Les taux d'intérêt grimpent en Europe et en Asie. Les ventes de grosses bagnoles et le prix des maisons chutent aux États-Unis. L'économie mondiale ralentit Oh! que oui, ça va mal! Mais la planète change en cette période trouble, et parfois pour le mieux.

Les taux d'intérêt grimpent en Europe et en Asie. Les ventes de grosses bagnoles et le prix des maisons chutent aux États-Unis. L'économie mondiale ralentit Oh! que oui, ça va mal! Mais la planète change en cette période trouble, et parfois pour le mieux.

Lorsqu'une pluie de mauvaises nouvelles s'abat sur nous, on ne voit plus que cela. Et les consommateurs sont soumis à un déluge sans merci ces temps-ci:

- Le baril de pétrole à plus de 145$US (jeudi dernier);

- L'essence à 1,50$ le litre à Montréal la semaine dernière, et à 2,50$ (1,60) le litre dans plusieurs villes d'Europe;

- Les prix des maisons en baisse de 17% aux États-Unis depuis leur sommet (chiffres de mai), effritant la confiance des ménages déjà minée par les prix de l'essence;

- La Banque centrale européenne qui hausse son taux directeur jeudi, emboîtant le pas aux banques centrales de l'Inde, de Suède, du Mexique et de plusieurs pays qui espèrent ainsi mater l'inflation causée en partie par la flambée des cours pétroliers.

Le ciel économique au-dessus de nos têtes est aussi noir que les sables bitumineux d'Alberta. Or, le «nouveau choc pétrolier» provoque aussi des changements rapides et profonds qui laissent présager une embellie à l'horizon.

Fini les subventions

En fait, il y a bien eu ces derniers jours des nouvelles encourageantes dont on parle peu chez nous contrairement à chaque hausse de 5 cents du litre d'essence. En voici quelques-unes:

1) Plusieurs pays d'Asie, consommant le tiers du pétrole mondial, mettent fin les uns après les autres aux subventions pour les carburants. Après la Chine et l'Inde, qui ont amorcé ce mouvement, le dernier à agir, la semaine dernière, a été le Pakistan. Plusieurs pays asiatiques, rappelons-le, subventionnent massivement les carburants et le gaz. Sans ces aides, des milliers de véhicules ne seraient pas sur les routes.

Ces subventions coûtent cher à l'État, gonflent artificiellement la demande et profitent surtout aux classes aisées.

Les pauvres, qui n'ont pas de véhicules, pâtissent surtout du renchérissement de l'alimentation, qui, selon la Banque mondiale, absorbe 50% de leurs revenus.

Mais on a enfin compris. Malgré un certain mécontentement populaire, les gouvernements ont mis la hache dans ces subventions, ce qui aidera à contenir la demande mondiale, selon les analystes.

2) Les ventes de VUS de Ford aux États-Unis ont chuté de 55% en juin, et les ventes de 4X4 de GM et Chrysler sont aussi en forte baisse. À court terme, ces chiffres sont désastreux pour l'industrie automobile. Mais ils témoignent d'un changement majeur du comportement des automobilistes.

Pour la première fois depuis 1979, les Américains conduisent moins. Selon un sondage de l'Associated Press, 73% des habitants indiquent avoir réduit leur usage de l'automobile. Et selon le USA Today, 71% songent à acheter une voiture qui consomme moins. Sans oublier que les efforts visant à réduire la vitesse sur les routes commencent à porter leurs fruits, ajoute le lobby écologiste ASE (Alliance to Save Energy).

Parallèlement, General Motors, le fabricant du boulimique Hummer, songe à commercialiser aux États-Unis la Chevrolet Beat, une microvoiture peu gourmande, a révélé l'agence Bloomberg jeudi. GM comptait initialement vendre ce véhicule en Europe et en Asie uniquement.

Donc beaucoup de changements aux retombées parfois lointaines, mais qui finiront par avoir un impact réel.

Les États-Unis achètent 20 millions de barils de brut par jour (MBJ), soit près du quart de la production mondiale. Or, une baisse de 5 à 10% de la consommation américaine entraînerait une économie de 1 MBJ, soit plus que la hausse de la demande mondiale en 2008 prévue par l'Agence internationale de l'énergie.

3) Autre nouvelle prometteuse: les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables ont atteint 150 milliards US en 2007, selon un rapport de l'ONU paru la semaine dernière. Cela représente une hausse de 60% par rapport à l'année précédente et d'environ 120% en deux ans!

Embellie?

En somme, il y a bel et bien de bonnes nouvelles sur le front énergétique.

Aussi l'éditeur du site web CNNMoney, Geof Colbin, refuse de céder à la morosité ambiante. Voici d'ailleurs son scénario «antiapocalyptique» pour l'économie américaine cet automne:

1) Les prix des maisons se stabiliseront aux États-Unis avec le retour des chasseurs d'aubaines;

2) Le secteur financier finira par nettoyer son bilan des prêts-poubelles (subprimes et autres);

3) La bulle pétrolière va éclater avec l'accroissement de la production et une baisse de la demande mondiale;

4) Le chômage américain va redescendre;

5) La consommation reprendra graduellement.

Trop rose à votre goût, cette boule de cristal? Peut-être. Mais pourquoi se priver d'un petit rayon de soleil?