Le plus gros vendeur de parts des fonds Norbourg et Évolution était Gestion du Patrimoine Tandem, laquelle firme de représentants en épargne collective était directement dirigée par son propriétaire Vincent Lacroix, également gestionnaire desdits fonds dont il a vidé les coffres de 130 millions de dollars.

Le plus gros vendeur de parts des fonds Norbourg et Évolution était Gestion du Patrimoine Tandem, laquelle firme de représentants en épargne collective était directement dirigée par son propriétaire Vincent Lacroix, également gestionnaire desdits fonds dont il a vidé les coffres de 130 millions de dollars.

Mais les clients qui ont acheté des parts des fonds Évolution et Norbourg par l'entremise des représentants de la firme Tandem de Vincent Lacroix n'ont pas droit, eux, de se faire dédommager par le Fonds d'indemnisation de l'Autorité des marchés financiers.

Ainsi en a décidé l'Autorité des marchés financiers (AMF), l'organisme gouvernemental chargé de protéger les investisseurs contre les magouilleurs qui travaillent dans l'industrie de la distribution de produits et services financiers.

Sur le site Internet de l'AMF on nous dit pourtant que: «L'Autorité des marchés financiers dédommage les victimes de fraude, de manoeuvres dolosives (opérations malhonnêtes) ou de détournement de fonds survenus lorsqu'elles font affaire avec les personnes et les entreprises autorisées à exercer en vertu de la Loi sur la distribution de produits et services financiers.»

Les cabinets de représentants en épargne collective comme Gestion du patrimoine Tandem sont justement couverts par cette loi provinciale.

En rejetant les demandes d'indemnisation des clients de Gestion du Patrimoine Tandem, la direction de l'AMF refuse par le fait même de faire le lien entre le Vincent Lacroix qui administrait et dirigeait la firme de représentants Gestion du Patrimoine Tandem et le Vincent Lacroix qui gérait les fonds Évolution et Norbourg.

Autrement dit, même s'il s'agit de la même personne, l'AMF ne reconnaît pas que le Vincent Lacroix de la firme Tandem qui moussait la vente des fonds Évolution et Norbourg était au courant des détournements d'argent qu'il (Lacroix) effectuait lui-même dans lesdits fonds.

Cela laisse ainsi présager que la direction de l'AMF n'a rien à reprocher au Vincent Lacroix patron de Tandem. Elle ne le blâme que pour les détournements de 130 millions de dollars qu'il a effectués sous son chapeau de gestionnaire des fonds Norbourg et Évolution.

Comble de malchance, avec un tel raisonnement de la part de l'AMF, les clients de Tandem se retrouvent gros Jean comme devant. Car pour être admissible au Fonds d'indemnisation de l'AMF, il aurait fallu que l'AMF reconnaisse que les clients de Tandem avaient été floués par le Vincent Lacroix, patron de Tandem. Or dans la tête de la direction de l'AMF, les clients de Tandem ont seulement été floués par le Vincent Lacroix patron-gestionnaire des fonds Évolution et Norbourg.

Une coûteuse nuance. Les clients de Tandem et les mauvaises langues (dont je suis) diront que l'AMF les prend pour des caves puisqu'il s'agit du même triste individu.

Si l'AMF a accepté de dédommager à hauteur de 31 millions de dollars les 925 clients des cabinets Norbourg Capital et Groupe Furur, lesquels cabinets appartenaient également à Vincent Lacroix, c'est en raison d'un stratagème d'incitatifs financiers.

Le président de l'AMF, Jean St-Gelais explique : «En effet, l'analyse a démontré que Vincent Lacroix et les cabinets Norbourg Capital et Groupe Futur ont mis en place des incitatifs financiers afin de recruter des représentants et favoriser la vente de fonds Norbourg par ceux-ci. Une vingtaine d'entre eux ont ainsi vendu de façon importante ces fonds moyennant certains incitatifs injustifiés. Il appert que la mise en place de ces incitatifs faisait partie d'un vaste stratagème de Vincent Lacroix afin d'alimenter les fonds Norbourg et ainsi s'approprier les sommes.»

Mais que Vincent Lacroix en tant que président et responsable du cabinet de représentants en épargne collective Gestion du Patrimoine Tandem ait fait investir ses clients dans les deux fonds qu'il pillait lui-même à coups de millions de dollars... cela ne contrevient pas à la Loi sur la distribution des produits et services financiers!

Ainsi en ont décidé M. St-Gelais et son équipe de l'AMF. Et conséquemment, les victimes de Tandem ne sont pas couverts par le Fonds d'indemnisation des services financiers (FISF) de l'Autorité.

Un ex-représentant de Tandem, Gilbert Pigeon, avait pourtant déclaré l'automne dernier que «le cabinet Tandem, de par son propriétaire Vincent Lacroix, a trompé ses clients en les invitant par l'entremise des représentants à investir dans des fonds inappropriés et en remettant des relevés erronés et mensongers des investissements.»

Quoi qu'il en soit, j'espère que des ex-clients de Gestion du Patrimoine Tandem vont poursuivre leur bataille contre le refus de l'AMF de les dédommager par l'entremise de son fonds d'indemnisation.

Il faut être tenace. Dans les semaines qui avaient suivi les perquisitions d'août 2005 dans les locaux de l'empire déchu de Vincent Lacroix, l'AMF avait indiqué sur son site Internet que les victimes de Norbourg avaient peu de chance de se faire indemniser par son fonds: «Selon les faits portés à notre attention jusqu'à ce jour, le détournement de fonds allégué (130 millions) a été effectué dans le cadre des activités de conseiller en valeurs mobilières et/ou gestionnaire de fonds, activités qui ne sont pas couvertes par le FISF (fonds d'indemnisation).»

Un an et quelques mois plus tard, l'AMF vient tout de même d'accepter de dédommager 925 victimes. Cela représente à peine 10% des 9200 investisseurs floués par Lacroix. Mais j'y vois un bon début...

Peut-être que le ministre des Finances Michel Audet, lequel est responsable de l'Autorité des marchés, va réussir un de ces jours à convaincre la direction de l'AMF que le Lacroix de Tandem était «possiblement» au courant des détournements de fonds qu'il effectuait sous le chapeau de Norbourg.

Je dis «possiblement» parce que Lacroix a tout de même réussi à se voler lui-même en pillant les fonds dans lesquels il avait investi de sa poche.

Que le combat contre l'AMF se poursuive ! On ne sait jamais.