Décidément, le scandale colle à Nortel. L'équipementier refait encore la manchette et pour cause: la GRC vient de porter des accusations criminelles contre l'ancien président et chef de la direction, Frank Dunn, et deux de ses acolytes de l'ancienne haute direction, le directeur financier Douglas Beatty et le contrôleur Michael Gollogly.

Décidément, le scandale colle à Nortel. L'équipementier refait encore la manchette et pour cause: la GRC vient de porter des accusations criminelles contre l'ancien président et chef de la direction, Frank Dunn, et deux de ses acolytes de l'ancienne haute direction, le directeur financier Douglas Beatty et le contrôleur Michael Gollogly.

Malgré l'importance de la nouvelle, l'action de Nortel [[|ticker sym='T.NT'|]] n'a presque pas bougé hier, se négociant autour de 9,80$. Mais les chiffres, c'est trompeur! Parlez-en à Frank Dunn et ses deux acolytes, accusés d'avoir manipulé les états financiers de Nortel des années 2002 et 2003 dans le dessein de se faire verser de généreuses primes de rendement.

Les accusations de fraude portent plus précisément sur les points suivants: influence sur le marché public; falsification de livres et documents; publication de faux prospectus.

Revenons au cours actuel de l'action de Nortel, soit 9,80 $. Quand je dis que c'est trompeur, c'est parce que les actions ont été consolidées à raison de 10 pour une. Pour comparer des pommes avec des pommes, il faudrait plutôt parler actuellement d'une action à 98 cents pièce. C'est cette même action qui avait touché à l'été 2000 le prix record de 124,50$.

On parle donc aujourd'hui d'une action de Nortel qui ne vaut même pas 1% de son prix record! À ce prix-là, on comprend pourquoi la publication hier de cette autre mauvaise nouvelle a eu peu d'impact sur le cours de l'action.

Que reproche-t-on de concret à Frank Dunn et ses deux comparses?

Pour bien comprendre la stratégie trompeuse des accusés, il faut revenir à la gigantesque débandade du cours de l'action de Nortel à la suite du dégonflement de la bulle internet. D'un sommet de 124,50$ à l'été 2000, le titre de Nortel allait toucher un creux de 67 cents au début d'octobre 2002. Puis au cours des mois suivants, le titre allait rapidement se redresser.

Grâce à quoi? Grâce à la magie financière que pratiquaient Frank Dunn et ses deux acolytes.

Imaginez le scénario boursier: d'octobre 2002 au début de l'année 2004, le titre allait passer de 67 cents à 12$ pièce.

Explication: selon les accusations portées, Frank Dunn et ses collègues Beatty et Gollogly auraient fait de fausses inscriptions dans les livres et les documents, et ils auraient omis des détails essentiels concernant les résultats financiers de Nortel.

Toutes les accusations portent sur la période allant du 1er janvier 2002 au 30 juin 2003, période pendant laquelle les états financiers de Nortel auraient été faussés. La période visée correspond à l'exercice financier 2002 et aux premier et second trimestres de 2003.

Comme vous pouvez le constater, on fait référence ici à la fabuleuse période où le titre est passé d'un creux de 67 cents à un haut de 12$ en moins de 15 mois.

C'est "l'Équipe intégrée de la police des marchés financiers de la région du Grand Toronto de la Gendarmerie royale du Canada" qui a mené l'enquête et porté les accusations criminelles contre Dunn et ses anciens collègues de la haute direction. Ont également collaboré à cette enquête la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario, le Dallas Field Office du Federal Bureau of Investigation, la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis.

Rappelons que l'an dernier, la SEC a elle aussi déposé des accusations de fraude et de manipulation comptable contre les anciens dirigeants de Nortel afin de récupérer les millions de dollars de prime qu'ils ont touchés grâce à la performance artificiellement gonflée de Nortel.

Récemment, les actionnaires de Nortel ont pu se partager un dédommagement de moins de deux milliards de dollars à la suite du règlement hors cour des recours collectifs.

En février 2004, des dizaines de hauts dirigeants de Nortel avaient liquidé massivement des blocs d'actions qu'ils avaient acquis en exerçant des options.

Et par la suite, l'action de Nortel allait de nouveau chuter dramatiquement pour toucher un nouveau creux à 58 cents, soit 5,84$ une fois l'action consolidée à raison de 10 pour une.

La capitalisation boursière de Nortel a fondu de plusieurs centaines de milliards de dollars depuis l'été 2000.

Le pire est passé, ose-t-on croire pour la nième fois!