De toutes les grandes entreprises de l'industrie canadienne de la télévision et du cinéma, les deux plus rentables sont d'ici: Quebecor Média et Astral Média.

De toutes les grandes entreprises de l'industrie canadienne de la télévision et du cinéma, les deux plus rentables sont d'ici: Quebecor Média et Astral Média.

Quebecor Média est la championne, toutes catégories confondues: la filiale de l'empire Quebecor a réalisé l'an dernier un bénéfice d'exploitation de 733 millions de dollars sur des revenus totaux de 2,7 milliards. Sur chaque dollar de revenu, Quebecor Média a ainsi encaissé un bénéfice d'exploitation de 27,1 cents.

Mais au chapitre du ratio bénéfices/revenus, Quebecor Média se fait légèrement dépasser par Astral Média, qui a réussi le tour de force de réaliser un bénéfice d'exploitation de 28,4 cent par dollar de revenus. Astral Média détient au Québec plusieurs chaînes spécialisées et chaînes de télévision payante, dont VRAK.TV, Canal Vie, Canal D, Musique Plus, Télétoon, Super Écran et son pendant anglophone, The Movie Network.

Côté volume d'affaires, c'est toutefois Rogers Communications, le numéro un de la câblodistribution au Canada, qui arrive en tête au pays, avec des revenus de 7,5 milliards. Rogers présente le deuxième bénéfice d'exploitation en importance(693 millions). Toutefois, on remarquera que celui-ci plafonne à seulement 9,2 cents par dollar de revenu brut, soit la deuxième plus faible rentabilité des 14 entreprises de l'industrie de la télévision et du cinéma au Canada inscrites en Bourse.

Pas assez rentables?

Les télédiffuseurs se plaignent de plus en plus du fractionnement des auditoires et conséquemment, du fractionnement des revenus de publicité, lesquels représentent au Canada, selon Quebecor, une manne de quelque 12 milliards de dollars par année.

Mais... où est le drame?

Les télédiffuseurs privés appartiennent tous à des conglomérats qui possèdent une panoplie de médias: soit des chaînes de télévision conventionnelles, des chaînes de télé spécialisées ou payantes, des portails Internet, des stations de radio, des journaux, des magazines, des maisons de production télévisuelle, des services de vidéo sur demande, etc. Plusieurs conglomérats possèdent également des filiales de câblodistribution ou de télédistribution par satellite.

Prenons l'exemple de TVA, qui vient de remercier une vingtaine d'employés, dont trois hauts dirigeants. La filiale de Quebecor Média enregistre une baisse des recettes de publicité à la télévision conventionnelle. Mais si les recettes de publicité augmentent du côté de ses canaux spécialisés, tels LCN, les chaînes Mystère et Argent, l'entreprise n'est pas perdante! Qui plus est, comme Groupe TVA fait partie de l'empire de Quebecor Média, il faut analyser cette baisse des recettes à TVA dans une perspective plus globale.

Comme on sait, Quebecor Média est un fleuron de la convergence avec ses multiples filiales: le câblodistributeur Vidéotron (télé, Internet, téléphonie, télécommunications d'affaires); les vidéoclubs de la chaîne SuperClub Vidéotron; les journaux de la filiale Sun Media (Journal de Montréal, Journal de Québec, les journaux Sun, etc.), le portail Internet Canoë et ses multiples sites; l'agence de technologies interactives Nurun; le Groupe Archambault (livres, disques, etc.); une multitude de magazines.

Les ventes de publicité pendant la diffusion des émissions de TVA peut bien baisser quelque peu mais l'empire y gagne quand même s'il récolte, comme c'est le cas, plus de revenus par l'entremise de son service de vidéo sur demande Illico télé numérique, de son Canal VOX, des chaînes spécialisées de TVA et de ses divers autres services qui ont un lien direct avec la télévision...

Dans un document de quelque 520 pages qui a été remis en mars dernier aux autorités boursières américaines, la direction de Quebecor Média explique notamment les grands avantages de posséder un portefeuille aussi diversifié de médias et de plateformes de diffusion.

1. Cela permet à Quebecor Média d'effectuer une promotion croisée des programmes et des services offerts par ses divers médias et plateformes.

2. L'entreprise peut ainsi offrir aux annonceurs un guichet unique qui leur permet d'annoncer à la fois dans les divers médias et plateformes de l'entreprise.

Pression sur les producteurs

Prétextant que la série dramatique Vice caché lui coûtait trop cher par rapport aux recettes publicitaires que l'émission recueillait, la direction de TVA a décidé le printemps d'y mettre prématurément fin. Même chose avec la série de Fabienne Larouche, Un homme mort.

En agissant ainsi, TVA met de la pression sur les producteurs de séries pour qu'ils leur présentent des projets de dramatique non seulement moins coûteux mais également plus souples en matière des droits de diffusion. Remarquez que le principal concurrent de TVA, Radio-Canada, souhaite également mettre en ondes des séries dramatiques à budget plus modeste et à diffusion sur plusieurs plateformes.

Même si TVA lui a coupé sa série Vice caché, Jocelyn Deschênes, le patron de Sphère Média, ne manifeste aucune rancune. M. Deschênes convient qu'il faut réviser toute la question des droits de diffusion. À l'heure actuelle, les ententes avec les diffuseurs prévoient généralement deux diffusions d'une série dramatique.

En raison de la mise en place des multiples plateformes de diffusion (télé conventionnelle, télé payante, télé spécialisée, Internet, iPod, vidéo sur demande, etc.), M. Deschênes croit en la nécessité de conclure de nouveaux partenariats avec les diffuseurs.

En contrepartie d'une cession élargie de droits, il faudra que les diffuseurs, dit-il, acceptent par contre de verser des montants additionnels, notamment aux acteurs et auteurs des séries dramatiques. Des négociations à ce chapitre sont actuellement en cours entre l'Union des artistes, la SARTEC (auteurs) et l'APFTQ (producteurs de films et de télévision).