C'est uniquement sur le conseil d'administration de BCE et son chef de direction Michael Sabia que les petits porteurs, soit les actionnaires individuels, doivent compter pour recevoir un prix équitable pour leurs actions advenant la fermeture du capital du chef de file de la téléphonie au Canada.

C'est uniquement sur le conseil d'administration de BCE et son chef de direction Michael Sabia que les petits porteurs, soit les actionnaires individuels, doivent compter pour recevoir un prix équitable pour leurs actions advenant la fermeture du capital du chef de file de la téléphonie au Canada.

Pourquoi? Parce que collectivement, les quelque 580 000 actionnaires individuels contrôlent à peine 35 % des actions en circulation.

Ce sont en effet les investisseurs institutionnels, tels les firmes de gestionnaires de fonds communs destinés aux particuliers et aux caisses de retraite d'employés, qui contrôlent la grande majorité des actions de BCE, soit 65 % du capital-actions.

On va me dire que les fonds communs et les caisses de retraite appartiennent à des millions de petits détenteurs de parts et que conséquemment ces derniers ont indirectement leur mot à dire. Ne charrions pas.

Ce sont les gestionnaires desdits fonds qui évaluent les offres publiques d'achat et qui décident de déposer ou pas les actions et ce sans consultation auprès des détenteurs de parts.

Généralement, les petits porteurs n'ont pas à s'inquiéter puisque les gestionnaires de leurs fonds communs ont intérêt à obtenir le prix le plus élevé possible pour les actions qu'ils détiennent dans le cadre d'une offre publique d'achat.

Dans le cas de BCE, c'est malheureusement une tout autre histoire. Pourquoi? Parce que les risques de conflits d'intérêt sont plus grands que jamais.

Je m'explique. L'offre qui est présentement étudiée par l'administration et la haute direction de BCE est patronnée par trois des plus grands fonds institutionnels au monde, soit l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC), la Caisse de dépôt et placement du Québec, l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public (Investissements PSP) et la société américaine d'investissement privé Kohlberg Kravis Roberts and Co. (KKR).

Où est le risque de conflit d'intérêts? Tous les gestionnaires de portefeuille des fonds communs et régimes de retraite rêvent d'obtenir de lucratifs contrats de gestion de portefeuille de la part des grands fonds institutionnels.

Qui plus est, plusieurs des firmes de gestion de portefeuille sont des filiales de grands groupes bancaires, lesquels offrent également leurs services financiers aux grands fonds institutionnels du pays.

Que dire maintenant des firmes de courtage qui suivent BCE. J'ai constaté que plusieurs analystes trouvaient qu'à plus de 35 $ l'action de BCE commençait à être vraiment chère.

À qui appartiennent les grandes maisons de courtage? Eh oui! aux grandes banques qui brassent des affaires (ou souhaitent en brasser) avec les fonds institutionnels.

Je ne dis pas que les analystes des firmes de courtage n'ont pas raison de trouver le prix de l'action de BCE trop cher à 35 $ ou plus.

Mais quand on travaille pour un groupe financier qui a des liens d'affaires avec l'acquéreur potentiel d'une grande entreprise, il me semble qu'un devoir de réserve s'impose!

On parle quand même ici d'une offre publique d'achat sur BCE qui peut dépasser les 30 milliards de dollars. Je veux bien croire que le consortium des fonds institutionnels travaille pour le peuple, mais ce n'est pas une raison pour lui céder à rabais le contrôle de la plus grande société canadienne des télécommunications.

Généralement, lorsqu'une OPA est dirigée vers une grande société comme BCE, on assiste à une certaine surenchère de la part de quelques groupes de gros investisseurs. Étonnamment, il n'y a pas de surenchère dans le cas de BCE. Les groupes intéressés ont plutôt tenté de se joindre au consortium qui a déposé une offre.

La raison? Comment l'Autorité des marchés financiers et la CVMO peuvent-elles sérieusement intervenir dans le dossier alors qu'elles sont elles-mêmes des créatures gouvernementales à l'instar de la Caisse de dépôt et de placement du Québec, de l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC), de l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public (Investissements PSP)?

Pour obtenir un prix raisonnable dans le cadre de la présente OPA sur BCE, les actionnaires individuels ne peuvent compter que sur Michael Sabia et les administrateurs de la société.

Ce sera d'ailleurs pour eux une occasion rêvée de finalement créer de la valeur pour leurs 600 000 actionnaires.

Lorsque le consortium de l'OPA est arrivée dans le portrait, le 16 avril dernier, l'action de BCE avait fermé la séance à 36,26 $. Trois semaines plus tard, l'action de BCE a de la difficulté à se maintenir au-dessus de la barre des 37 $.

Habituellement, une OPA commence avec une plus-value de 30 % par rapport au prix du marché. Si une telle hypothèse s'avérait, l'action de BCE devrait bénéficier d'une offre d'achat à 47,00 $.

Comme vous pouvez le constater, on est très très loin du cours actuel des 37,00 $, lequel prix apparaît déjà trop élevé aux yeux des analystes des maisons de courtage!

J'espère que le conseil d'administration de BCE dira non à toute offre inférieure à 45 $. Et pour créer de la valeur, BCE pourrait éventuellement inscrire en Bourse quelques unes de ses filiales. Après tout c'est ce genre de recette qui fait la fortune des gros fonds privés comme KKR.