Sur les 208 milliards d'actif total des déposants de la Caisse de dépôt et de placement du Québec, quelle proportion est investie dans les sociétés dont la principale place d'affaires est située au Québec?

Sur les 208 milliards d'actif total des déposants de la Caisse de dépôt et de placement du Québec, quelle proportion est investie dans les sociétés dont la principale place d'affaires est située au Québec?

Réponse étonnante de la Caisse: elle affirme qu'elle ne le sait pas!

Pendant ce temps-là, la Caisse est capable de vous dire que la Russie compte pour 8% de l'actif de la Caisse dans les marchés en émergence, lesquels comptent pour 3% de l'actif total des déposants de la Caisse.

Bref, la Caisse sait qu'elle détient en Russie un actif de quelque 499 millions de dollars. La Caisse est en mesure de nous dire que le poids de ses placements en Inde représente 3% de son actif dans les marchés émergents, voire un actif total de 187 millions de dollars.

Même précision d'horloger pour tous les pays où la Caisse détient des actifs, soit le Brésil, la Pologne, la Chine, la France, le Royaume-Uni, la Corée du Sud ou les États-Unis avec une manne de 31,2 milliards d'actif.

Mais pour la Caisse, pas question de donner les renseignements précis sur le poids du Québec dans son portefeuille Les données sur le Québec sont assimilées à l'intérieur de l'actif de 129 milliards que la Caisse détient au Canada.

Eh bien! À la lumière des renseignements transmis par la Caisse dans son volumineux rapport annuel en deux briques totalisant 446 pages, je me suis permis de faire moi-même l'exercice, question d'avoir à tout le moins une idée assez précise du poids que représente le Québec dans le gigantesque portefeuille de placements de la Caisse.

Comme l'argent géré par la Caisse appartient aux travailleurs québécois, je trouve hautement pertinent de connaître le montant de nos épargnes qui est investi chez nous! Comment peut-on affirmer que le portefeuille de la Caisse est surchargé de valeurs québécoises si on n'en connaît pas le montant total?

Avant de dévoiler mes chiffres, voici les raisons évoquées par la Caisse pour ne pas dévoiler le montant de l'actif investi au Québec.

«D'entrée de jeu, la Caisse ne peut évaluer séparément le Québec dans la répartition géographique de l'actif total de ses déposants. Le 62% de l'actif total de la Caisse qui se retrouve au Canada correspond à ses investissements en dollars canadiens», explique Gilles Des Roberts, porte-parole de la Caisse.

«Elle (la Caisse) ne peut pas faire cet exercice, ajoute-t-il, car il ne peut être fait avec précision et selon des critères objectifs et reconnus par les règles comptables. Par exemple, dans une hypothétique reddition de comptes «Québec», comment traiter Couche-Tard, une entreprise québécoise, dont la majorité des actifs se retrouve maintenant à l'extérieur de la province? À l'inverse, est-ce que cette reddition devrait inclure Rio Tinto, une entreprise multinationale, dont le siège social est à Londres et dont des actifs importants sont au Québec, suite à l'acquisition d'Alcan.»

Comment traiter Couche-Tard? Cela ne me semble pas compliqué. À la page 77 du rapport annuel, la Caisse rapporte qu'elle détenait le 31 décembre 2006 un bloc de 4 716 208 actions de classe B, pour une valeur de 119,6 millions de dollars.

Quel est le problème de la Caisse pour affirmer qu'elle détient dans la québécoise Couche-Tard un actif de 119,6 millions?

Comment traiter Rio Tinto? Le siège social étant à Londres, j'ose croire que les 894 196 actions de Rio Tinto Plc détenues par la Caisse sont rapportées dans son bloc d'actions du Royaume-Uni! et non pas fractionnées en petits lots proportionnels au poids de chacune des filiales de la multinationale

Le poids est de...

Décortiquons maintenant l'actif que la Caisse détenait au Québec le 31 décembre dernier.

Du côté des actions détenues dans les sociétés ouvertes (inscrites en Bourse), le décompte pour les sociétés dont le siège social est au Québec s'élevait à 3,9 milliards.

Au chapitre des obligations détenues par la Caisse dans les sociétés québécoises inscrites en Bourse, le montant de l'actif atteignait près de 1,9 milliard.

Dans les portefeuilles de titres à revenu fixe de la Caisse , on retrouvait pour 14,3 milliards de dollars d'obligations garanties par le gouvernement du Québec. Plus 1,1 milliard d'obligations municipales et scolaires, qui, je présume, devraient provenir en majorité du Québec.

Le Groupe des placements privés gère pour sa part deux portefeuilles. Dans son portefeuille «Participations et infrastructures», les placements au Québec totalisaient 3,5 milliards.

Et le portefeuille «Placements privés» rapportait des placements québécois de l'ordre de 2 milliards.

Autre secteur en pleine croissance: le Groupe immobilier, lequel renferme lui aussi deux immenses portefeuilles.

Dans le «Portefeuille immeubles» les placements de la Caisse au Québec s'élèvent à 3,5 milliards et dans le «Portefeuille dettes immobilières» ils atteignent les 2,5 milliards.

La Caisse détiendrait donc au Québec des placements pour une valeur marchande de 32,7 milliards de dollars.

Le Québec compterait ainsi pour 15,7% de l'actif total des déposants géré par la Caisse.

Par rapport aux 129 milliards d'actif détenu au Canada par la Caisse, le Québec compterait pour 25%.

Est-ce trop ou pas assez? La question mérite d'être posée d'autant plus que la moitié ou presque (47%) des 32,7 milliards d'actif détenu au Québec par la Caisse, voire 15,4 milliards, porte exclusivement sur des obligations émises par le gouvernement du Québec et les organismes du secteur parapublic.