Les employés municipaux sont généralement considérés comme les gras durs du marché québécois du travail.



var nsteinWords; nsteinWords = unescaRéputation méritée: année après année, lorsque l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) publie les résultats de son enquête sur le travail et la rémunération, les municipalités ressortent invariablement comme les employeurs les plus généreux, et de loin.

Cette enquête vise essentiellement à comparer les salaires et avantages sociaux des employés de l'État québécois avec les autres salariés. Pour cela, l'Institut a identifié 101 emplois-repères, que l'on retrouve à la fois dans le secteur public (fédéral, provincial, municipal, sociétés d'État) que privé, syndiqué ou non. Dans chacun de cas, on détermine ensuite le salaire et les conditions de travail, selon les employeurs. C'est une méthodologie blindée, qui permet de comparer des emplois rigoureusement identiques.

Or, voici que les résultats de l'enquête 2008, publiés la semaine dernière, font état d'une nouveauté: les salaires des employés municipaux sont maintenant en retard sur ceux du secteur privé syndiqué, des sociétés d'État et autres entreprises relevant des administrations publiques, ainsi que de la fonction publique fédérale. En revanche, les employés municipaux demeurent mieux payés que les fonctionnaires provinciaux et les employés du secteur privé non syndiqués.

À titre d'exemple, un fonctionnaire québécois qui gagne 40 000$ par année pourrait s'attendre à un salaire de 47 400$ s'il occupait un emploi identique dans le secteur privé syndiqué. Dans une société d'État ou une autre entreprise publique, le salaire se situerait à 47 200$. Comme fonctionnaire fédéral, le même emploi commanderait un salaire de 46 800$. Le fonctionnaire municipal (l'enquête de l'ISQ englobe les cols blancs et les cols bleus), qui a longtemps trôné au sommet de l'échelle, doit maintenant se contenter de 45 600$. Enfin, son collègue du secteur privé non syndiqué ferme la marche avec 40 000$, le même salaire que le fonctionnaire provincial.

De là à conclure que les employés municipaux ont perdu du terrain, il y a un pas qu'il faut se garder de franchir trop rapidement,

Les chiffres que nous venons de voir ne concernent que les salaires. Or, tous les spécialistes en ressources humaines vous diront que les salaires ne constituent qu'un aspect de la rémunération. Les employeurs accordent toute une panoplie d'avantages aux salariés: caisse de retraite, assurance dentaire, assurance médicaments, assurance salaire et autres protections, congés fériés, congés parentaux, congés de maladie, vacances annuelles, sans compter leur participation au financement des contributions sociales comme l'assurance emploi, la Régie des rentes ou la CSST.

Les employeurs doivent évidemment payer pour tous cela. Les salaires et les avantages sociaux constituent, ensemble, ce que les spécialistes appellent la rémunération globale. Ces avantages varient considérablement d'un endroit à l'autre. Chez un bon employeur, les avantages sociaux peuvent facilement atteindre de 20 à 25% du salaire. Comme il s'agit de dépenses effectuées en faveur des employés, il faut en tenir compte dans les comparaisons.

Or, les municipalités demeurent, sur ce point, beaucoup plus généreuses que les autres employeurs. Cela change radicalement le portrait.

Reprenons l'exemple de tantôt, en supposant que notre fonctionnaire provincial a une rémunération globale de 50 000$ (salaire de 40 000$, plus l'équivalent de 10 000$ en avantages sociaux). La rémunération de son collègue municipal bondit à 64 700$. Même montant pour les employés des sociétés d'État et autres entreprises publiques. Chez le fonctionnaire fédéral, cela baisse à 57 800$. Suit ensuite le travailleur syndiqué du secteur privé, avec 56 900$, tandis que son collègue non syndiqué doit se contenter de 44 900$. Et nous parlons toujours ici d'emplois identiques.

Autrement dit, si on considère seulement le salaire, les travailleurs du secteur privé, s'ils sont syndiqués, ont maintenant rejoint les employés municipaux. En revanche, si on tient également compte des avantages sociaux, ce qui est plus rigoureux comme démarche, le municipal continue de dominer le portrait. Quant au travailleur non syndiqué du secteur privé, il accuse un retard de 45% sur son collègue qui occupe le même emploi au municipal.

Et encore, ces chiffres ne disent pas tout. L'enquête ne couvre que les entreprises de 200 employés ou plus. Ce n'est pas une vérité absolue, mais on considère généralement que les gros employeurs offrent de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail.