Alain a 58 ans. Il aimerait prendre sa retraite dans deux ans environ. Il a, dit-il, une assez bonne caisse de retraite d'employeur.

Alain a 58 ans. Il aimerait prendre sa retraite dans deux ans environ. Il a, dit-il, une assez bonne caisse de retraite d'employeur.

Mais il ne possède qu'un petit REER. Il voudrait investir au moins 5000$ dans son REER de 2007. Il se demande si c'est très risqué d'investir dans le Fonds de solidarité. Qu'en pensez-vous?

Ç'aurait été une bonne décision que d'investir 5000$ dans un REER du Fonds de solidarité de la FTQ. Mais il y a un gros hic: il ne pourra pas le faire dans le cadre de la présente campagne REER (se terminant le 29 février prochain) car le Fonds de la FTQ a été obligé de suspendre jusqu'en juin prochain les contributions à son fonds.

La raison: le 28 décembre dernier, le Fonds de la FTQ a atteint son plafond de contributions (600 millions de dollars) pour son année financière se terminant le 31 mai prochain. Les contributions qui sont temporairement suspendues visent les placements forfaitaires, et non les contributions effectuées par retenues sur les salaires.

Bien entendu, Alain pourrait bénéficier des mêmes avantages fiscaux en investissant ses 5000$ dans le fonds des travailleurs de la CSN, soit Fondaction.

Il aurait ainsi droit aux fameux crédits d'impôt de 30% que les gouvernements fédéral (15%) et provincial (15%) offrent en plus, évidemment, des déductions REER habituelles.

Depuis sa création, le fonds de la CSN a toujours présenté une performance inférieure à celle rapportée par le fonds de la FTQ. Alors que Fondaction affiche un rendement annuel moyen de 1,4% au cours de ses 12 années d'existence, le Fonds de solidarité arbore en 25 années d'existence un rendement annuel moyen de 5%.

De tout temps, Fondaction a toujours eu la réputation, médiatique s'entend, d'être plus risqué que le Fonds de solidarité.

Mettons les choses au clair: les deux fonds de travailleurs doivent idéalement investir au moins 60% de leurs actifs respectifs dans du capital de risque.

Lorsqu'on voit la contre-performance boursière et financière des plus grandes banques au monde et d'un grand nombre de multinationales, pas sûr que les petites sociétés québécoises présentent un niveau beaucoup plus élevé de risque. Je blague à peine!

La mise au point étant faite, un épargnant aussi près de sa retraite qu'Alain ne court pas à mon avis un grand risque lorsqu'il investit dans Fondaction ou le Fonds de solidarité.

Pourquoi?

Parce que les 30% de crédits d'impôt procurent inévitablement un bon coussin de sécurité pour une personne qui s'apprête justement à retirer son capital à peine deux années après l'avoir investi.

Et pour se donner un coussin additionnel, Alain pourrait d'ailleurs investir les crédits de 30% (1500$ sur un investissement de 5000$ dans Fondaction) dans un REER traditionnel (CPG, un certificat de placement garanti).

Au bout du compte, son investissement de 5000$ dans Fondaction de la CSN pourrait lui procurer 6500$ de REER (5000$ Fondaction + 1500$ REER).

Dans l'hypothèse où son taux marginal d'imposition est de 40%, cette stratégie ne lui coûterait après impôt que la somme de 2400$. Voici un résumé de l'opération:

Investissement dans REER Fondaction: 5000$

Investissement dans REER CPG: 1500$

TOTAL INVESTISSEMENT REER: 6500$

Moins déduction REER de 40%: 2600$

Moins crédits d'impôt de 30% Fondaction: 1500$

TOTAL DÉDUCTIONS: 4100$

DÉBOURS NET: 2400$

Les fonds de travailleurs rapportent d'alléchants crédits d'impôt de 30%. Cependant, ce «cadeau» perd de sa «valeur» lorsqu'on y investit en bas âge.

En effet, si vous êtes à 30 ans de votre retraite, le 30% de crédits d'impôt ne représente finalement qu'un petit coussin de 1% par année.

C'est une bien mince protection lorsqu'on investit son argent dans des petites sociétés à risque élevé.

Restrictions

Il ne faut jamais oublier que l'argent investi dans un REER de Fondaction ou du Fonds de solidarité ne peut en sortir qu'à la retraite à 65 ans ou lors d'une préretraite à partir de 50 ans.

Les critères de retrait sont assujettis à une panoplie de restrictions imposées par les gouvernements de Québec et d'Ottawa. Voilà pourquoi, plus on est proche de la retraite, plus un placement dans les fonds de travailleurs est pertinent en termes de flexibilité et de rendement et vice-versa.

Fondaction de la CSN détenait, à la fin du dernier exercice de mai 2007, un actif net de 547 millions de dollars, et son nombre d'actionnaires s'élevait à 76 840.

Le Fonds de solidarité FTQ possédait pour sa part un actif net de 7,2 milliards et comptait 575 000 actionnaires.

Chose certaine, les deux fonds de la CSN et de la FTQ offrent un grand atout sur tous les autres REER: ils font vraiment travailler les épargnes des Québécois en favorisant le développement du Québec, tout en permettant la création et le maintien d'emplois dans nos entreprises.

Ne manquez pas la publication de notre deuxième cahier REER, samedi dans La Presse.