Après avoir augmenté de 69 à 71 ans l'âge limite pour contribuer à son REER, voilà que les gouvernements d'Ottawa et de Québec vont permettre aux travailleurs de 55 ans et plus de prendre une retraite progressive sans affecter négativement leurs futures prestations et rentes.

Après avoir augmenté de 69 à 71 ans l'âge limite pour contribuer à son REER, voilà que les gouvernements d'Ottawa et de Québec vont permettre aux travailleurs de 55 ans et plus de prendre une retraite progressive sans affecter négativement leurs futures prestations et rentes.

C'est à la suite de l'adoption en juin dernier par le gouvernement fédéral du projet de loi C-52 que le gouvernement Charest a décidé, lui aussi, d'emboîter le pas en matière de retraite progressive et ce en déposant le projet de loi 68, intitulé «Loi modifiant la Loi sur les régimes complémentaires de retraite, la Loi sur le régime de rentes du Québec et d'autres dispositions législatives».

Le projet de loi est parrainé par Sam Hamad, le ministre de l'Emploi et responsable de la Régie des rentes (RRQ) et Marguerite Blais, ministre responsable des Aînés.

À qui s'adressent les nouvelles mesures de retraite progressive? Pour le moment, elles s'adressent «uniquement» aux travailleurs qui bénéficient d'un régime privé de pension d'employeur, communément appelé régime de pension agréé (RPA), à prestations déterminées ou à cotisations déterminées.

Mais que les fonctionnaires et les employés des réseaux de l'éducation, de la santé et des services sociaux ne dépriment pas. Dans le cadre du dernier budget, la ministre Monique Jérôme-Forget a annoncé que des modifications aux régimes de retraite de la fonction publique et parapublique seront apportées dans le but d'offrir également aux employés de l'État la retraite progressive.

Pourquoi adopter de nouvelles mesures de retraite progressive? Parce que le Règlement de l'impôt sur le revenu interdisait aux employés d'accumuler des prestations supplémentaires de retraite en vertu d'un régime de pension s'ils reçoivent déjà des prestations dudit régime.

Les nouvelles mesures proposent de permettre à un employé de recevoir jusqu'à 60% des prestations de retraite du régime en question, tout en lui permettant d'accumuler des prestations de pension et de rentes (RRQ) supplémentaires.

Les conditions d'admissibilité à la retraite progressive ? Primo, il faut que l'employeur accepte d'offrir ladite retraite progressive. Deuzio, les bénéficiaires doivent avoir 60 ans ou plus.

Tertio, dans le cas des employés âgés de 55 à 59 ans, ils doivent être admissibles à une rente de retraite anticipée sans réduction de prestations en raison de l'âge et de l'état du service donnant droit à la pension.

L'horaire de travail d'un employé en retraite progressive ? Aucune exigence n'est requise. Ainsi, un employé pourrait se retrouver dans la situation où il occuperait une charge de travail à plein temps et à plein salaire, avec, en prime, un revenu de retraite équivalant à 60% des prestations pouvant être versées par son régime de pension. Plus la rente de la RRQ dans le cas des 60 ans et plus.

Une parenthèse: Actuellement, il y a des retraités qui continuent de travailler à contrat pour le même employeur. Certains d'entre eux gagnent même l'équivalent d'un plein salaire, plus leur pleine pension. Ces privilégiés sont évidemment gras dur. Le nouveau régime de la retraite progressive ne leur apporterait rien de plus. Fermons la parenthèse.

Selon Denis Guertin, vice-président Retraite de la firme AON, le but ultime recherché par la retraite progressive vise à régler une éventuelle pénurie de main-d'oeuvre.

Les employés qui vont adhérer au nouveau programme vont bien entendu en bénéficier financièrement, mais ce sont surtout les employeurs qui devraient être les grands gagnants de cette réforme des régimes de retraite.

Dans un contexte de vieillissement de la population, d'augmentation de l'espérance de vie et de pénurie de main-d'oeuvre anticipée dans plusieurs secteurs économiques, la retraite progressive des baby-boomers a plus que jamais sa place dans le marché du travail.

D'ici 2011, dans à peine trois ans, le ministre Sam Hamad estime que le Québec aura besoin de 700 000 personnes pour combler ses besoins en jobs.

Financièrement, voici comment la retraite progressive pourrait enrichir les futurs semi-retraités. Le service de l'actuaire en chef de la RRQ, Pierre Plamondon, a effectué une série de calculs à partir d'une personne de 55 ans, gagnant un salaire annuel de 50 000$ et admissible à une rente de pension de 35 000$.

Supposons que la personne continuera de travailler trois jours par semaine durant les 10 prochaines années et qu'elle encaissera 60% de sa pension.

De 55 à 60 ans, la retraite progressive lui rapporterait 51 000$, soit 30 000$ de salaire plus 21 000$ de rente. De 60 à 65 ans, son revenu passerait à 58 431$, soit 30 000$ de salaire, 21 000 de pension et 7431$ de RRQ.

À sa retraite à 65 ans, cette même personne encaisserait un revenu total de 49 094$, soit : sa pleine pension de 35 000$, une bonification de 6000$ de la pension grâce aux années supplémentaires de cotisation au régime de pension, la rente de la RRQ de 7431$, plus une bonification annuelle de la RRQ de 663$ attribuable aux années de cotisation additionnelle.

Il y a actuellement 42% des travailleurs (1,5 million) qui sont couverts par un régime de pension d'employeur au Québec.

Cela comprend la totalité des employés de la fonction publique et parapublique, un peu plus de la moitié des travailleurs dans les grandes entreprises et à peine de 5 à 10% de ceux des PME.