Mardi dernier, la Caisse de dépôt et placement du Québec se retirait du consortium mis sur pied en avril dernier avec l'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada et le fonds américain de placements privés Kohlberg Kravis Roberts dans le dessein de présenter une offre d'achat pour acquérir Bell Canada et la privatiser.

Mardi dernier, la Caisse de dépôt et placement du Québec se retirait du consortium mis sur pied en avril dernier avec l'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada et le fonds américain de placements privés Kohlberg Kravis Roberts dans le dessein de présenter une offre d'achat pour acquérir Bell Canada et la privatiser.

Le retrait de la Caisse laisse ainsi le chemin libre aux caisses de retraite ontariennes (Teacher's, Omers) et aux fonds américains de placements (KKR, Cerberus, Providence Equity) de mettre le grappin sur la plus grande société canadienne du secteur des télécommunications.

La destinée de Bell Canada, dont le siège social est Montréal, risque donc d'être détenue dans un proche avenir par des groupes d'investisseurs ontariens et américains.

Que le Québec, par l'intermédiaire de la Caisse et des autres investisseurs institutionnels québécois (Fonds de solidarité de la FTQ, le Mouvement Desjardins, Société générale d'investissement, etc.) soit maintenant totalement absent de la course à l'acquisition de Bell Canada ne semble aucunement déranger le gouvernement Charest ni les partis d'opposition, adéquistes et péquistes.

Ni les grands syndicats d'ailleurs. Pourtant, au Québec seulement, Bell Canada emploie quelque 17 200 personnes, soit près du tiers de son personnel total.

Les temps ont bien changé depuis que l'ancienne direction Jean-Claude Scraire – Michel Nadeau de la Caisse a mené (avec la bénédiction du gouvernement péquiste) de concert avec la famille Péladeau une lutte à finir pour permettre à Quebecor d'acquérir Vidéotron et Groupe TVA et ainsi éviter que ces joyaux passent sous le contrôle d'investisseurs ontariens, tel Rogers Communications.

Oui! la Caisse et Quebecor ont payé trop cher pour cette acquisition. Mais, à leur décharge, il faut se rappeler que cette acquisition a été effectuée en l'an 2000, en pleine bulle internet, haute technologie et communications.

Et tous les gros investisseurs internationaux se sont fait avoir à l'époque. Quoi qu'il en soit, la Caisse est tout de même en train de récupérer au fil des ans la valeur de son investissement initial de trois milliards, Quebecor Média étant devenue une société fort rentable sous la direction de Pierre Karl Péladeau!

Sous l'ancienne administration Scraire-Nadeau, la Caisse de dépôt jouait un rôle interventionniste dans le paysage économique du Québec. Mais cette époque est révolue. C'est du passé.

Sous l'administration actuelle d'Henri-Paul Rousseau, la Caisse met tous ses efforts et ses priorités sur son rôle de gestionnaire de portefeuille de placements. C'est très bien ainsi. Cela ne l'empêche pas pour autant d'investir dans des entreprises québécoises qui sont susceptibles d'offrir une bonne performance.

Or côté performance boursière, et ce depuis l'arrivée de Michael Sabia en avril 2002 à titre de président et chef de la direction de la compagnie, Bell Canada a fait piètre figure jusqu'à... tout récemment.

C'est ce qui doit vraisemblablement expliquer pourquoi la Caisse a, en 2006, réduit à néant sa position dans le capital-actions de Bell Canada. Le 31 décembre 2002, la Caisse détenait un bloc de 15,4 millions d'actions de Bell, pour une valeur de 439,4 millions (28,53$ l'action).

À la fin de 2003, la position dans Bell fondait à 8,8 millions d'actions, pour une valeur de 255,5 millions.

En 2004, la Caisse continuait de réduire sa position de 1,6 million d'actions et en 2005 elle y allait d'une vente additionnelle de 6,3 millions d'actions, pour boucler l'année avec seulement 890 826 actions de Bell dans son gigantesque portefeuille.

Le 31 décembre 2006 : la Caisse ne détenait plus aucune action de la plus grande société canadienne des télécommunications.

On ne sait pas si la Caisse a racheté des actions de Bell depuis le premier janvier dernier. On nous le souhaite parce que depuis la fin mars, l'action de Bell Canada (BCE) a bondi plus de 30%, passant de 30$ à 40$ pièce.

Chose certaine, la Caisse ne s'est sûrement pas retirée de la course à l'acquisition de Bell Canada pour des raisons de perspectives négatives face au secteur des télécommunications puisqu'elle y détient des positions importantes.

Mais c'est à l'étranger que ses placements dans le capital-actions d'entreprises de télécommunications sont les plus imposants. En date du 31 décembre dernier, la valeur de ces placements étrangers dans les télécoms inscrites en Bourse dépassait 1,2 milliard de dollars.

Au Canada, la valeur de ses placements boursiers dans les entreprises offrant des services de téléphonie plafonnait à environ 600 millions de dollars, cela incluant la position (51 millions) que la Caisse détient dans la filiale Videotron Telecom, de Quebecor Média.

Vu la force de frappe de Bell Canada dans les télécommunications québécoises et canadiennes, il est à souhaiter que la Caisse ou une autre grande institution québécoise trouve le moyen de s'associer financièrement au groupe «étranger» qui fera l'acquisition de Bell Canada.

C'est beau de détenir des actions des sociétés de télécommunications américaines, européennes, chinoises, japonaises... mais un peu de nationalisme économique ne fera pas de tort à personne!

Si Teachers (l'actuel plus gros actionnaire de Bell) et les gros fonds privés américains convoitent Bell c'est parce qu'ils pensent effectuer un sacré bon placement.

Et comme les gestionnaires de Teachers et de ces fonds américains se classent parmi les meilleurs au monde... il est où le BUZZZZ de la Caisse et des autres investisseurs québécois avec Bell ?

Qu'on n'aime pas l'actuelle direction de Bell n'est sûrement pas un argument de boycott valable. Ça se change des directions...