À des fins statistiques, le Canada est divisé en 73 «régions économiques».

À des fins statistiques, le Canada est divisé en 73 «régions économiques».

Chaque mois, lorsque Statistique Canada diffuse les résultats de son enquête sur la population active, elle publie également les chiffres pour chacune de ces régions.

Les résultats d'avril, publiés vendredi, apportent une bien mauvaise nouvelle pour la Gaspésie. Le marché du travail de la Gaspésie figure parmi les plus anémiques du Canada, avec quelques poches de pauvreté ailleurs dans les provinces de l'Atlantique. Ça, on le sait depuis des années.

Ce qui est nouveau depuis vendredi, c'est que la Gaspésie, avec un famélique taux d'activité de 49%, est maintenant, sur le front de l'emploi, le pire bassin de misère des 73 régions économiques canadiennes.

Le taux d'activité mesure le nombre de personnes adultes qui occupent un emploi (à temps plein ou partiel) ou qui sont en chômage, mais à la recherche active d'un emploi.

Par exemple, au Québec, on compte 6,4 millions de personnes âgées de 15 ans ou plus. De ce nombre, 4,1 millions occupent un emploi ou en cherchent un. Cela donne un taux d'activité de 65,1%.

Les autres, 2,3 millions, ne font pas partie du marché du travail: retraités, assistés sociaux, chômeurs découragés, conjoints au foyer (par choix ou parce qu'il n'y a pas assez d'emplois disponibles).

La plupart des économistes considèrent que le taux d'activité est un meilleur indicateur que le taux de chômage. Un taux d'activité élevé reflète une économie dynamique, capable de créer assez d'emplois pour accueillir tous les nouveaux arrivants sur le marché du travail.

Et de bons emplois: normalement, plus le taux d'activité monte, plus les salaires sont élevés.

On considère généralement que dans un marché du travail en bonne santé, deux adultes sur trois (66,7%) font partie de la population active.

Lorsque le taux d'activité dépasse 70%, l'économie roule à pleine vitesse, le chômage est pratiquement inexistant et les travailleurs font beaucoup d'argent.

En bas de 60%, les feux rouges se mettent à clignoter: les entreprises ferment, les chômeurs renoncent à chercher un emploi et vont grossir les rangs des assistés sociaux, les jeunes quittent la région. En bas de 50%, comme c'est maintenant le cas en Gaspésie, c'est la détresse économique et sociale.

Mais le taux d'activité ne dit pas tout.

On l'a vu, les chômeurs qui cherchent un emploi font partie de la population active. En avril 2008, il y en avait 327 000 au Québec. Pour calculer le taux de chômage, on divise ce nombre par la population active, ce qui donne 7,9%. En Gaspésie, le taux de chômage atteint 20,2%.

Un chiffre plus révélateur est le taux d'emploi. On obtient ce chiffre en divisant le nombre d'emplois par la population adulte. Par définition, le taux d'emploi est toujours plus bas que le taux d'activité. Pour le Québec, cela donne 3,8 millions divisés par 6,4 millions, ou 60%.

Quand vous avez un taux d'activité faible et un taux de chômage élevé, cela ne laisse pas beaucoup d'espace pour l'emploi. Voyons plutôt. La Gaspésie compte 80 800 personnes de 15 ans et plus. La population active est de 39 600 personnes (d'où le taux d'activité de 49%, que nous venons de voir).

De ce nombre, 31 600 occupent un emploi et 8000 sont en chômage. Cela donne un taux d'emploi catastrophique de 39,1%, le plus bas au Canada. Concrètement, cela signifie que six Gaspésiens adultes sur dix sont sans emploi!

Consolons-nous en jetant un coup d'oeil sur les régions québécoises qui s'en tirent mieux. C'est en Outaouais que le taux d'activité est le plus élevé, à 70,7%. C'est presque autant que dans la richissimne Alberta, qui affiche un copieux résultat de 73,3%.

L'enquête sur la population active est basée sur le lieu de résidence, et non sur le lieu de travail. Ainsi, un résidant de Gatineau qui travaille à Ottawa contribue à faire grimper le taux d'activité au Québec, pas en Ontario.

L'abondance des emplois fédéraux, des deux côtés de la frontière, explique en grande partie la bonne tenue du marché du travail de l'Outaouais.

Les nouvelles sont également encourageantes en banlieue nord de Montréal, où Laval et les Laurentides ont des taux d'activité de 69,1 et 68%. Il existe des emplois locaux, mais cette bonne performance est surtout due aux emplois qui se trouvent à Montréal.

En quatrième place, enfin, se trouve le Centre-du-Québec (Drummondville, Bois-Francs), avec 66,4%.

Contrairement aux trois premières, cette région n'est pas dépendante de ses voisines sur le front de l'emploi. Il s'agit pour l'essentiel d'emplois locaux, attribuables en bonne partie au dynamisme entrepreneurial de la région.