Sur les 22 fiducies canadiennes de papier commercial (PCAA) qui font actuellement l'objet d'une restructuration, la Caisse de dépôt et placement du Québec y détenait, le 31 décembre dernier, des obligations de 12 d'entre elles, pour une valeur de 1,7 milliard de dollars.

Sur les 22 fiducies canadiennes de papier commercial (PCAA) qui font actuellement l'objet d'une restructuration, la Caisse de dépôt et placement du Québec y détenait, le 31 décembre dernier, des obligations de 12 d'entre elles, pour une valeur de 1,7 milliard de dollars.

Le plus gros investissement de la Caisse dans les fiducies de papier commercial a été effectué dans Apsley Trust, soit un montant de 630 M$.

Si la Caisse a conservé ce placement, elle risque aujourd'hui d'avoir un gros problème sur les bras avec ses obligations d'Apsley Trust, dont les billets de série A, des catégories A, E et FRN ont subi une décote.

Pourquoi? Parce que de toutes les 22 fiducies de papier commercial, Apsley est la plus lourdement exposée aux actifs contaminés par les subprimes, c'est-à-dire les hypothèques américaines à haut risque.

Et conséquemment, la maison de notation de crédit DBRS a sévèrement abaissé la cote de crédit des billets de série A d'Apsley Trust, la faisant passer de qualité élevée à faible, et sous révision.

Conséquence d'une telle décote? «On ne touche pas à cela», m'ont répondu en choeur trois spécialistes du marché obligataire.

Aucun investisseur institutionnel, aucune caisse de retraite et aucun fonds commun ne peut, disent-ils, se permettre d'acquérir des obligations d'une société dont une partie des actifs sont si faiblement cotés.

La raison de cette réduction de cote de la part de l'agence DBRS? Sur les 2,4 milliards d'actifs que l'on retrouve dans Apsley Trust, les hypothèques résidentielles américaines à haut risque comptent pour 900 M$.

C'est en raison de cette forte exposition aux subprimes américains que DBRS a ainsi considérablement abaissé la cote des billets de série A d'Apsley Trust.

Cela étant dit, il est impossible d'en savoir plus sur la position de la Caisse dans les obligations d'Apsley Trust, celle-ci refusant de répondre à toutes mes demandes d'information.

De plus, lors de sa récente évaluation, l'agence de notation DBRS n'a pas réduit la cote de crédit des autres fiducies de papier commercial.

Raison évoquée: plusieurs d'entre elles ne sont aucunement exposées aux subprimes américains et celles qui en détiennent... le sont dans une faible proportion.

Par ricochet, les obligations (pour une valeur de 1 milliard) que la Caisse détient (selon le rapport annuel 2006) dans les 11 autres fiducies de papier commercial mentionnées dans le tableau n'écopent pas d'une baisse de cote de crédit.

Remarquez que cela ne les rend pas pour autant plus facilement revendables sur le marché obligataire, lequel est devenu particulièrement frileux depuis l'éclatement de la crise mondiale des PCAA.

Question intriguante: comment expliquer l'écart entre les 14 milliards de dollars de papier commercial PCAA que détiendrait la Caisse dans ses coffres (chiffre non infirmé par elle) et... la valeur de 1,7 milliard de dollars d'obligations que la Caisse détiendrait des mêmes fiducies de papier commercial? On parle probablement de deux types de placement différents...

Quoi qu'il en soit, voilà une des nombreuses questions que les critiques financiers de l'ADQ et du PQ devraient poser cet après-midi au grand patron de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Henri-Paul Rousseau, lors de sa «comparution» devant le Comité des finances du gouvernement du Québec.

Mais la question la plus importante demeure quand même celle-ci: pourquoi la Caisse a-t-elle tant investi -10% des 140 milliards de l'actif net des déposants- dans le papier commercial PCAA?

Et comme sous question: quel est le pourcentage de dépréciation qu'une caisse de retraite devrait appliquer sur la valeur de son papier commercial PCAA?

Placement dans BCE

Comme on sait, la Caisse a décidé en juin dernier de se retirer d'un consortium qui avait manifesté de l'intérêt pour acquérir BCE.

Finalement, c'est un consortium chapeauté par Teachers, la caisse de retraite des enseignants de l'Ontario, qui a mis le grappin sur BCE, dont le siège social est au Québec.

Pourquoi la Caisse s'est-elle soudainement retirée de la course à l'acquisition de BCE?

La Caisse n'a jamais dévoilé la raison qui l'avait poussée à se retirer de la course. Par hypothèse, les observateurs ont laissé entendre que les enchères autour de BCE avaient trop grimpé.

Et qu'en conséquence, le prix des actions de Bell était devenu trop exorbitant pour la Caisse de dépôt et placement.

Alors que le 31 décembre 2006, la Caisse ne détenait plus aucune action de BCE, le 30 septembre dernier, elle rapportait en détenir 2 579 477, pour une valeur de 103,6 millions US.

Ce bloc d'actions de BCE est rapporté dans le rapport trimestriel du 30 septembre dernier que la Caisse a déposé à la SEC (Securities and Exchange Commission). Les actions auraient été achetées à partir de juillet dernier.