Le titre de la Nationale a gagné du terrain hier. Mais peut-être est-ce uniquement parce que les marchés craignaient, comme le coyote dans le dessin animé Road Runner, qu'une enclume ne leur tombe sur la tête.

Il faisait un temps splendide hier qui contrastait fortement avec les mochetés désespérées qui défilaient sur les fils de presse. Allons à l'essentiel, voici trois nouvelles exaspérantes avec en prime, une raison de se réjouir -question de ne pas passer pour la parfaite pisse-vinaigre.

Banque Nationale

Le titre de la Nationale a gagné du terrain hier. Mais peut-être est-ce uniquement parce que les marchés craignaient, comme le coyote dans le dessin animé Road Runner, qu'une enclume ne leur tombe sur la tête.

N'empêche, la Nationale nous réservait une surprise qui n'était pas piquée des vers, soit une perte extraordinaire de 73 millions de dollars. La Nationale l'a encourue tandis qu'elle tentait de protéger ce qu'il lui reste de papier commercial adossé à des actifs (PCAA), d'une valeur estimée à 1,69 milliard de dollars au 30 avril.

Les anglophones ont un dicton qui se traduit grosso modo comme ceci: si ce n'est pas brisé, ce n'est pas une bonne idée d'essayer de le réparer. En voici une nouvelle version pour la Nationale: si c'est brisé, n'y touchez pas même avec une perche de 12 pieds.

Le président et chef de la direction, Louis Vachon, n'a pas tourné autour du pot et a abordé le sujet d'entrée de jeu, lors de la téléconférence avec des analystes.

Pour se protéger de la détérioration du marché des crédits, qui alarmait la banque en janvier et en février, la Nationale a parié contre un indice, en l'occurrence le CDX IG9 qui reflète les écarts de taux (spread) sur les titres d'emprunt de 125 entreprises commerciales.

Mais la fameuse «police d'assurance», comme Louis Vachon l'a surnommée, n'a pas très bien fonctionné...

Le vent a tourné sur les marchés du crédit après que la Réserve fédérale américaine (Fed) eut indirectement secouru la banque d'affaires Bear Stearns en finançant son rachat par JP Morgan à la mi-mars -merci Ben! Et la Nationale s'est retrouvée Gros-Jean comme devant.

À la limite, toutefois, cela relève de l'anecdote. La vraie question est de savoir si le plan de restructuration du marché du papier commercial ficelé par le comité Crawford ira de l'avant. Ce plan a été approuvé par l'écrasante majorité des détenteurs de PCAA, mais il n'a toujours pas été homologué.

Le juge Colin Campbell qui supervise cette restructuration jongle avec l'idée de lever l'immunité judiciaire dont devaient bénéficier les vendeurs du PCAA vicié en vertu de l'accord. Or, pour plusieurs institutions financières qui soutiennent l'accord, c'est un «deal breaker».

L'immunité est-elle une condition sine qua non pour la Nationale? Pas de commentaire, a répondu Jean Dagenais, premier vice-président et chef de la direction financière. Mais au moment d'écrire ces lignes, nous informait Jean Dagenais, les avocats de la Nationale et du comité Crawford se trouvaient en plein marathon de négociations.

La Nationale est prise entre l'arbre et l'écorce. C'est la banque qui a le plus à perdre de l'échec de la restructuration du marché. Mais c'est aussi la banque qui sera la plus visée par les éventuelles poursuites de ses grands clients d'affaires. J'entends déjà certains avocats qui taillent leurs crayons...

La Banque CIBC

On se compare, on se console? Les problèmes de la Nationale, qui enregistre malgré tout des profits, sont presque de la petite bière comparativement à ceux de la Banque CIBC, l'éternelle délinquante qui a encore réussi à surprendre les analystes avec des résultats plus mauvais que prévu.

À la suite d'une charge extraordinaire de 2,5 milliards de dollars (avant impôt), qui s'explique pour l'essentiel par sa vulnérabilité aux hypothèques américaines à haut risque, la CIBC a enregistré une perte de 1,1 milliard de dollars. Cette dernière radiation s'ajoute aux 4,13 milliards qui ont déjà été biffés depuis 2007 à cause du subprime, selon la compilation de l'agence Bloomberg.

À la limite, on s'en ficherait si la Caisse de dépôt et placement du Québec n'était pas devenue en janvier un actionnaire non négligeable de la CIBC, au terme d'un placement privé visant à renflouer la banque. Au 31 mars, la Caisse détenait près de 2,3% du capital de la cinquième banque au pays, selon les dernières données de Bloomberg.

La Caisse avait pu acheter les actions à rabais, soit à 65,26$, alors qu'elles s'échangeaient à l'époque à 71,31$. Mais il y a des aubaines qui n'en sont pas: le titre de la CIBC ne valait plus que 56,94$ le 17 mars dernier! Heureusement, il a repris du poil de la bête. L'action a clôturé la journée d'hier à 69,46$. L'honneur est (presque) sauf.

Quebecor World

Ce n'est pas la cause des problèmes de l'imprimeur québécois qui faisait autrefois la fierté de la famille Péladeau -ils étaient autrement plus profonds. Mais l'échec de la vente des imprimeries européennes à la mi-décembre est l'étincelle qui a mis le feu aux poudres.

Cinq mois plus tard, l'imprimeur vient de trouver un nouvel acquéreur pour sa division européenne. Une firme d'investissement des Pays-Bas est prête à offrir 204 millions de dollars (133 millions d'euros), incluant la prise en charge de la dette, dont 71,2 millions comptant. C'est presque deux fois moins d'argent et trois fois moins de liquidités que ce qu'offrait le premier acheteur pressenti.

Pour les «Imprimeries Sans Nom», qui se sont placées à l'abri de leurs créanciers et qui ont depuis été larguées par Quebecor, c'est trop peu, trop tard.

Bombardier

Le fabricant de matériel de transport qui a retrouvé la faveur des marchés boursiers compte recruter 700 employés à Montréal, dont 500 ingénieurs. Ce n'est pas tous les jours que la métropole reçoit d'aussi bonnes nouvelles, aussi faut-il le souligner au marqueur fluo.

À défaut de sentir la coupe, cela sent la CSeries! Reste à voir, évidemment, si Montréal accueillera la chaîne d'assemblage final de cette future famille d'avions commerciaux. On se croise les doigts pour que le centre de développement de produits aéronautiques de Saint-Laurent ne soit pas un prix de consolation.