Il n'y a pas de doute, la journée du 1er novembre a été éprouvante pour les nombreux actionnaires qui ont vu fondre la valeur de leur portefeuille et pour les entreprises qui ont vu s'envoler en fumée des milliards de dollars en capitalisation boursière.

Il n'y a pas de doute, la journée du 1er novembre a été éprouvante pour les nombreux actionnaires qui ont vu fondre la valeur de leur portefeuille et pour les entreprises qui ont vu s'envoler en fumée des milliards de dollars en capitalisation boursière.

Bien qu'on puisse sincèrement compatir avec eux, il n'en demeure pas moins que la décision prise par Jim Flaherty était ce qu'il fallait faire pour la compétitivité de l'économie canadienne, pour l'équité en matière fiscale et pour la productivité des entreprises.

Ne nous racontons pas d'histoire. Les hausses qu'enregistraient les actions des entreprises lorsqu'elles se transformaient en fiducie de revenu étaient largement liées au fait que ces dernières n'allaient plus payer d'impôt. Ça n'avait rien à voir avec des gains de productivité ou des innovations technologiques. Quand la seule rumeur d'une conversion pousse les actions d'une entreprise vers le haut, il faut admettre que c'est plutôt artificiel comme base d'une progression boursière. Dans un environnement aussi compétitif que celui qui est aujourd'hui le nôtre, on ne bâtit pas une économie sur de l'artifice.

Maintenant qu'il s'est attaqué à la question des fiducies de revenu, Jim Flaherty devra passer à l'étape suivante: revoir la fiscalité de toutes les entreprises afin de les rendre plus compétitives. Dans sa plus récente analyse de l'économie canadienne, l'OCDE estimait que la fiscalité des entreprises au Canada décourageait l'investissement. L'OCDE introduisait le concept du taux marginal effectif d'imposition d'un investissement. Selon les calculs de l'organisme, un projet d'investissement intéressant avant impôts avait moins de chances d'être rentable au Canada qu'ailleurs, en raison du niveau élevé de d'imposition. Il faut repenser tout ça, car l'investissement est le nerf de la guerre.

D'autre part, Ottawa devra aussi mettre l'accent sur les dépenses en recherche et développement. Innover, développer de nouveaux marchés sont des objectifs beaucoup plus prometteurs en terme de création de richesse, tant pour les actionnaires que pour l'ensemble de la société, que l'intention ou la conversion d'une entreprise en fiducie de revenu.

La productivité d'une économie repose aussi sur la qualité de sa main-d'oeuvre. Le gouvernement Harper devra puiser dans ses énormes surplus pour injecter des sommes importantes dans l'enseignement supérieur. Des gens solides et bien formés contribueront de façon beaucoup plus structurante à l'accroissement de la valeur d'une entreprise que la seule éventualité de ne pas payer d'impôt.

Enfin, Ottawa devrait se servir des sommes qu'il encaissera en imposant les fiducies pour diminuer aussi les impôts des particuliers. Après tout, des millions de contribuables détiennent des parts de fiducies soit directement ou par l'entreprise de leur régime de retraite. Diminuer les impôts serait une façon judicieuse de mieux faire passer la pilule à ceux qui ont été heurtés par la décision de M. Flaherty. Après une séance boursière comme celle du 1er novembre, la pilule est certainement difficile à avaler. Amère, sans aucun doute, cette pilule est néanmoins nécessaire pour la santé de notre économie.