Si l'action de BCE (Bell Canada) se négocie actuellement à 15% d'escompte par rapport au prix offert (42,75$ l'action) dans le cadre du projet de privatisation offert par le consortium dirigé par Teachers', c'est en raison de l'incertitude qui plane sur la faisabilité dudit projet.

Si l'action de BCE (Bell Canada) se négocie actuellement à 15% d'escompte par rapport au prix offert (42,75$ l'action) dans le cadre du projet de privatisation offert par le consortium dirigé par Teachers', c'est en raison de l'incertitude qui plane sur la faisabilité dudit projet.

Nombre d'investisseurs institutionnels craignent que le projet avorte. Si tel était le cas, l'action de BCE piquerait du nez.

Une chose est sûre cependant. Même si le projet de privatisation de BCE devait avorter, les dirigeants de l'entreprise et de ses filiales auront quand même la chance, eux, d'encaisser le prix initialement offert par le consortium dirigé par Teachers', soit 42,75$ pièce pour toutes les unités d'actions qu'ils ont accumulées (1,69 million d'unités) dans le cadre de l'ancien régime d'intéressement à moyen terme.

Qui plus est, les dirigeants de BCE encaisseront même un supplément de prime de 25% sur leurs anciennes unités d'actions, ce qui leur rapportera finalement l'équivalent de 53,43$ l'action. La condition? Ils doivent rester en poste au moins jusqu'au 30 juin prochain.

C'est ce qu'a confirmé à La Presse Martine Turcotte, chef principal du service juridique de Bell Canada.

Le régime d'intéressement des cadres de BCE a été annulé le 31 décembre dernier et la valeur des unités d'actions détenues a été transférée au profit d'une nouvelle politique de maintien en fonction du personnel cadre pendant le processus d'examen stratégique de l'offre de Teachers'.

Au total, 94 dirigeants sont visés par cette nouvelle politique qu'avait adoptée le conseil d'administration de BCE à la suite de l'offre déposée en juin dernier par Teachers'.

Les hauts dirigeants de BCE et de ses filiales se partageront ainsi, au plus tard le 30 juin prochain, la somme globale de quelque 90 millions de dollars, ce qui inclut le supplément de prime de 18 millions, pour être restés en poste.

Appelé à commenter ce traitement spécial accordé aux dirigeants de BCE durant le processus d'examen stratégique de l'offre de Teachers', le directeur général de l'Institut de la gouvernance, Michel Nadeau, estime que c'est inéquitable envers l'ensemble des actionnaires de BCE et totalement inacceptable.

«Si le projet de privatisation de BCE ne se réalise pas, l'action va chuter. Tous les actionnaires vont écoper. Pourquoi, dit-il, en serait-il différemment pour les dirigeants?»

En vertu de quel droit et de quel principe des hauts dirigeants d'une entreprise peuvent-ils recevoir un tel traitement de faveur si le projet d'acquisition avorte? se demande M. Nadeau.

C'est la première fois que M. Nadeau, ex-numéro 2 de la Caisse de dépôt et placement du Québec, voit une entreprise offrir un tel traitement spécial à ses hauts dirigeants.

En ce qui concerne maintenant les autres blocs d'actions que les dirigeants de BCE possèdent, Mme Martine Turcotte affirme qu'aucun traitement spécial (ni garantie de prix minimum) n'a été prévu advenant l'avortement du projet de privatisation de BCE par Teachers' et ses partenaires financiers.

La valeur de leurs actions suivra le prix de l'action de BCE en Bourse. Un point c'est tout.

Les actionnaires de BCE ont-ils raison de craindre le pire, c'est-à-dire l'avortement du projet d'acquisition de BCE par le consortium de Teachers' ou la renégociation à la baisse du prix d'achat de 42,75$?

Non, si l'on se fie au chef principal du service juridique de Bell Canada. Mme Turcotte est en effet persuadée que la mégatransaction de 52 milliards va se conclure d'ici la fin de juin prochain.