse! Au grand soulagement des caisses de retraite, de leurs cotisants et de leurs retraités.