Tous ceux qui s'intéressent aux défis du commerce international savent que le Québec est de plus en plus déficitaire dans ses échanges avec l'étranger.

Tous ceux qui s'intéressent aux défis du commerce international savent que le Québec est de plus en plus déficitaire dans ses échanges avec l'étranger.

Il s'agit là d'une situation relativement récente. Historiquement, le Québec a toujours été un gros exportateur de ressources: bois, papier, mines et métaux, électricité; à ces secteurs traditionnels sont venus s'ajouter avec le temps des produits à haute valeur ajoutée, notamment dans les secteurs de l'aéronautique, des transports en commun, des biotechnologies.

Jusqu'à la fin des années 90, la valeur des exportations internationales québécoises couvrait largement le coût des importations.

Puis, graduellement, le surplus commercial a commencé à décliner, pour s'effacer presque complètement en 2003.

L'année suivante, en 2004, le Québec enregistrait son premier déficit commercial, à 578 millions. Depuis ce temps, la situation se détériore à une vitesse affolante. L'an dernier, le déficit frisait déjà les 11 milliards.

Comment expliquer une dégradation aussi importante, en si peu de temps?

Le pétrole, voilà le coupable

Entre 2003 et 2007, les exportations québécoises sont passées de 64 à 70 milliards.

C'est bien, mais c'est largement insuffisant pour compenser la hausse des importations qui, pendant la même période, ont bondi de 64 à 81 milliards (d'où le trou de 11 milliards, dont nous venons de parler).

Le pétrole brut est le premier produit d'importation du Québec, loin devant les automobiles. Le gaz et les chars!

Ce pétrole est importé par les entreprises installées au Québec (Ultramar à Saint-Romuald, installations de Montréal-Est) qui le raffinent avant de le mettre en marché.

Le Québec est de plus en plus lourdement dépendant de ces importations, qui ont littéralement explosé depuis une dizaine d'années.

En 1998, l'ensemble des importations québécoises de pétrole brut se situait à 2,5 milliards; l'an dernier, on frisait les 14 milliards, une hausse de 457%.

C'est évidemment la poussée des prix pétroliers, un phénomène sur lequel le gouvernement québécois n'a aucune emprise, qui explique cette vertigineuse ascension.

Et ce n'est qu'un début

En 2007, le prix moyen du baril de pétrole se situait à 73$. Aujourd'hui, il est de 119$, et tous les experts s'entendent pour dire qu'il n'est pas près de redescendre.

Il serait assez hasardeux d'avancer des projections à partir de ces données. Mais on peut quand même donner un ordre de grandeur: à un prix moyen de 119$ le baril, il faudrait s'attendre à ce que le déficit commercial québécois oscille aux alentours de 20 milliards en 2008.

Une catastrophe: cela veut dire qu'à chaque minute qui passe, 2,3 millions de dollars quittent le Québec pour créer de l'emploi et de la prospérité ailleurs.

S'il veut éviter cela, le Québec n'a pas beaucoup de choix. Il doit à la fois augmenter ses exportations (chaque dollar d'exportation crée de la richesse ici) et diminuer sa dépendance pétrolière.

Dans les deux cas, cela ne se fera pas du jour au lendemain. Pour augmenter les exportations, il faut réaliser des gains de productivité, accentuer la prospection des marchés, accroître les efforts de recherche scientifique et de développement technologique, entre autres.

Pour ce qui est de la dépendance pétrolière, le Québec, en un sens, est chanceux: il n'a pas besoin d'importer du pétrole pour produire de l'énergie et de la chaleur, contrairement à d'autres sociétés qui dépendent de centrales thermiques. Son hydroélectricité lui fournit tout cela.

L'essentiel du pétrole brut importé vise donc à satisfaire les besoins du transport. Pour réduire leur dépendance, les Québécois devront diminuer leur consommation et développer les transports en commun.

D'où vient tout le pétrole acheté par les raffineries pétrolières? Du Mexique? De l'Alberta? Du Venezuela? Pas du tout.

Le Mexique et le Venezuela sont de tout petits fournisseurs: ensemble, leurs exportations de pétrole au Québec n'atteignent même pas 800 millions, à peine 6% des importations totales.

Le pétrole albertain est surtout destiné au marché américain; sur le marché canadien, il se rend jusqu'à Sarnia, en Ontario.

C'est un fait peu connu, mais le Québec achète 36% de son pétrole en Algérie, son premier fournisseur depuis 2003. L'an dernier, les ventes de pétrole algérien au Québec ont dépassé les cinq milliards.

Au deuxième rang, on retrouve les deux principaux producteurs de la Mer du Nord: Royaume-Uni et Norvège, avec respectivement 3,9 et 2,2 milliards.

Ce n'est pas une surprise: avant d'être supplantés par l'Algérie, ces deux pays ont été responsables pendant des années de plus de la moitié des importations québécoises de pétrole, et demeurent des fournisseurs importants.

Enfin, autre fait peu connu, un nouveau joueur, l'Angola, est devenu en 2007 le quatrième fournisseur québécois de pétrole, avec des ventes de un milliard.