De mémoire, c'est l'une des rares fois depuis le krach de 1987 qu'une campagne REER se déroule dans une période de si grande déprime boursière de la part des épargnants.

De mémoire, c'est l'une des rares fois depuis le krach de 1987 qu'une campagne REER se déroule dans une période de si grande déprime boursière de la part des épargnants.

À entendre les gens parler de leur portefeuille, on a l'impression qu'ils n'ont jamais fait un cent en Bourse ou avec leurs fonds communs de placement.

Bon! Comme on arrive dans le blitz des deux dernières semaines de la campagne REER, que diriez-vous d'une rapide rétrospective de la performance obtenue par notre industrie des fonds communs au cours des 10 dernières années?

Le rendement passé n'est jamais garant de l'avenir, mais cela aide parfois à mettre les choses dans une plus juste perspective.

N'ayez crainte, je ne ferai pas comme nombre de promoteurs et de conseillers qui se contentent d'attirer l'attention des épargnants avec la performance exceptionnelle de leurs meilleurs fonds de l'année.

Sur les 5000 fonds distribués au Canada, chacune des familles de fonds en a toujours quelques-uns qui, beau temps mauvais temps, se distinguent de la masse en affichant des hausses exceptionnelles. Des exceptions dues surtout à des coups de chance!

Pour évaluer nos chances de succès avec les fonds communs, je préfère miser sur la performance obtenue par le groupe des poches, c'est-à-dire le groupe de fonds qui arrive au 95e centile. Cela a l'avantage de nous donner le pire portrait de ce qui est arrivé depuis les 10 dernières années avec nos placements dans l'industrie des fonds communs.

Et qui dit le pire portrait, dit le «vrai» niveau de risque que les détenteurs de parts ont couru depuis 10 ans. Toutes les données de l'analyse sont tirées des rapports produits par la firme Morneau Sobeco sur la performance des gestionnaires de fonds communs, avant déduction des frais de gestion.

L'analyse porte strictement sur les grandes catégories, telles actions canadiennes, actions américaines, actions mondiales, obligations canadiennes, portefeuilles diversifiés.

Commençons par la catégorie des fonds diversifiés, dont le portefeuille modèle renferme 2% de bons du Trésor, 43% de titres dits à revenu fixe comme les obligations et 55% d'actions (30% d'actions canadiennes, 25% d'actions étrangères).

Lors des 10 dernières années, les pires fonds diversifiés ont rapporté un rendement annuel composé de 5,17%. Combien d'années à rendement négatif ont-ils affichées? Trois sur 10, la contre-performance allant de -2,2% (en 2007) à -9,7% (en 2002). D'accord, on est loin du rendement rapporté par les meilleurs.

Le top 5% des fonds diversifiés présente un rendement annualisé de 11,38% sur la période de 10 ans. Et aucune année dans le rouge.

Du côté de la catégorie des fonds d'actions canadiennes, oh surprise!, même les moins bons fonds présentent une performance digne de mention, le rendement annualisé atteignant les 8,28% pour cette longue période de 10 ans.

Et combien d'années à rendement négatif? Deux sur 10, c'est-à-dire les deux années de l'éclatement de la bulle internet, 2001 (-12,66%) et 2002 (-19,40%). Somme toute, le peloton de queue des fonds d'actions canadiennes s'en tire relativement bien dans les circonstances.

Pour sa part, le top 5% ne présente en 10 ans aucune année à la baisse malgré la déconfiture boursière des années 2001 et 2002. Le rendement annualisé des meilleurs? Rien de moins que 15,62%. C'est la plus lucrative performance de toutes les grandes catégories de fonds.

Autre grande catégorie de fonds très populaire auprès des investisseurs canadiens: les fonds d'obligations canadiennes. Étonnamment, l'écart de rendement annualisé entre les fonds du peloton de queue (95e centile) et ceux du top 5% (5e centile) est relativement mince sur la période des 10 dernières années.

Alors que les meilleurs fonds enrichissaient les détenteurs de parts à hauteur de 6,82% l'an les moins bons suivaient avec un rendement annuel composé de 5,93%. Pendant que les meilleurs n'enregistraient en 10 ans aucune année négative, les derniers connaissaient une seule année dans le rouge, soit en 1999, avec une baisse de 3,71%.

Par ailleurs, l'industrie canadienne du placement avec ses gestionnaires, ses courtiers, ses conseillers et ses planificateurs financiers, a multiplié les efforts ces dernières années pour convaincre les investisseurs de diversifier géographiquement leur patrimoine en investissant dans des fonds de valeurs étrangères (actions, fonds diversifiés, obligations).

Derrière ces efforts, il y avait certes une belle intention, soit celle de nous protéger contre une trop grande concentration de notre patrimoine ou portefeuille en valeurs canadiennes. Est-il important de rappeler que la Bourse canadienne ne compte après tout qu'à peine pour 3% de l'ensemble de la capitalisation boursière mondiale?

Concrètement parlant, est-il opportun de suivre ces conseils de bon père de famille (ou de bonne mère) de nos courtiers, planificateurs et conseillers financiers?

Malheureusement, nos investissements dans les grandes catégories de fonds de valeurs étrangères ont plutôt été moches. Non pas à cause de mauvais placements, mais plutôt à cause de l'effet dévastateur de la dévaluation du dollar américain par rapport à la devise canadienne. Ce qui était imprévisible

Les gestionnaires du peloton de queue des fonds d'actions américaines ont enregistré ces 10 dernières années un rendement annuel composé négatif de 1,32%.

Avec comme triste record sept années négatives sur 10. Pendant ce temps-là, l'indice de référence, le S&P 500 en dollars canadiens, rapportait un rendement annualisé de 2,08%.

Et il bouclait quatre années sur 10 en territoire négatif. La performance du top 5% se résume à 8,22% de rendement annualisé et à une seule année dans le rouge.

Les fonds dits d'actions mondiales, dont les portefeuilles renferment des actions européennes, asiatiques et américaines, présentent une meilleure fiche que les fonds strictement d'actions américaines.

Les gestionnaires du peloton de queue ont rapporté un rendement annualisé de 2,91% sur 10 ans, à comparer à 6,55% pour l'indice de référence (MSCI World) et 9,20% pour le top 5%.