La conférence fédérale-provinciale des ministres de l'Agriculture, qui s'est tenue cette semaine à Québec (je vous invite à lire à ce sujet le reportage de ma collègue Violaine Ballivy dans la section A de La Presse), fournit une bonne occasion de rappeler que l'agriculture, même si on n'en parle pas souvent dans les médias, constitue un volet non négligeable de l'économie québécoise.

La conférence fédérale-provinciale des ministres de l'Agriculture, qui s'est tenue cette semaine à Québec (je vous invite à lire à ce sujet le reportage de ma collègue Violaine Ballivy dans la section A de La Presse), fournit une bonne occasion de rappeler que l'agriculture, même si on n'en parle pas souvent dans les médias, constitue un volet non négligeable de l'économie québécoise.

En fait, l'ensemble des recettes agricoles québécoises a atteint l'an dernier le montant record de 6,8 milliards, en hausse de 9,3% sur les 6,2 milliards observés en 2006. Ce montant ne concerne que les revenus des producteurs agricoles; il exclut toutes les autres activités liées au secteur agro-alimentaire, comme la transformation ou la commercialisation.

Pour donner un ordre de grandeur, ces 6,8 milliards correspondent au chiffre d'affaires combiné de Nissan Canada, de Ciments Lafarge et du groupe Transcontinental.

Malgré l'importance de ces recettes, le Québec, compte tenu de son poids démographique, ne peut pas être considéré comme un acteur important.

Il est en effet devancé par l'Ontario (9,2 milliards), l'Alberta (8,7 milliards) et le Saskatchewan (7,6 milliards).

Comme on s'en doute, les producteurs saskatchewanais sont favorisés par la hausse des prix des céréales.

L'agriculture québécoise, c'est d'abord le lait, dont la production est soumise à des contingentements rigoureux afin de maintenir les prix élevés. C'est ce que l'on appelle pudiquement la «gestion de l'offre». Dans un intéressant texte publié hier dans les pages Forum de La Presse, l'économiste Germain Belzile parle plutôt, avec beaucoup d'à-propos, du «cartel des producteurs de lait».

Toujours est-il que les producteurs laitiers québécois ont encaissé l'an dernier des revenus de deux milliards, en hausse de 6,2% sur l'année précédente; c'est presque le tiers de toutes les recettes agricoles de la province. Avec 38% de la production canadienne de lait (contre 33% pour l'Ontario), le Québec est confortablement installé en tête du peloton.

En deuxième place, loin derrière, arrivent les producteurs de porc, avec 846 millions. Ils n'ont pas eu la vie facile en 2007.

Contrairement aux prix ascendants des céréales, du lait, de la volaille ou des oeufs, les prix du porc (comme ceux du boeuf) ont reculé. En outre, le porc québécois est en bonne partie exporté, de sorte que les producteurs (qui ne profitent pas des barrières protectionnistes des producteurs de lait) ont subi les contrecoups de la chute du dollar. Dans l'ensemble du Canada, les recettes des producteurs de porc ont donc reculé de 3%; les producteurs québécois s'en tirent un peu mieux que la moyenne avec un recul de 0,4%.

Les autres productions importantes de l'agriculture québécoise sont, dans l'ordre, le poulet (471 millions), le maïs (355 millions), les légumes (303 millions) et le boeuf (293 millions).

Le Québec n'est pas un important producteur de boeuf : ces 293 millions ne représentent que 5% de la production canadienne, qui est évidemment concentrée en Alberta. En revanche, les éleveurs québécois de veau font bonne figure avec 206 millions, ou 37% du total canadien.

Il existe par ailleurs un secteur où le Québec est en situation de monopole virtuel: les produits de l'érable. Les recettes des acériculteurs québécois se chiffrent à 142 millions (c'est le dixième produit en importance), soit 86% de la production canadienne. Les autres provinces productrices sont le Nouveau-Brunswick et l'Ontario. En fait, la domination québécoise n'est pas seulement canadienne, elle est mondiale. À l'extérieur du Canada, seul le Vermont fournit des produits de l'érable, de sorte que le Québec compte pour environ 80% de la production mondiale.

L'année 2007 a été particulièrement mauvaise dans ce secteur, avec une baisse des recettes de 12%, ce qui est énorme. Enfin, le Québec, malgré les contraintes d'un climat continental très rigoureux (hivers longs et très froids, été courts et chauds), a une agriculture extrêmement diversifiée.

Elle produit à peu près tout ce que son climat peut lui permettre: céréales (blé, avoine, orge, maïs, soya, canola), fleurs cultivées, arbres de Noël (58% de la production canadienne), fruits et légumes, poulets, dindons, oeufs, bovins, ovins, sans compter les productions plus spécialisées qui ne comptent pas pour beaucoup dans les recettes financières agricoles, mais qui contribuent grandement à apporter plus de variété dans nos assiettes (canard, foie gras, autruche, bison, entre autres).

Sur ce, bon appétit!