À la suite de sa débandade de 8,8 %, la capitalisation boursière de la Bourse de Shanghai, soit la valeur totale des actions qui y sont négociées, a fondu lundi dernier de 80 milliards US.

À la suite de sa débandade de 8,8 %, la capitalisation boursière de la Bourse de Shanghai, soit la valeur totale des actions qui y sont négociées, a fondu lundi dernier de 80 milliards US.

Dans les 24 heures qui ont suivi, les grandes places boursières de partout à travers le monde ont emboîté le pas et elles ont vu leur capitalisation boursière fondre à leur tour de 3,5 %, soit de 1750 milliards US. Vous avez bien lu: en perdant 80 milliards, la Bourse de Shanghai a entraîné un effondrement mondial de 1750 milliards US sur les parquets boursiers mondiaux!

Première chinoiserie: comment une si petite Bourse comme celle de Shanghai, dont la capitalisation dépassait à peine les 900 milliards US, a pu influencer à ce point de grandes Bourses comme New York, Londres, Tokyo dont la capitalisation globale s'élève à quelque 50 000 milliards US?

Deuxième chinoiserie : comment peut-on arriver à faire perdre aux investisseurs deux fois plus d'argent (soit 1750 milliards) que la valeur globale (900 milliards) de la Bourse chinoise?

Troisième chinoiserie : comment peut-on attribuer à la Bourse chinoise la responsabilité de l'effondrement généralisé des Bourses américaines, européennes et japonaises alors que la presque totalité des investisseurs de par le monde n'ont pas un cent d'investi dans les entreprises cotées à la Bourse de Shanghai?

Comme vous pouvez le constater, il y a quelque chose qui cloche dans la spectaculaire correction boursière de cette semaine. La Bourse de Shanghai a eu beau tripler de valeur au cours des 12 derniers mois, son poids n'en demeure pas moins marginal, n'accaparant que 1,8 % de la capitalisation boursière mondiale. Sa réelle influence sur les marchés boursiers mondiaux? Elle est encore plus marginale puisqu'à peine une poignée d'investisseurs étrangers ont des dollars d'investis dans les entreprises qui y sont inscrites.

En reculant de 8,8 %, la Bourse de Shanghai a fait momentanément perdre sur papier 80 milliards US aux investisseurs chinois. Comme ces investisseurs n'ont pour la grande majorité par un cent d'investi sur les marchés boursiers hors Chine, leur soudain appauvrissement de lundi ne peut expliquer d'aucune façon l'effondrement mondial des grandes places boursières. Cela dit, la Bourse de Shanghai méritait sa vive correction locale en raison de la vague de spéculation qui déboussolait le marché tout en le surchauffant.

Finalement, le seul lien qu'il semble y avoir entre l'effondrement de la Bourse de Shanghai et la débandade des grandes places boursières internationales réside dans la recherche d'une " excuse " pour provoquer une correction.

Les grandes corrections boursières, à la baisse comme à la hausse, sont toujours enclenchées par les gestionnaires de portefeuilles institutionnels, soit des caisses de retraite, des fonds communs de placement, de grandes fortunes privées, etc.

Depuis l'automne dernier, tous les indices des grandes places boursières américaines, européennes, asiatiques, canadiennes ont fortement grimpé. Même chose du côté des marchés émergents.

Les analystes des maisons de courtage et les gestionnaires de portefeuilles institutionnels s'arrachaient les cheveux pour essayer de trouver des secteurs et des entreprises non encore surévalués en Bourse. Nombre d'entre eux multipliaient les avis de prudence.

Lorsque survient une correction à la baisse, on assiste à une sorte de course contre la montre entre les grands joueurs, soit les gestionnaires de portefeuilles, les gros spéculateurs des hedge funds. S'activent également les programmes de transactions informatisées. C'est à celui qui vend le premier dans le dessein de racheter les mêmes actions ou les mêmes indices au plus bas prix possible.

La brutale correction que l'on a subie mardi dernier a probablement permis à bien des gestionnaires institutionnels de réinvestir une partie des vastes liquidités qu'ils avaient accumulées au fil des mois à la suite de substantielles prises de profit.

Au plan fondamental, il y a tout de même de multiples raisons qui justifient la débandade mondiale de mardi dernier : selon l'ancien président de la Réserve fédérale, Alan Greenspan, les États-Unis seraient aux prises avec un " risque de récession " lié notamment à l'essoufflement du marché immobilier; les achats d'équipement par les entreprises américaines sont inférieurs aux attentes des analystes; les valeurs boursières cycliques étaient devenues très vulnérables à des prises de profits; la crainte d'un fort ralentissement de la croissance aux États-Unis gagne de plus en plus d'adeptes; l'euphorie économique chinoise ne peut perdurer indéfiniment; etc.

Hier, la baisse généralisée des marchés s'est poursuivie. Par rapport aux récents sommets historiques des grands indices boursiers, il faudrait idéalement une correction d'au moins 10 %... pour attirer de nouveau les vastes liquidités qui traînent dans les coffres des investisseurs institutionnels.

Pour la Bourse de Toronto, cela signifierait un recul du S&P/TSX Composite de 1340 points, l'indice passant de 13 404 à 12 064 points. Son niveau actuel s'élève à 12 863 points, soit en recul d'à peine 4 % par rapport à son sommet record.

Du côté du baromètre américain, le Dow Jones, une chute de 10 % ramènerait le Dow Jones au niveau des 11 500 points, soit 1286 points de moins que son récent sommet historique de 12 786 points. Le Dow Jones a fermé hier à 12 114. Ce qui représente un recul de 5,3 % par rapport à son sommet.

Théoriquement, la correction devrait se poursuivre Mais si vous voyez des aubaines, rien ne vous empêche d'en accumuler à petite dose!