Pourquoi la Caisse de dépôt et placement du Québec joue-t-elle un rôle clé dans le dénouement de la crise qui sévit dans le papier commercial adossé à des créances?

Pourquoi la Caisse de dépôt et placement du Québec joue-t-elle un rôle clé dans le dénouement de la crise qui sévit dans le papier commercial adossé à des créances?

Parce qu'elle veut protéger ses arrières non seulement à titre d'investisseur mais également à titre d'émetteur de papier commercial.

En effet, dans le dessein de financer à court terme les besoins de financement des gestionnaires de ses portefeuilles, la Caisse a elle-même effectué en 2006 des émissions de papier commercial pour une valeur globale de 31 milliards de dollars.

Concrètement, la Caisse, par l'entremise de sa filiale CDP Financière, a refinancé en cours d'année (en émettant des billets à neuf reprises), un encours d'environ 4 milliards de dollars d'emprunts à court terme, dont l'échéance moyenne était de 42 jours.

Au 31 décembre 2006, selon le rapport annuel 2006, CDP Financière avait en circulation des billets à court terme d'émis pour un montant de 4,1 milliards de dollars canadiens, ainsi que des billets à moyen terme pour un montant de 1,5 milliard.

Lorsque ces billets de papier commercial, qu'elle garantit à même ses portefeuilles sous gestion, arrivent à échéance, la Caisse doit évidemment convaincre de nouveau les investisseurs institutionnels de réinvestir dans ses propres émissions de papier commercial à court terme.

Mais le marché secondaire du papier commercial étant présentement en état de choc, cela risque donc de coûter beaucoup plus cher aux institutions pour se financer à court terme. Qui plus est, les investisseurs se font plus rares et surtout beaucoup plus exigeants en termes de rendement et de garantie!

Quand le grand patron de la Caisse, Henri-Paul Rousseau, a effectué en août dernier la «Proposition de Montréal» pour dénouer la crise du papier commercial, il défendait ainsi sa propre cause. Et c'est très bien ainsi.

Grâce d'ailleurs à cette opération de sauvetage du papier commercial, les signataires de l'entente (les détenteurs et les émetteurs institutionnels) ont convenu de geler leurs positions respectives pendant 60 jours et, par la suite, de convertir ledit papier commercial en obligations à plus longue échéance.

Au bout du compte, la «Proposition de Montréal» permettra aux investisseurs institutionnels impliqués dans la crise du papier commercial de réduire leurs pertes, tout en redonnant au papier commercial une deuxième vie.

Cela étant dit, les billets de papier commercial émis par la Caisse de dépôt et placement du Québec ne font pas partie, eux, du moratoire de la «Proposition de Montréal».

Ils ne sont donc pas gelés comme ceux qui ont été émis par les 23 fiducies de revenu mentionnées dans l'entente de la Proposition de Montréal.

Dans un communiqué publié cette semaine à la suite de l'article de mon collègue Francis Vailles sur la forte exposition de la Caisse de dépôt et placement à titre de détenteur de papier commercial et le risque d'y perdre un milliard de dollars, la direction de la Caisse a laissé entendre qu'elle avait «rapidement reconstitué son niveau normal de liquidités» malgré la crise du papier commercial.

«La Caisse est donc en mesure d'honorer toutes les demandes de liquidités de ses déposants ainsi que de répondre adéquatement à ses propres besoins.»

La dernière émission de papier commercial de la Caisse remonte en juin dernier alors que CDP Financière avait lancé les premières émissions de son nouveau programme de papier commercial, volet multidevises, à hauteur de 210 millions d'euros.