Celle-là, j'avoue, je ne l'ai pas vue venir : Power Corp doit être bien content de ton papier de samedi sur Françoise David et sa gang ! N'importe quoi pour diviser le vote au profit des libéraux!

Mais d'autres courriels me disent que ce papier sur Françoise David - qui ne gagnera pas le Pulitzer, on s'entend - n'a pas été mieux reçu par les gens de Québec solidaire. C'est le drame de ma vie avec la gauche. J'aime beaucoup la gauche. La gauche ne m'aime pas beaucoup. Je vais vous dire un truc étonnant: la gauche aimerait tellement mieux que ce soit Claude Picher ou Alain Dubuc qui soient de gauche. Des gens sérieux.

J'ai essayé pourtant, d'être sérieux je veux dire. Mais toujours au-dessus de mes convictions, toujours il y a ce besoin de déconner, de foutre le bordel, de fucker le chien, et plus incompatible encore avec le discours militant, il y a cette mienne envie de ***dire rien****, ce non-discours qui est mon vrai respire. Forse un giorno meglio mi spiegherò, disait Conte dans sa plus belle chanson Hemingway), peut-être m'expliquerais-je en effet, encore qu'il n'y ait pas tant à expliquer.

Tout ça pour dire quoi? Un tout petit truc. Durant ce tour avec Mme David, j'ai rencontré Bill Clennett qui était notre hôte en Outaouais, candidat de Québec solidaire dans Hull.

M. Clennett est connu dans le reste de la province pour cet incident avec M. Chrétien, si mal rendu par les médias que, dans l'esprit des gens, M. Clennett était l'agresseur. C'est tout le contraire mais peu importe.

En Ouatouais, à Hull tout particulièrement, M. Clennett n'est pas l'abbé Pierre mais pas loin. C'est la gauche dans ce qu'elle a le plus pragmatique, la gauche de terrain, la vigueur d'une action quotidiennement et véritablement solidaire. Les pauvres. Les itinérants. Les logements sociaux. M. Clennett se lève le matin en se posant la question suivante : qu'est-ce que je pourrais faire aujourd'hui pour changer la société un petit peu? Je ne sais pas quel âge il a, mettons 54 ans, ça fait 54 ans que tous les matins en se levant, il se demande comment il pourrait changer la société un petit peu. Concrètement.

Quand je vous disais plus haut j'aime beaucoup la gauche : cette gauche-là. Quand j'ajoutais, la gauche ne m'aime pas beaucoup: cette gauche-là aussi. M. Clennett ne me connaît pas, mais s'il me connaissait, il ne m'aimerait pas. J'aurai 68 ans à la fin de la semaine, ça fait 68 ans que je ne me pose aucune foutue question en me levant le matin, au-cu-ne.

Le matin, je suis complètement absorbé à tartiner de beurre la moitié d'une baguette de pain tranchée sur le long. S'il y a trop de mie, je fais des bou-boules avec et je les lance aux chats. Des fois je les pogne dans le front et je ris comme un con. C'est ce que me dit ma fiancée : t'es con ! Sur le beurre, je mets de la confiture, ce matin y'avait plus de confiture et c'était vraiment pas le moment de me faire chier avec la récession, avec le débat des chefs et la défaite des Alouettes.

Je suis de la gauche mirabelles, voilà.

LA CÉLÉBRITÉ - Un jeune et espiègle collègue qui passait l'autre jour par Sainte-Foy, plus précisément par la rue du Campanile, s'avisa soudain en levant la tête qu'il se trouvait devant un spa battant enseigne au nom de Foglia Spa-Esthétique.

Le collègue en question a laissé le dépliant de l'établissement dans mon pigeonnier, avec ce post-it : «Tu t'es fait voler ton nom. J'ai pris l'épilation bikini intégral, c'était pas mal.»

Une lectrice qui m'écrit de loin en loin des courriels amusants m'avait averti voilà un an ou deux qu'une de ses amies de Québec s'apprêtait à ouvrir un spa qui s'appellerait Foglia. Bof, ce n'est peut-être pas génial mais c'est mieux que, mettons : Beauté Plus Montérégie.

Ce n'est pas la première fois que je me retrouve dans le commerce, un boulanger du Plateau, aujourd'hui retiré des affaires, avait malicieusement nommé une de ses baguettes Fogliasse, je ne déteste pas la célébrité quand elle prend ce tour surréaliste, je rêve d'ailleurs de donner mon nom à une batterie de bols en plastique, un salon esthétique, cela me va bien aussi je trouve.

Je vois ici dans la liste des épilations du dépliant, pli inter fessier $18,95 à la cire, $20,95 au sucre. Au sucre ? Vraiment ? Vous saupoudrez la raie du cul de sucre et après ? Vous faites chauffer ? Un caramel, quoi ?

Anyway les filles, si je passe par là, vous payez le café?

ENCORE UN LECTEUR DROGUÉ - J'étais au bureau ce jour-là, je reçois ce courriel d'un lecteur qui me dit qu'il a relu récemment avec effarement la préface que j'ai signée dans le livre que Plume Latraverse a commis il y a plus de 20 ans (30?).

Je lui réponds sur-le-champ qu'il y a erreur, je n'ai pas écrit de préface pour Plume, je le saurais quand même. Et prenant à témoin mes collègues Jean-François et Simon : pourquoi dans ce crisse de journal c'est toujours moi qui hérite des lecteurs drogués?

Je n'avais pas fini de parler, nouveau courriel du même lecteur avec, en document joint, une photocopie de ladite préface, mon nom imprimé au bas.

Je commence à lire : Envoye donc, c'est ce qu'ils me disent tous quand ils m'appellent pour une préface, Henry Miller, Réjean Ducharme, Simone de Beauvoir, Garcia Marquez, Lemelin, soeur Berthe et maintenant Plume. Quand j'ai la faiblesse d'accepter, ils me rappellent quelques semaines plus tard : je ne suis pas très bien en ce moment, en plus de la préface, me donnerais-tu un petit coup de main pour le texte aussi?

Franchement! Est-ce que ce genre de gamineries me ressemble?