Vaut-il mieux commencer à retirer de l'argent de la Régie des rentes du Québec (RRQ) à 60 ans, à 65 ans ou attendre l'âge limite à 70 ans?

Vaut-il mieux commencer à retirer de l'argent de la Régie des rentes du Québec (RRQ) à 60 ans, à 65 ans ou attendre l'âge limite à 70 ans?

Bien entendu, il s'agit ici d'une question de gros sous: plus on reporte l'encaissement de sa rente, plus le montant mensuel de la rente augmente; en contrepartie, on écourte forcément le nombre d'années d'accessibilité.

Pour les bénéficiaires qui commencent à encaisser cette année leur rente de retraite de la RRQ, la somme mensuelle maximale va de 619,21$ (7430$ l'an) dans le cas du bénéficiaire de 60 ans à une prestation mensuelle de 884,58$ (10 615$ l'an) pour le bénéficiaire de 65 ans. Et le bénéficiaire qui commence à recevoir sa rente à 70 ans touchera pour sa part une prestation mensuelle de 1149,95$ (13 799$ l'an).

On constate que la prestation de retraite de la RRQ peut quasiment aller du simple au double si on attend de la retirer le plus tard possible. Mais est-ce la meilleure stratégie financière à adopter?

Avant de répondre à cette question qui touche finalement tous les travailleurs, voici un résumé des conditions d'admissibilité à la rente de la RRQ.

Un: le calcul de la rente est basé sur les revenus de travail inscrits au nom du cotisant depuis 1966.

Deux: la rente tient compte de l'âge du bénéficiaire. Ainsi, le montant de la rente sera déterminé selon que le paiement débute avant ou après 65 ans, l'âge où la rente n'est ni diminuée ni haussée.

Trois: de 60 à 64 ans, la rente diminue de 6% pour chaque année (soit 1/2% par mois) séparant le 65e anniversaire de naissance de l'âge où le bénéficiaire commence à encaisser sa rente. Ainsi, le bénéficiaire qui commence à recevoir sa rente mensuelle à 60 ans la verra réduite de 30% (cinq ans X 6% l'an). Si le bénéficiaire attend d'avoir 62 ans, la rente sera réduite de 18% (trois ans X 6% l'an).

Quatre: de 66 à 70 ans, la rente de la RRQ grimpe de 6% pour chaque année écoulée depuis le 65e anniversaire du bénéficiaire. Si ce dernier attend d'avoir 70 ans pour recevoir sa rente, elle sera bonifiée de 30% (5 ans à 6% par année). La personne qui opte pour la rente à 67 ans, encaissera une rente bonifiée de 12% (deux ans à 6%) et ainsi de suite

Cinq: la réduction ou la bonification de la rente restera en vigueur durant toute la durée de la retraite du bénéficiaire.

Six: la rente de la RRQ est annuellement indexée au coût de la vie et elle est imposable.

Sept: pour être admissible à sa rente de retraite de la RRQ avant son 65e anniversaire, il faut que le bénéficiaire ait cessé de travailler. Ou être réputé avoir cessé de travailler, soit en gagnant, en 2008 par exemple, moins 11 225$ en revenus de travail, soit en bénéficiant d'un congé de préretraite, soit en bénéficiant d'un congé de maladie avec assurance salaire inférieure à 11 225$ en 2008.

Revenons maintenant à la fameuse question: vaut-il mieux commencer à retirer sa rente de la RRQ à 60 ans, à 65 ans ou attendre l'âge limite à 70 ans?

J'ai soumis «la» question à un expert en matière de planification de retraite, Martin Dupras, vice-président AON Conseil.

«La recommandation quant à cette décision est généralement de percevoir dès que possible la prestation de retraite de la RRQ. Habituellement, ce sera avantageux», affirme M. Dupras.

Plusieurs facteurs, dit-il, jouent en faveur de la décision d'opter le plus tôt possible pour la prestation de la RRQ.

Premièrement, la période de récupération. En percevant la rente dès 60 ans, sans considérer l'impôt, l'accumulation avec intérêts ou l'indexation de ces rentes, le bénéficiaire aura déjà reçu à 65 ans une somme globale de 37 152$ (cinq ans à 7430$ l'an). Le bénéficiaire qui attend ses 65 ans recevra, lui, une rente annuelle bonifiée de 10 615 $, soit 3185$ par année de plus que le bénéficiaire de 60 ans.

«Il lui faudra au bénéficiaire de 65 ans percevoir cette prestation supplémentaire de 3185$ pendant au moins 11,66 années afin de rattraper le bénéficiaire de 60 ans. Quand il atteindra 76 ans et 8 mois, il aura rattrapé le bénéficiaire de 60 ans», explique Martin Dupras.

Deuxièmement: la période de cotisation. L'analyse précédente favorise l'option du 60 ans, en tenant pour acquis que le bénéficiaire a droit à la prestation maximale de la RRQ. Dans le cas des prestataires qui percevront une rente inférieure, il ne fait pas de doute aux yeux de M. Dupras que l'encaissement de la rente devra s'effectuer le plus tôt possible.

Troisièmement, l'impact la rente de la RRQ sur la pension de sécurité de la vieillesse (PSV).

«La prestation de PSV, qui est payable à l'âge de 65 ans, comporte un test de remboursement. Ce test va comme suit: si les revenus imposables du particulier dépassent un certain seuil (64 718$ en 2008), cette prestation sera réduite. Dans la mesure où le particulier de 60 ans anticipe qu'il dépassera ce seuil dans cinq ans (donc à partir de 65 ans), il serait encore plus important de percevoir la rente du RRQ dès que possible», ajoute M. Dupras.

Derniers facteurs en faveur de la prestation à 60 ans. Comme on sait, on pourra ouvrir dès 2009 un compte CELI où il sera possible d'investir en franchise d'impôt 5000$ par année. Voilà un endroit où investir ladite rente de la RRQ. Ajoutons à cela, dans le cas des couples, la possibilité de fractionner la rente de retraite du RRQ entre conjoints.

Selon M. Dupras, il y a des situations exceptionnelles où il serait préférable de retarder la perception de la rente de la RRQ.

Ce serait notamment le cas du bénéficiaire qui jouirait d'un taux d'imposition après 65 ans nettement inférieur à celui qui écope entre 60 et 65 ans. Même chose pour les gens qui perçoivent une prestation importante de conjoint survivant.