La crise qui secoue le secteur de la fabrication est réelle, profonde et cruelle. Il ne se passe pratiquement plus une journée sans que les médias ne nous apprennent de nouvelles pertes d'emplois manufacturiers.

La crise qui secoue le secteur de la fabrication est réelle, profonde et cruelle. Il ne se passe pratiquement plus une journée sans que les médias ne nous apprennent de nouvelles pertes d'emplois manufacturiers.

Or, tous ceux qui suivent l'évolution du marché du travail savent que les emplois perdus dans le manufacturier sont amplement compensés par la création d'emplois ailleurs, et surtout dans le secteur des services.

Certes, cela n'arrange pas le triste sort des milliers de travailleurs mis à pied, et souvent difficiles à requalifier. En revanche, la vitalité du secteur des services, qui a créé quelque 110 000 emplois au Québec en 2007, est une excellente nouvelle.

Pourtant, une opinion largement répandue veut que les travailleurs, dans l'ensemble, y perdent au change, puisque les emplois, dans les services, sont bien moins payés que dans le manufacturier.

Cette impression provient sans doute du fait que l'on associe les services aux McJobs: restauration, hôtellerie, commerce de détail, tous des secteurs où les salaires et les conditions de travail sont effectivement en retard sur la moyenne.

Cette image simpliste déforme la réalité.

La réalité, la voici: les emplois dans le secteur des services soutiennent parfaitement la comparaison avec ceux du manufacturier.

C'est ce que confirment de nouvelles séries de chiffres publiés cette semaine par l'Institut de la statistique du Québec (ISQ).

Il faut d'abord savoir que le secteur des services est très vaste et ne se limite pas, et de loin, aux McJobs.

Près de 3 millions de Québécois (pour être plus précis, 2 979 600) travaillent dans le secteur des services. De ce nombre, à peine 237 000, moins de 8% du total, sont employés dans la restauration et l'hôtellerie.

Quant au commerce de détail, il occupe 483 000 travailleurs, ou 16% du total. Ces chiffres sont ceux de 2007.

Mais où se trouvent donc les trois quarts qui restent?

Eh bien, ils travaillent dans des secteurs aussi variés que les services financiers, les services professionnels, scientifiques et techniques, la gestion et l'administration, les services informatiques, les services aux entreprises, l'éducation, la santé, les services personnels, l'immobilier, les loisirs, les services culturels, entre autres. Beaucoup d'entre eux ont d'excellents emplois.

Le secteur des services est si étendu que vous y trouvez, en haut de l'échelle, des gestionnaires dont la rémunération hebdomadaire moyenne atteint 952$.

Et tout en bas se trouve le secteur de la restauration, avec 304$. Cela va du simple au triple, et même plus! Dans ces conditions, il devient hautement téméraire de mettre tous les emplois du secteur des services dans le même sac.

Ce n'est pas tout.

Au Québec, la rémunération hebdomadaire moyenne, si on tient compte de la fabrication et des services, se situe à 703$. Dans le secteur des services, le chiffre tombe à 659$. Il est donc exact de dire que les emplois, dans les services, sont moins bien payés que la moyenne, mais l'écart est inférieur à 7%. On admettra que ce n'est pas un fossé.

D'autre part, une ventilation selon le genre d'emploi montre que pratiquement la moitié des travailleurs des services (1 481 000 personnes) occupent des emplois mieux rémunérés que la moyenne (donc, 703$ ou plus par semaine en moyenne).

On les retrouve surtout dans le secteur de la gestion et de l'administration, comme on vient de le voir, mais aussi dans les services financiers (banque, assurance, valeurs mobilières), les services culturels, les services professionnels, le commerce de gros.

Chiffre intéressant: dans le domaine de la finance et des assurances, où on ne peut certainement pas parler de McJobs avec une rémunération hebdomadaire moyenne de 925$, on compte 232 000 personnes, pratiquement le même nombre que les travailleurs de la restauration et de l'hôtellerie.

Ce que ces statistiques nous disent, noir sur blanc, c'est que rien, absolument rien, ne peut justifier la fable associant le secteur des services aux emplois bas de gamme.

Changement d'adresse

Dans ma chronique de mardi, je parlais du Service québécois de changement d'adresse, un service du gouvernement québécois qui vous permet, en un seul coup de fil, de communiquer votre nouvelle adresse à une demi-douzaine d'organismes gouvernementaux.

À la demande de plusieurs lecteurs, voici le numéro en question (sans frais): 1-877-644-4545. L'adresse Internet est www.adresse.info.gouv.qc.ca/fr/service.asp