La victoire convaincante d'Hillary Clinton lors de la primaire de Pennsylvanie, mardi, n'a rien fait pour sceller le choix du candidat démocrate à la présidence.

La victoire convaincante d'Hillary Clinton lors de la primaire de Pennsylvanie, mardi, n'a rien fait pour sceller le choix du candidat démocrate à la présidence.

En récoltant 55% des voix contre 45% pour Barack Obama, la sénatrice de New York reste bien en vie, même si on voit mal comment elle comblera l'écart qui la sépare de son rival dans le décompte des délégués.

C'est un cauchemar pour le parti démocrate. À moins d'un revirement inattendu, ses deux candidats vedettes vont s'entredéchirer jusqu'à la dernière primaire, le 3 juin.

Pendant ce temps, le candidat républicain John McCain sillonne le pays avec son «It's Time for Action Tour» sans être inquiété. En Alabama, en Ohio, au Kentucky, en Louisiane et en Arkansas ces derniers jours, le sénateur de l'Arizona avait des allures présidentielles.

Plus personne n'écarte l'élection d'un autre président républicain, un scénario qui paraissait inimaginable il y a un an après le fiasco des deux mandats de George Bush fils.

Évidemment, il reste une grosse inconnue dans l'équation et c'est la tenue de l'économie, à quelques mois du scrutin de novembre. On saura cet été si les États-Unis sont officiellement en récession.

Mais, en un sens, cette caractérisation technique est superflue. Les Américains ont déjà le moral dans les talons et l'économie est au coeur de leurs préoccupations.

L'économie n'a jamais été la force de John McCain, de son propre aveu. «Je ne saisis pas aussi bien que je le devrais les questions économiques», a-t-il confié au Boston Globe en décembre dernier. Il lui est même arrivé de faire des farces sur ses connaissances minces en la matière.

Récemment, toutefois, le discours de John McCain a changé du tout au tout. «Je connais très bien l'économie, certainement mieux que les sénateurs Clinton et Obama», a-t-il dit le 3 avril. Ce vétéran de la guerre du Vietnam a ainsi cessé de se dénigrer et se présente comme un champion de la réduction des impôts.

Cette affirmation ne manque pas d'ironie quand l'on sait que John McCain s'était opposé par populisme aux baisses d'impôt de l'administration Bush en 2001 et en 2003.

À ses yeux, ces réductions profitaient uniquement aux riches au détriment des Américains de la classe moyenne. Depuis, le sénateur de l'Arizona n'a pas réussi à se départir de son image de girouette.

À quelle enseigne loge John McCain? Voici les grandes lignes de son programme économique, qu'il a dévoilé il y a 10 jours dans un discours prononcé à Pittsburgh.

Fiscalité

John McCain veut réviser tous les programmes du gouvernement afin d'en réduire les coûts, à l'exception notable des dépenses militaires.

Malheureusement, il s'agit de l'un des plus gros postes budgétaires, avec des dépenses projetées de 515,4 milliards en 2009, en excluant les montants supplémentaires alloués à la guerre en Irak et en Afghanistan.

Ainsi, les dépenses militaires ont atteint, en dollars constants, un sommet inégalé depuis la Deuxième Guerre mondiale!

Cette révision des programmes devrait générer des économies de l'ordre de 100 milliards par an, espère John McCain. Le candidat républicain compte s'en servir pour réduire le taux d'imposition des entreprises de 35% à 25%.

John McCain veut aussi simplifier les impôts des particuliers. Ainsi, il n'y aurait plus que deux seuils d'imposition au lieu de six. Par ailleurs, la plupart des abris fiscaux seraient abolis.

John McCain vise à réduire le fardeau fiscal de la classe moyenne. En éliminant la «alternative minimum tax», 25 millions de familles économiseraient 2000 dollars par année, calcule-t-il.

Le sénateur de l'Arizona croit que les baisses d'impôt sont la meilleure façon de réduire les dépenses du gouvernement, puisque Washington aurait moins d'argent à claquer.

Toutefois, la théorie selon laquelle il faut «affamer la bête» est contestée par des économistes, selon qui les baisses d'impôt n'ont historiquement jamais entraîné une réduction des dépenses. En fait, elles auraient même l'effet contraire.

Essence

La proposition la plus populiste de John McCain est l'abolition de la taxe fédérale sur l'essence durant l'été, lorsque les Américains prennent la route des vacances. Mais les analystes s'entendent pour dire que cette mesure électoraliste aurait un effet limité.

Cette taxe fédérale de 18,4 cents le gallon représente seulement 5% du prix du carburant, à son prix moyen actuel. En réduisant le prix de l'essence, John McCain encouragerait les Américains à maintenir leur consommation d'essence, la plus élevée au monde. Bref, cette mesure soutiendrait, voire relèverait les prix à la pompe.

Crise immobilière

John McCain veut se porter à la rescousse des propriétaires qui n'arrivent plus à payer leur hypothèque dont le taux d'intérêt a explosé.

Pour les Américains «méritants» qui ont un bon historique de crédit, le gouvernement se substituerait à l'institution prêteuse en se portant garant d'une nouvelle hypothèque de 30 ans à taux fixe.

Les conseillers de McCain estiment que de 200 000 à 400 000 emprunteurs pourraient se prévaloir de cette mesure.

Libre-échange

Alors que Barack Obama et Hillary Clinton courtisent les électeurs en critiquant l'ALENA, John McCain est résolument en faveur du libre-échange.

Selon lui, l'ouverture des marchés des biens et des services est «indispensable» à la prospérité future des États-Unis.

Ainsi, il appuie l'accord de libre-échange que les États-Unis ont conclu avec la Colombie, accord qui s'est enlisé à la Chambre des représentants.

En ce sens, John McCain s'annonce comme un meilleur allié du Canada, bien que les meilleures intentions ne résistent pas toujours aux lobbies qui grenouillent à Washington.