De toutes les villes canadiennes, c'est à Montréal et à Québec que l'on paye le litre d'essence le plus cher au Canada. C'est ce que révélait mardi dernier le ministère fédéral des Ressources naturelles, dans son relevé national du «Prix des carburants au détail par province».

De toutes les villes canadiennes, c'est à Montréal et à Québec que l'on paye le litre d'essence le plus cher au Canada. C'est ce que révélait mardi dernier le ministère fédéral des Ressources naturelles, dans son relevé national du «Prix des carburants au détail par province».

Le prix du litre d'essence "moyenne" atteignait 1,56$ à Montréal et 1,55$ à Québec, dépassant ainsi de 2 cents le prix de l'essence à Labrador City. L'essence moyenne se situe entre l'ordinaire et la super.

Et la région de Montréal détient pour sa part le record national des taxes les plus élevées perçues sur le litre d'essence vendu au Canada, tant de l'est à l'ouest, que du sud au nord. On y percevait mardi dernier 44,5 cents de taxes sur le litre d'essence moyenne vendu à 1,56$.

Il faut dire que Montréal détient une particularité bien à lui: depuis janvier 1996, la Ville perçoit une taxe de 1,5 cent le litre d'essence dans le but de pourvoir au financement de l'Agence métropolitaine de transports. Résumons le portrait des taxes perçues à Montréal sur le prix de l'essence.

Au chapitre des taxes fixes, il y a la taxe d'accise fédérale de 10 cents le litre, la taxe d'accise spécifique du Québec de 15,2 cents le litre et la taxe du transport montréalais de 1,5 cent le litre. S'ajoutent ensuite dans le décompte de la taxation du prix de l'essence, la TPS fédérale à 5% et la TVQ provinciale à 7,5%.

J'aimerais ici préciser que la TPS est appliquée sur le prix brut de l'essence additionné des taxes fixes. Et la TVQ, elle, est encore plus gourmande puisqu'elle taxe la TPS et les taxes fixes, plus, évidemment, le prix brut de l'essence. Au prix de 1,40$ le litre, la TPS revient à environ 6,3% (au lieu de 5%) et la TVQ autour de 10% (au lieu de 7,5%).

Qu'à cela ne tienne, le gouvernement Charest estime que plus le prix du litre d'essence augmente, plus il perd de l'argent. Et par conséquent, il n'est pas question de baisser les taxes provinciales (fixes et TVQ) pour venir au secours des automobilistes et transporteurs (routiers, aériens, ferroviaires, etc.) aux prises avec la flambée des prix du pétrole.

Dans un document remis à La Presse Affaires par le ministère des Finances, les taxes sur les carburants au Québec ont rapporté, lors de l'année terminée le 31 mars 2008, des revenus de 2,35 milliards de dollars, dont 657 millions en TVQ et 1,69 milliard en taxe provinciale fixe.

Cela représente une augmentation de revenu de 210 millions par rapport à l'année 2003-2004, voire une hausse de 9,8%.

Où est le problème? Le ministère des Finances calcule que cette hausse de revenu attribuable à la perception des taxes provinciales sur l'essence est inférieure à la croissance du PIB (produit intérieur brut), lequel a progressé 18,8% lors de la période des cinq dernières années.

Comme les dépenses gouvernementales ont plutôt tendance à augmenter au rythme du PIB, le ministère des Finances en tire ainsi la conclusion que ses dépenses en hydrocarbures (314 millions: parc auto, transport, etc.) ont grimpé en pourcentage plus fortement que les recettes tirées du pétrole.

Plus concrètement, le ministère des Finances a calculé qu'une hausse annuelle de carburant de 5 cents le litre avait pour conséquence de réduire de six millions de dollars le profit que le gouvernement du Québec réalise avec ses taxes sur les hydrocarbures.

De 2003 à aujourd'hui, le prix de l'essence à la pompe a doublé, passant de 76 cents à 1,52$ la semaine dernière.

Suivant la logique du ministère des Finances, le gouvernement du Québec subirait cette année un manque à gagner en revenus de taxes sur le pétrole de quelque 90 millions par rapport à 2003.

Si ça continue, ce n'est pas une baisse de taxes provinciales sur l'essence que le gouvernement du Québec va nous refiler mais plutôt une hausse.

Chers automobilistes, faisons le mort!