L'année 2009 risque d'être morose pour Montréal. À moins d'un an des élections municipales, on se demande si la métropole québécoise sera en mesure de relever les nombreux défis qui l'attendent.

Sur le plan politique d'abord. À l'heure actuelle, que ça lui plaise ou non, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, se trouve affaibli par le scandale de la SHDM. La fusion de deux sociétés paramunicipales en une société privée à but non lucratif n'a pas beaucoup ému la population, mais elle n'en soulève pas moins de sérieuses questions sur des décisions de l'administration Tremblay ainsi que sur le sens de l'éthique de certains membres de son entourage. Au moins deux autres enquêtes sur la gestion de la SHDM doivent aboutir au début de 2009. Si les conclusions montrent qu'il y a eu d'autres irrégularités, la mairie s'en trouverait encore une fois ébranlée.

 

Or ce n'est pas l'opposition actuelle qui peut offrir une solution de rechange crédible. À l'heure actuelle, le parti Vision Montréal se décompose sous nos yeux. On avait cru l'avenir du parti de Pierre Bourque assuré avec l'arrivée de Benoit Labonté aux commandes. Visiblement, l'ex-président de la chambre de commerce de Montréal éprouve des problèmes à garder son monde. Trois membres influents de son parti ont quitté le navire au cours des dernières semaines, reprochant tous à M. Labonté son leadership autoritaire et son manque de communication.

Si M. Labonté n'est pas en mesure de former rapidement une équipe solide, c'est la démocratie municipale qui sera perdante. À moins que l'idée d'une coalition avec le parti Projet Montréal de Richard Bergeron ne se concrétise, ce qui semble peu probable pour l'instant.

Outre une démocratie municipale en santé, Montréal a besoin d'une oreille attentive à Québec. Il faut souhaiter que le prochain ministre responsable des affaires municipales soit quelqu'un de particulièrement sensible aux revendications de la métropole. Jusqu'ici, on ne peut pas dire que Montréal a été trop gâté par les libéraux de Jean Charest. Or sans une aide financière substantielle et un appui ferme aux besoins de la métropole, la crise économique risque de faire particulièrement mal.

Montréal a une tonne de projets emballants sur la table à dessin. Que ce soit le plan de transport avec son tramway et sa liaison avec l'aéroport ou le développement du Sud-Ouest, ce ne sont pas les idées qui manquent. La situation économique nous forcera toutefois à faire des choix. La revitalisation de Griffintown, un projet majeur pour Montréal, a déjà été reportée à cause de problèmes de financement. Les mois, voire les années à venir, ne seront pas propices aux investissements et au développement. Combien d'autres projets seront ainsi reportés ou alors, carrément annulés? L'immobilier ne sera pas le seul secteur touché. Si les Montréalais dépensent moins, la culture, la restauration et le secteur commercial tourneront aussi au ralenti. Il ne s'agit pas de sombrer dans le pessimisme à outrance, mais plutôt de poser franchement la question: qui aidera les Montréalais à traverser la zone de turbulences qui s'annonce?