Il était minuit moins une lorsque Quebecor a lancé une bouée de sauvetage de 400 M$ à sa filiale Quebecor World, avec l'aide financière du gestionnaire torontois Brookfield Asset Management.

Il était minuit moins une lorsque Quebecor a lancé une bouée de sauvetage de 400 M$ à sa filiale Quebecor World, avec l'aide financière du gestionnaire torontois Brookfield Asset Management.

Nerveux, les banquiers de l'imprimeur veulent retirer leurs billes de l'imprimeur surendetté. Dès mardi, ils menacent de débrancher l'entreprise à moins de récupérer 125 M$ US. Et ce n'est que la première des échéances auxquelles Quebecor World fait face.

Comment le deuxième imprimeur en Amérique du Nord en est-il venu à une situation aussi désespérée? La liste des déconvenues est longue. Celle des mauvaises décisions aussi.

Quebecor a mal planifié ses investissements de modernisation, qui ont grugé ses liquidités. Et l'entreprise a trop tardé à se refinancer. La vente ratée de sa division européenne n'a fait qu'aggraver le problème latent de surendettement.

L'ancien président Wes Lucas mérite de figurer au palmarès des pires PDG de 2007. Cela dit, M. Lucas avait un patron qui devait le surveiller, soit le conseil d'administration présidé par Brian Mulroney. Que faisait-il?

M. Mulroney, on le sait, a été accaparé cet automne par l'affaire Karlheinz Schreiber qui a sérieusement mis en cause sa réputation. Or, la situation gravissime de Quebecor World - qui, par une pure coïncidence, le paie 300 000$ pour présider son conseil! - commandait une attention de tous les instants.

Les compétences du très honorable monsieur, j'insiste, ne sont nullement en cause ici. Mais, dans les circonstances, M. Mulroney n'aurait-il pas mieux fait de céder son poste de président du conseil, ne fut-ce que temporairement? Une question comme cela.

La larme

C'est l'histoire de la larme qui n'a pas coulé mais qui a déclenché un torrent de commentaires délirants sur les ondes de la télé américaine cette semaine.

J'ai réécouté Hillary Clinton sur YouTube pour mieux juger de ce fameux moment d'épanchement. «Ce n'est pas facile», a-t-elle dit d'entrée. Sa voix s'est cassée, ses yeux se sont embués, puis point c'est tout.

Quoi d'étonnant qu'une fissure soit apparue dans la carapace d'une candidate à l'investiture démocrate brûlée par la fatigue? Pourquoi y voir instantanément le jeu calculé d'une actrice machiavélique en quête de pouvoir?

Traitez-moi de naïve si vous voulez, mais j'en ai un petit peu marre des clichés sur les femmes qui ont de l'ambition.

Ces commentaires sont à ranger dans le même tiroir que ceux sur les rides de Hillary Clinton. Non mais, à ce compte-là, vous avez vu la tête de John McCain qui, à 71 ans, est le plus vieux candidat à la présidence des États-Unis?

Il est plus facile d'affirmer que Mme Clinton frime que d'admettre que les sondeurs au New Hampshire étaient complètement dans le champ.

Même en essayant très fort, je ne suis pas capable, sur commande, de faire monter l'eau à mes yeux. Il faut croire que je ne suis pas douée pour être comédienne. Faire semblant de pleurer? Voyons donc.

Ce que toutes les femmes en affaires savent, c'est que pleurer "à la job" équivaut presque à un suicide professionnel. Le sujet est d'ailleurs tabou: une femme confesserait une aventure au party de Noël du bureau avant d'avouer qu'elle a craqué dans une réunion.

Ce qui ne veut pas dire que cela n'arrive pas. «Les cerveaux des femmes et des hommes ne sont pas configurés de la même façon, dit en entrevue téléphonique la psychologue américaine Lois Frankel. Là où les hommes s'emportent, les femmes deviennent émotives.»

Pour l'auteur de Nice Girls Don't Get the Corner Office, entre autres livres d'affaires à succès, ces réactions dissemblables partent souvent du même sentiment de colère et de frustration.

Quoi faire si on craque? Sortir de la salle de réunion et se refroidir les esprits, recommande ce coach pour cadres qui a travaillé pour Lockheed Martin, Miller Brewer et Warner Brothers, entre autres.

Revenir en remerciant les collègues d'avoir patienté le temps qu'on se ressaisisse. Puis expliquer pourquoi ses convictions sont aussi fortes.

«Et surtout ne jamais s'excuser», insiste Lois Frankel.

Le sourire

Appelez cela la bonne nouvelle Tata si vous voulez, mais dans cette grisaille de janvier, dans le brouhaha des prévisions de récession, je trouve formidable la résurrection des Industries Davie.

Je me souviens d'avoir pris le traversier de Québec à Lévis pour aller couvrir une assemblée des créanciers houleuse au tournant de l'an 2000.

Déprimant. À l'époque, il n'y avait plus grand monde qui croyait en l'avenir de ces chantiers maritimes dans lesquels les gouvernements ont englouti des millions et des millions en subventions.

Or, sans trop qu'on s'en aperçoive à Montréal, la situation a changé du tout au tout depuis que l'entreprise norvégienne Teco a racheté, en octobre 2006, les chantiers, modernisés au coût de 20 millions de dollars.

Avec des contrats de 635 M$ US et cinq navires à construire, la Davie recherche actuellement 400 travailleurs, rapportait cette semaine Marc Saint-Pierre du quotidien Le Soleil.

L'entreprise a déjà rappelé 350 travailleurs et certaines de ses listes d'ancienneté sont épuisées. Ainsi, le chantier prévoit employer 900 salariés d'ici l'été prochain. Si ce projet se concrétise, la Davie deviendra le premier employeur manufacturier de la région de Québec.

Pas mal pour de vieux chantiers qui semblaient bons pour la casse.