Au premier coup d'oeil, les baisses d'impôts annoncées mardi par le ministre des Finances Jim Flaherty pourront décevoir ceux qui en attendaient davantage.

Au premier coup d'oeil, les baisses d'impôts annoncées mardi par le ministre des Finances Jim Flaherty pourront décevoir ceux qui en attendaient davantage.

En tout, ces baisses de taxes et d'impôts coûteront 4,8 milliards au gouvernement fédéral au cours de l'exercice 2007-2008. Or, au train où vont les choses, Ottawa se dirige vers un surplus de 15 milliards.

Dans ces conditions, le ministre, qui proclame de tous bords tous côtés que les Canadiens sont surtaxés, aurait-il pu faire mieux?

Sans doute, mais pas tellement.

En réalité, si on tient compte des budgets de 2006 et 2007, ainsi que des mesures annoncées dans la mise à jour d'hier, le gouvernement de Stephen Harper, en moins de deux ans, a réalisé les baisses d'impôts les plus importantes de l'histoire canadienne.

Le chiffre de 4,8 milliards, que nous venons de voir, est trompeur. La réduction de 1% de la TPS entre en vigueur le 1er janvier; elle ne sera donc appliquée que pendant les trois derniers mois de l'exercice, qui prend fin le 31 mars.

Pour le gouvernement, cela représente un manque à gagner de 1,4 milliard en 2007-2008.

Mais sur une année complète, le manque à gagner est de six milliards. En tout, au cours des six prochaines années, cette baisse retournera 34 milliards aux consommateurs.

Ce n'est pas tout. Dans son budget de mai 2006, le ministre Flaherty avait déjà baissé la TPS d'un point de pourcentage, une mesure de 39 milliards en six ans. Uniquement au chapitre de la taxe de vente, donc, la baisse atteint 73 milliards.

Au chapitre de l'impôt sur les particuliers, les baisses annoncées hier paraissent modestes. Mais il faut savoir qu'elles s'ajoutent aux baisses déjà annoncées dans les budgets de 2006 et 2007 (montants personnels de base, crédit d'impôt pour emploi, réduction des taux d'imposition, etc.).

Selon les calculs du ministère des Finances, en additionnant tout cela, on en arrive à une moyenne de 10,8 milliards par année au cours des six prochaines années, pour un total de 65 milliards.

En tout, d'ici 2012, les contribuables canadiens auront donc épargné 138 milliards.

Ce chiffre ne tient pas compte de la fiscalité des entreprises, ni de la réduction des cotisations d'assurance emploi, annoncées mardi.

En quantité et en qualité, M.Flaherty fracasse donc le record établi en octobre 2000 par le ministre des Finances de l'époque, Paul Martin.

Profitant également de la traditionnelle mise à jour automnale, M. Martin avait annoncé des baisses d'impôt de 100 milliards en cinq ans. Mais ce chiffre comprenait une baisse des cotisations d'assurance emploi de 15 milliards et des réductions de l'impôt des sociétés de 10 milliards.

Il en restait donc 75 milliards pour les particuliers. Or, plus de la moitié de cette somme a servi à financer le rétablissement de l'indexation. Cette mesure met fin à une arnaque; c'est bien. Mais on peut difficilement la considérer comme une véritable baisse d'impôts.

Au contraire, si on fait exception de quelques mesures sociales annoncées en 2006 et 2007 et comptabilisées par le ministre comme des baisses d'impôts (telle la prestation universelle pour services de garde), la presque totalité des réductions accordées par le gouvernement Harper sont d'authentiques baisses de taxes et d'impôts.

On peut certes contester les choix du ministre. D'un point de vue économique, il est beaucoup plus sain de taxer la consommation (par le biais des taxes de vente) que le travail (avec l'impôt sur le revenu).

En ce sens, les milliards engloutis dans la baisse de la TPS auraient certainement été plus productifs s'ils avaient servi à réduire les impôts sur le revenu. N'empêche: l'effort est là, et il porte des résultats.

En 2012, le fardeau fiscal fédéral ne représentera plus que 15,1% du PIB, du jamais vu depuis les années 50.

Et ce n'est probablement pas fini. Le ministre dispose encore d'une marge de manoeuvre confortable.

Au cours des six prochains exercices, selon les projections prudentes du ministère des Finances, les surplus devraient atteindre, compte tenu de toutes ces baisses d'impôts, un total cumulatif de 26 milliards.

Ce chiffre exclut les réserves de prudence, habituellement de 6 milliards par année, donc, 36 milliards en six ans.

On en saura plus au dépôt du budget, en février.