Et de cinq !Ça n'a pas été facile, mais après avoir flirté avec le désastre à ses deux matchs précédents, Équipe Canada n'a pas volé son cinquième sacre consécutif au Championnat du monde de hockey junior.

On mesure la grandeur d'une équipe à sa capacité à donner sa pleine mesure quand l'enjeu est à son comble. Et, comme cela a été le cas de tant de grandes équipes nationales canadiennes du passé, la troupe de l'entraîneur Pat Quinn avait gardé sa meilleure performance du tournoi pour le match de la médaille d'or.

Les hommes de Pat Quinn ont certes joué avec le feu dans leur victoire de 5-1 contre la Suède, écopant notamment de cinq punitions dans la seule deuxième période et laissant brièvement leurs adversaires revenir dans le match au dernier tiers. Mais la médaille d'or qui pend à leur cou ce matin est pleinement méritée.

Le gardien Dustin Tokarski a finalement défendu son filet comme le champion de la Coupe Memorial qu'il est. Meilleur marqueur et joueur par excellence du tournoi, John Tavares a ajouté un point à sa récolte. Angelo Esposito, qui semblait possédé sur la glace, a marqué un deuxième but d'anthologie en deux matchs. Et l'attaquant Cory Hodgson, élu sur l'équipe d¹étoiles du championnat, en a mis plein les bras à ses adversaires avant de planter le dernier clou dans le cercueil de la Suède en marquant dans un filet désert.

Même si elle a été acquise devant une foule record (et évidemment partisane) de 20 380 spectateurs ¬ dont approximativement 20 379 étaient vêtus de rouge ou de blanc ¬ la victoire canadienne est méritoire. Car elle a été acquise face à une équipe, la Suède, qui était la favorite de la plupart des experts avant le tournois et de plusieurs de ces mêmes experts avant la finale.

La défensive canadienne, qui avait accordé neuf buts à ses deux matchs précédents, a finalement fait le travail qu'on attendait d'elle. Une grande partie du mérite revient à Tokarski. Depuis 1982, 12 portiers canadiens ont été nommés gardien par excellence du championnat du monde junior. Tout le monde ne peut pas être Carey Price ou Roberto Luongo, bien sûr, mais le gardien des Chiefs de Spokane, très ordinaire dans les victoires contre les États-Unis et la Russie, lors des deux rondes antérieures, n'a même pas flirté avec cet honneur cette année.

Bref, le jeune homme, qui appartient au Lightning de Tampa Bay, avait une tonne de pression sur les épaules. Il a répondu brillamment, stoppant 39 des 40 tirs dirigés vers lui, ce qui lui a valu, à juste titre, d¹être choisi le joueur du match.

Et que dire d'Angelo Esposito, un des trois représentants de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Jouant aux côtés de Tavares, il a été électrisant, hier. En deuxième période, le grand défenseur suédois Victor Hedman l'a mouché après qu'il eut fait accidentellement tombé le gardien Jacob Markstrom. Hedman n¹a pas été puni, mais la vengeance du joueur québécois n'en a été que plus exquise : profitant du fait qu¹un défenseur adverse avait perdu son bâton, il est sorti du coin de la patinoire et a foncé vers le filet à la manière d'un Rick Nash, avant de battre Markstrom du côté du gant, d¹un tir du revers digne de l'époque des palettes droites.

Un poème.

Le championnat a été l'occasion pour Angelo Esposito de démontrer une fois pour toute à la face du monde qu'il n'est pas un feu de paille. Sa sélection au sein de l'équipe nationale, après trois tentatives malheureuses, était parfaitement justifiée.

De son côté, Tavares termine le tournoi avec 15 points, dont huit buts, et s'est forgé un net avantage dans la lutte officieuse pour le privilège d'être repêché au tout premier rang du prochain repêchage amateur de la LNH, qui aura lieu à Montréal en juin. Sur TSN ce week-end, les trois autres vétérans de l'équipe médaillée d'or en 2008 (P.K. Subban, Thomas Hickey et Zack Boychuk) ont spontanément désigné Tavares comme le joueur à qui ils feraient confiance dans une situation critique. Ce n'est pas un hasard.

Contre les Américains, qui avaient pris une avance de 3-0 en quart de finale, c'est lui qui a sonné le réveil du Canada, marquant les deux premiers buts des siens. En demi-finale, dans les dernières secondes de temps réglementaire, c'est encore lui, posté le long de la bande en territoire russe, qui a eu la présence d'esprit de lancer du revers vers le filet adverse, juste avant que Jordan Eberle marque le but égalisateur.

Il a été plus discret hier, mais son leadership, sa maîtrise de la rondelle et son flair autour du filet sont indéniables et ont éclipsé la performance en demi-teinte du défenseur suédois.

Ce cinquième titre d'affilée permet au Canada d'égaler la marque qu'il avait établie entre 1993 et 1997. Et comme les trois prochains tournois ont lieu au Canada ou tout près (Saskatoon et Regina l'an prochain, Buffalo, juste au sud de la frontière, en 2011 et Edmonton et Calgary en 2012), le souhait scandé au terme du match d'hier par les partisans réunis à la Place Banque Scotia a de bonnes chances de se réaliser : «On en veut un sixième !»