La carrière extraordinaire de Conrad Black est un sujet absolument fascinant.

La carrière extraordinaire de Conrad Black est un sujet absolument fascinant.

Un bref retour sur les événements permet de voir comment il a construit son empire et comment il en est venu à confondre ses propres intérêts avec ceux de milliers de petits actionnaires.

25 août 1944

Naissance de Conrad Black à Montréal, dans un milieu aisé.

1952

Le petit Conrad est séduit très tôt par l'univers de la finance. À 8 ans, il achète ses premières actions à la Bourse.

1958-1965

La période scolaire de Conrad Black est turbulente. À 14 ans, il est renvoyé de son collège pour trafic de résultats d'examens. Plus tard, il sera également renvoyé d'un autre établissement pour insubordination.

1966

Avec deux associés, il achète un petit hebdo d'Estrie, le Eastern Townships Advertiser.

1969

Il tente un plus grand coup en achetant le quotidien anglais de Sherbrooke, le Record. Le journal est virtuellement en faillite. Black le remet rapidement sur le chemin de la rentabilité.

1970

Entre-temps, le jeune homme d'affaires s'est remis sérieusement aux études, et termine son droit à l'Université Laval.

1973

Un pied dans les affaires, un autre dans les études, il obtient une maîtrise en histoire de McGill.

Juin 1976

Conrad Black perd son père. À 31 ans, il hérite de participations dans la société de holding Ravelston qui, par le biais d'Argus Corporation, contrôle des sociétés comme les magasins Dominion (une des plus importantes chaînes d'alimentation de l'époque) et le fabricant d'équipement agricole Massey-Ferguson. Il hérite aussi de la société minière Hollinger, dont il fera plus tard le puissant holding que l'on sait. Le nom de Conrad Black commence à circuler dans les milieux d'affaires.

1977

Il publie son premier ouvrage, une monumentale biographie de Maurice Duplessis.

Juillet 1978

Il profite du décès de deux associés pour prendre le contrôle d'Argus dans des conditions équivoques (les deux veuves prétendront longtemps avoir été flouées).

1979-1985

Au début des années 80, Black commence à acheter des hebdos un peu partout au Canada. Mais de cette époque, on retient surtout deux événements. Le financier se départ au bon moment des actions de Massey-Ferguson. Surtout, il a été mis sur la sellette lorsque Dominion a voulu pirater la caisse de retraite de ses employés. L'affaire ira jusqu'en Cour suprême, et Dominion sera condamnée à tout rembourser. En 1985, à la suite d'une série d'achats, Conrad Black est devenu un nom dans le monde canadien de l'édition.

1985

Il entre par la grande porte sur le marché britannique avec l'achat du Daily Telegraph de Londres. Il impose des méthodes de redressement sévères, incluant compressions et licenciements. La même recette sera appliquée dans beaucoup d'autres journaux.

1985-2001

Ce sera une vague déferlante d'acquisitions, surtout aux États-Unis et au Canada, où Black se spécialise dans les journaux desservant des marchés captifs. Mais il ne dédaigne pas les grands titres: Chicago Sun-Times, Jerusalem Post. Entre-temps, il prend le contrôle du groupe Southam et lance le National Post. En 1990, Conrad Black, avec ses 400 journaux, est devenu un des plus grands magnats de presse de tous les temps. Il ne fait pas qu'acheter, il vend aussi, et à prix d'or. Les gens ne le savent pas encore, mais les généreuses commissions que Black se verse à lui-même, dans le cadre de ces transactions, sont à l'origine de sa déchéance.

2001

Black est au sommet de sa gloire, Il fraie avec les grands de monde, a ses entrées dans les milieux politiques bien branchés, est comblé d'honneurs et acquiert même le titre de Lord Black of Crossharbor (pour cela, il doit renoncer à la citoyenneté canadienne).

Mai 2003

Un important actionnaire américain pose des questions embêtantes sur les commissions réalisées par Black lors de transactions au nom de Hollinger. La société forme un comité d'enquête. En novembre, le comité remet son rapport. Il est accablant, mais Black prend la chose à la légère. À la même époque, en grande forme, il lance une biographie de son héros, Franklin D. Roosevelt. Mais c'est son chant du cygne, le véritable début de la fin. À partir de novembre 2003, en l'espace de quatre ans à peine, tout s'effondre. Pour la suite des choses, je vous invite à lire la chronologie ci-haut.