Selon les analystes de la firme de courtage Marchés mondiaux CIBC, le baril de pétrole brut devrait dépasser les 100 $ US d'ici la fin de l'année prochaine.

Selon les analystes de la firme de courtage Marchés mondiaux CIBC, le baril de pétrole brut devrait dépasser les 100 $ US d'ici la fin de l'année prochaine.

C'est 25 $ US de plus qu'aujourd'hui, soit une hausse potentielle de 33,3% en 12 à 17 mois.

Par extension, si on applique la même hausse à la pompe, cela laisse présager que le litre d'essence pourrait passer de 1,08 $ à 1,35 $ d'ici la fin de 2008.

Est-ce que les analystes de Marchés mondiaux CIBC nous charrient avec leur hypothétique 100 $ US le baril? Avec les pétrolières, tout est possible!

Il y a à peine quatre ans, le baril de pétrole brut se négociait à 30 $ US. Aujourd'hui, il gravite autour de 75 $ US. Personne n'avait prévu que le cours du pétrole allait plus que doubler en si peu de temps.

Imaginez maintenant si la même tendance à la hausse se maintenait pendant les quatre prochaines années! Le pétrole brut pourrait ainsi dépasser les 185 $ US le baril vers juillet 2011 et le litre d'essence les 2,20$. J'ose croire que ces projections sont exagérées. Mais avec les pétrolières...

Facteurs en faveur d'une hausse

En effet, les facteurs qui supportent une autre hausse vertigineuse du baril de pétrole sont malheureusement nombreux: la réduction des exportations des principaux pays producteurs du monde en développement (non membres de l'OCDE) en raison d'une augmentation de la consommation interne; diminution des réserves mondiales puisque le pétrole n'est pas une ressource renouvelable; pression constante à la hausse en raison des inquiétudes géopolitiques qui planent au-dessus des pays membres de l'OPEP; augmentation des coûts de sécurité en raison des attentats terroristes; demande mondiale croissante en raison notamment de l'augmentation de la population et de la croissance dans les pays émergents comme la Chine, l'Inde, etc.; dépréciation du dollar américain; saturation des capacités de raffinage; grands imprévus (conflits armés, ouragans, etc); augmentation des coûts sur toute la chaîne de production, du puits de pétrole à la pompe à essence; etc.

La table étant mise pour les futures hausses du prix de l'essence, il ne faut évidemment pas compter sur les richissimes pétrolières pour modérer leur appétit de profit. On aura constaté ces dernières années que plus le prix du baril augmente, plus elles engrangent de bénéfices.

Les gouvernements? Voyons donc! Plus le prix de l'essence grimpe, plus ils en profitent en raison des lourdes taxes exigées. Pour se donner bonne presse, ils font parfois comme le gouvernement Charest et demandent aux pétrolières de justifier leurs dernières hausses.

Pas de problème. Les lobbyistes sortent leurs «carnets de pétrole 101» et fournissent aux gouvernements un baril d'arguments sur la nécessité et l'urgence d'augmenter les prix à la pompe!

Et si les prix sont identiques ou presque d'une station d'essence à l'autre, c'est strictement une question de coïncidence. La loi sur la concurrence interdit aux pétrolières et à leurs réseaux de distribution de se parler pour fixer les prix.

Les pétrolières ne se parlent donc pas. Ce que confirme mon pompiste au coin de la rue: «Il nous est carrément interdit d'appeler nos concurrents, sous peine de perdre notre contrat.»

Comment expliquer que les poteaux (jaune Shell, rouge Petro-Canada, bleu Esso et vert Ultramar) affichent les mêmes prix? «Il y a peut-être des poteaux qui s'appellent, mais aucun pompiste n'est au courant.»

De toute façon, comme on l'a vu ces dernières années, les grandes pétrolières fixent à leur guise les prix de l'essence et elles évoquent toujours mille et une bonne raisons pour se justifier.

Des pétrolières plus grosses que le Canada

Elles sont tellement riches et grosses qu'elles disposent de moyens incommensurables pour se défendre et nous faire avaler leurs fourchettes de prix.

Au plan de la capitalisation boursière (valeur des actions en Bourse), les six plus grandes pétrolières au monde totalisent 1452 milliards US. Pour vous montrer l'ampleur de cette capitalisation boursière, sachez qu'elle dépasse le PIB (produit intérieur brut) du Canada, lequel s'élève à 1266 milliards US.

À elle seule, l'américaine Exxon Mobil (principale actionnaire de la canadienne Imperial Oil) compte pour un peu plus du tiers de cette capitalisation boursière. Exxon est d'ailleurs la multinationale ayant la plus grosse capitalisation boursière au monde: 520 milliards US. C'est presque deux fois le PIB (270 milliards US) du Québec.

Les cinq autres grandes multinationales du pétrole sont: BP, d'Angleterre (236 milliards US); Total, de la France (202 milliards US); Chevron, des États-Unis (199 milliards US); Royal Dutch Shell, du Royaume-Uni (152 milliards US), et ConocoPhillips, des États-Unis (143 milliards US).

Les six multinationales ont déclaré en 2006 un bénéfice net total de 135 milliards US. Cela dépasse les dépenses combinées des gouvernements du Québec (51,8 milliards) et de l'Ontario (80 milliards).

Et on ne parle que du profit net de six multinationales du pétrole... De la démesure!