De toutes les grandes manifestations sportives et culturelles au Canada, le Grand Prix F1 du Canada était, depuis 30 ans, le plus médiatisé et le plus rentable en retombées économiques. Bien entendu, cette décision-surprise du Conseil mondial du sport automobile de supprimer le populaire Grand Prix du Canada du calendrier 2009 est une catastrophe pour l'industrie touristique montréalaise.

De toutes les grandes manifestations sportives et culturelles au Canada, le Grand Prix F1 du Canada était, depuis 30 ans, le plus médiatisé et le plus rentable en retombées économiques. Bien entendu, cette décision-surprise du Conseil mondial du sport automobile de supprimer le populaire Grand Prix du Canada du calendrier 2009 est une catastrophe pour l'industrie touristique montréalaise.

En chiffres, le Grand Prix du Canada se résumait comme suit: quelque 75 millions de dollars en vraies retombées économiques (calculées en fonction des dépenses des dizaines de milliers de touristes venus de l'extérieur de la province et du pays); une vitrine de 40 à 50 millions de téléspectateurs dans le monde grâce à sa diffusion à heure de grande écoute; des milliers d'articles et de reportages dans les médias du monde; des millions et des millions de recettes en taxes de vente et en impôts sur les revenus touristiques; des revenus de 400 000$ par week-end pour la location de l'île Notre-Dame; des recettes d'un demi-million pour la STM (Société de transport de Montréal); des revenus de 1,5 million de dollars pour Tourisme Montréal.

Doté d'un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 40 millions, le Grand Prix de Montréal comptait sur un personnel de 22 employés à temps plein, 50 employés à temps partiel pendant les mois de mai et juin et 5000 temporaires durant le week-end de la course. À ce nombre s'ajoutaient les 800 bénévoles (signaleurs, etc.) chargés de surveiller le déroulement des qualifications et de la course.

Ainsi, la Fédération internationale du sport automobile et les bonzes du cirque de la Formule 1 auraient décidé de délaisser Montréal au profit de la Turquie. Ils délaissent rien de moins que l'un des trois plus populaires Grand Prix des 18 courses de F1 et l'un des plus médiatisés de la planète. Ils laissent en plan un total de 320 000 spectateurs pour les trois jours d'activités.

Comme on peut voir, les bonzes du sport automobile et de la Formule 1, Bernie Ecclestone et Max Mosley en tête, se fichent éperdument du grand succès remporté par le Grand Prix du Canada depuis la célèbre course remportée en octobre 1978 par Gilles Villeneuve. Et que son fils Jacques ait lui-même remporté le championnat F1 de 1997 les laisse de glace.

Je reste bouchée bée devant cette décision du Conseil mondial du sport automobile de supprimer le Grand Prix de Montréal.

Pourquoi? Parce que, lors de l'entrevue qu'il m'a accordée juste avant son dernier Grand Prix de juin dernier, le promoteur Normand Legault m'a mentionné qu'il lui restait trois années au contrat qui le liait à Bernie Ecclestone. Or trois années, cela signifie que le circuit Gilles-Villeneuve devait accueillir le Grand Prix du Canada jusqu'en 2010, au moins.

Que s'est-il passé au cours des dernières semaines pour que le Conseil mondial du sport automobile et Bernie Ecclestone décident de ne pas respecter ce contrat?

N'ayant pu joindre M. Legault, voici mon hypothèse. La Formule 1, on le sait, c'est un business de grosses piastres. Chiffre d'affaires des 10 écuries et de leurs 18 courses: 4 milliards de dollars.

Comme le Grand Prix du Canada est le seul à se tenir en Amérique du Nord, mon petit doigt me dit que Bernie Ecclestone et son organisation souhaiteraient obtenir de Normand Legault plusieurs millions de plus pour aider à payer annuellement les coûts de transport de la Formule 1 à Montréal.

En 2003, on se rappellera que le grand manitou de la Formule 1, Bernie Ecclestone, avait annoncé que l'épreuve de Montréal serait exclue du calendrier de 2004, en raison de nouvelles lois interdisant la publicité sur le tabac.

Pour sauver le Grand Prix, Legault avait été contraint d'allonger une vingtaine de millions additionnels, dont 12 provenaient des gouvernements de Québec et d'Ottawa. Cette somme devait servir à compenser le manque à gagner que subissaient les écuries en raison de l'interdiction des commandites de tabac.

Aujourd'hui, les organisateurs des nouveaux Grand Prix acceptent de payer à Bernie Ecclestone et à son organisation jusqu'à 40 millions pour faire venir la Formule 1 dans leur pays.

Legault, lui, paye autour de 20 millions de dollars.

Mon petit doigt me dit qu'avec un petit «supplément« de 5 à 10 millions par année, on pourrait peut-être conserver notre Grand Prix.