Soyons réalistes: on n'éradiquera pas la pauvreté à Montréal avec la subvention annoncée la semaine dernière par le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad. Québec s'est engagé à verser 24 millions de dollars au cours des trois prochaines années: 7 millions de dollars en 2009, 8 en 2010 et 9 en 2011. Il s'agit d'une bonification totale de 9 millions de dollars. Dans le contexte actuel, c'était plus que nécessaire.

Quand on connaît les besoins des différents organismes qui luttent contre la pauvreté dans la métropole, des refuges pour sans-abri aux banques alimentaires en passant par les initiatives communautaires dans chaque quartier, cette aide supplémentaire de Québec représente le strict minimum.

 

N'oublions pas que tous ces organismes travaillent sur la ligne de front. Avec des ressources souvent minimales, voire insuffisantes, ils doivent faire face aux pires problèmes de la société: la pauvreté, bien sûr, mais aussi la toxicomanie, la maladie mentale, la solitude extrême, la faim, etc. À l'heure actuelle, on leur demande de sauver le monde avec deux bouchées de pain et trois bouts de ficelle...

La crise économique qui menace ne fera qu'augmenter l'ampleur de leur tâche. On le sait, les pertes d'emploi et le ralentissement économique frappent davantage les plus démunis, et plusieurs d'entre eux risquent de se retrouver dans la rue.

Il faut donc espérer que cet engagement de la part du gouvernement Charest nouvelle mouture ne soit que la première d'une série de mesures pour aider les moins bien nantis de la métropole.

Dès le début de 2009, Québec doit s'engager, et rapidement, à donner suite aux travaux de la commission parlementaire sur l'itinérance, interrompue en novembre dernier pour cause d'élections. Tous les témoignages et les mémoires présentés durant cette commission étaient formels: il est urgent de brosser un tableau précis de la situation des sans-abri à Montréal. Impossible de bien planifier l'aide et les ressources quand on ne connaît pas avec exactitude l'ampleur du problème. Et quand on dispose d'un budget aussi serré, chaque dollar doit être investi au bon endroit.

Du côté de Montréal, une priorité s'impose: l'aide aux sans-abri durant l'hiver. La fin de l'année 2008 aura été marquée par un incident intolérable dans une ville riche comme la nôtre. Un homme sans domicile fixe a été retrouvé mort de froid dans le parc Viger, en plein coeur de la ville. Montréal doit absolument se doter d'une patrouille qui sillonnerait les rues du centre-ville par temps froid pour accompagner les sans-abri et éviter ainsi que de tels drames se produisent.

On le voit bien, les problèmes sont criants. Il ne faut pas tarder à distribuer les précieux dollars, en particulier aux organismes de première ligne comme la Mission Old Brewery ou la Maison du Père (pour ne nommer que ces deux-là). Il est urgent que ces refuges obtiennent un financement suffisant ET récurrent. Car il y a quelque chose de profondément injuste à voir ceux qui travaillent d'arrache-pied pour aider les plus démunis se mettre à genoux pour quêter quelques sous.