Tout le monde le dit, tout le monde le sait : il faut exporter.

Tout le monde le dit, tout le monde le sait : il faut exporter.

Et pour devenir un exportateur efficace, il faut investir dans l'innovation, la recherche, la prospection de nouveaux marchés, les gains de productivité, la formation de la main-d'oeuvre, les nouvelles technologies.

Vaste programme, comme dirait l'autre, surtout pour une petite entreprise.

Exporter, cela peut être complexe, comme le montre avec beaucoup de pertinence ce PORTFOLIO PME à l'international.

Les exportateurs doivent se débrouiller dans un dédale de lois, règlements, agences, ministères.

Certes, il reste assez facile, pour une PME québécoise, de se faire une place sur le marché américain.

Grâce au libre-échange, les produits canadiens entrent librement aux États-Unis sans être taxés à la frontière. Les problèmes de distance sont faciles à surmonter : à moins de huit heures de route de Montréal se trouve un marché de 50 millions de consommateurs. Enfin,

l'exportateur canadien ne sera pas trop dérouté par la manière américaine de traiter des affaires.

Mais il en va autrement du Mexique, de la Chine, de l'Inde, du Japon, de l'Allemagne, de la Russie... Il n'est donc pas surprenant que 82 % des exportations canadiennes prennent la route des États-Unis.

La dernière compilation annuelle de Statistique Canada sur le profil des exportateurs contient par ailleurs des données intéressantes sur le poids des PME sur les marchés d'exportation.

Progression encourageante

Ainsi, entre 1998 et 2006, la valeur totale des exportations canadiennes est passée de 294 à 404 milliards, une augmentation de 37 %. C'est une progression très encourageante, mais toutes les entreprises n'en ont pas profité de la même façon.

Le Canada a mis sur pied un Registre des exportateurs, où sont inscrites toutes les entreprises effectuant des exportations d'au moins 30 000 $ par année. Le Registre compte 45 641 entreprises de toutes tailles. On peut les distinguer selon l'importance de leurs ventes à l'étranger.

Il y a d'abord les gros exportateurs, ceux dont la valeur des exportations dépasse 25 millions par année. Ils ne sont pas nombreux : 1829 entreprises, à peine 4 % des entreprises inscrites au Registre. Toutefois, ce petit groupe de gros exportateurs compte à lui seul pour 83 % des exportations canadiennes.

Ces entreprises sont la véritable locomotive du commerce international. Nous venons de voir que les exportations ont grimpé de 37 % entre 1998 et 2006. Le chiffre correspondant, pour les gros exportateurs, est de 42 %. Cela ne laisse pas grand-chose pour les autres.

Dans une deuxième catégorie, on peut distinguer les exportateurs de taille moyenne, ceux dont les exportations se situent entre 5 et 25 millions. Le Registre compte 3806 entreprises répondant à cette définition. La valeur totale de leurs exportations est passée de 36 à 44 milliards, une hausse beaucoup plus modeste de 22 %.

Il y a aussi 6961 petits exportateurs (un à cinq millions). Toujours entre 1998 et 2006, la valeur de leurs ventes à l'étranger est passée de 14,8 à 16,7 milliards, une progression de 13 % seulement.

Enfin, il y a 33 045 très petits exportateurs, des entreprises qui exportent pour moins d'un million de dollars par année. Elles comptent pour 72 % des entreprises inscrites au Registre, mais pour seulement 1,5 % des exportations. La valeur de leurs exportations se situait à 6,2 milliards en 2006, contre 5,8 milliards huit ans plus tôt, une différence de 7 %. Compte tenu de l'inflation, c'est un recul.

Autrement dit, plus vous êtes un exportateur important, plus vous avez de chances de profiter de l'expansion du commerce international.

Grands exportateurs

Ces chiffres pourraient nous amener à conclure que les petites et moyennes entreprises en arrachent sur les marchés d'exportation. Au contraire : une ventilation des entreprises exportatrices en fonction de leur taille (mesurée selon le nombre d'employés) montre que de nombreuses PME parviennent plutôt bien à se tirer d'affaire.

La valeur des exportations est une chose, la taille de l'entreprise en est une autre. Ainsi, on peut trouver de grandes entreprises employant des centaines de travailleurs, mais qui écoulent la presque totalité de leur production sur le marché intérieur.

Par exemple, le Registre des exportateurs compte 2871 entreprises de 200 employés ou plus. Or, près de 40 % de ces entreprises exportent pour moins d'un million de dollars ; grosses entreprises, petits exportateurs.

À l'inverse, il existe de petites entreprises de quelques dizaines d'employés, mais qui exportent la presque totalité de leur production. Ainsi, le Canada ne compte pas moins de 478 entreprises de 50 employés et moins, et qui comptent parmi les gros exportateurs (25 millions ou plus).

Au total, les exportations des PME (moins de 200 employés) ont atteint 227 milliards en 2006. Ce montant représente 56 % de toutes les exportations canadiennes, ce qui n'est pas rien.

Une ombre au tableau, en terminant. Entre 1988 et 2006, les exportations du Québec sont passées de 58 à 71 milliards.

Cette progression de 22 % est nettement plus faible que la moyenne canadienne, de sorte que la position du Québec se détériore. Les exportations du Québec représentaient 20 % du total canadien en 1998, contre 17 % huit ans plus tard.

Si le Québec avait seulement été capable de maintenir ses exportations à leur niveau de 1998, c'est huit milliards de plus qui auraient servi à créer de la prospérité et de l'emploi ici.

Dans ces conditions, ce PORTFOLIO de La Presse Affaires tombe à point. Il est bourré de conseils d'experts, montre comment s'y retrouver dans les nombreux programmes d'aide à l'exportation, examine les aspects culturels des affaires à l'étranger, indique comment tirer profit des foires commerciales.

C'est un outil précieux pour les PME qui envisagent de relever les défis de l'international.

Bonne lecture !